La CMA traque les «invisibles»
La chambre des métiers et de l’artisanat (CMA) de Lille organise jusqu'au 30 septembre ses Quartiers d’été autour de la promotion de la formation professionnelle auprès des jeunes décrocheurs.
Les “Quartiers d’été” sont généralement l’apanage des municipalités ou des missions locales, afin de distraire les jeunes durant les deux mois d’été. Le plan “Quartiers d’été 2020”, initié conjointement par le ministère de l’Intérieur et le ministère chargé de la Ville et du Logement, et qui s’inscrit dans une logique de renforcement du lien social et d’accès à de nouvelles opportunités, a élargi l’horizon. A la chambre des métiers et de l’artisanat (CMA) de Lille, on a vite saisi l’opportunité. «Sur les Quartiers d’été, il existe cinq thématiques», précise Laila Abdelli, chargée du développement de l’apprentissage sur la métropole lilloise auprès de la CMA. «Or, les deux volets emploi et formation ne sont pas beaucoup exploités. C’est pourquoi nous avons répondu de manière expérimentale à l’appel d’offres…»
A la rencontre des «invisibles»
Et cette première tentative a fait mouche. Le projet orchestré par les quatre coordinateurs de la Chambre consulaire a été retenu par le préfet à l’égalité des chances de Lille et a même obtenu un décalage de dates du 1er août au 30 septembre par rapport aux habituels mois de juillet et août. Six conseillers en insertion professionnelle (CIP) ont été recrutés par la CMA et un joli camion, dans le style foodtruck, a été aménagé afin de sillonner les quartiers prioritaires et de prêcher la bonne parole. «Nous sommes allés à la rencontre des invisibles, détaille Laila Abdelli. Il s’agit de tous ces jeunes qui ne font aucune démarche, qu’on ne voit pas dans les centres d’information et d’orientation (CIO). Ceux qui sont restés sur le carreau à la rentrée de septembre.» Dans les faits, les quartiers d’été version CMA ont été découpés en deux périodes. «Le mois d’août a été consacré à la sensibilisation, détaille Laila Abdelli. Nous avons fait connaître notre dispositif. Depuis début septembre, nous sommes passés à l’action. Alors, bien sûr, nous n’avons pas de baguette magique. Nous n’allons pas réinsérer tout le monde. Mais, en tout cas, on va essayer…»
«Un salaire à clé, ce n’est pas rien !»
L’objectif du dispositif est de mettre les jeunes en contact avec des employeurs. Mais pas n’importe comment. La CMA ne propose que de l’alternance sous contrat d’apprentissage. «Avec un salaire à clé, insiste Laila Abdelli. Ce n’est pas rien !» Et le mode d’emploi est extrêmement clair : «On leur propose d’abord une validation de projet. Ensuite, si le jeune est partant, nous lui proposons un accompagnement à la recherche d’une entreprise d’accueil et enfin une entrée en formation diplômante.» Parallèlement, la CMA accompagne les entreprises artisanales dans le recrutement de l’apprenti. «On a déjà dégrossi le profil. On peut donc dire aux employeurs que le jeune que l’on propose correspond à leurs besoins.»
Pour le candidat-apprenti, tout débute par une immersion en entreprise. Et si tout se passe bien, ça aboutit à la signature d’un contrat d’apprentissage. «Au pire, ça donne une petite idée et une sensibilisation au métier. Et puis ça pourra aussi intéresser le petit frère ou la petite sœur l’année prochaine.» Car, en toile de fond, il y a bien sûr une revalorisation de l’artisanat aux yeux des plus jeunes. «Nous voulons lever les préjugés, conclut Laila Abdalli. Et ça commence doucement. Les jeunes ont moins peur et moins honte. On sent un besoin de revenir à du concret. Nous voulons leur redonner la fierté d’apprendre un métier.»