La Chine va quasi doubler son aide aux projets immobiliers inachevés
La Chine a annoncé jeudi l'augmentation prochaine des crédits destinés aux chantiers immobiliers inachevés à plus de 500 milliards d'euros, en dévoilant une nouvelle salve de mesures pour...
La Chine a annoncé jeudi l'augmentation prochaine des crédits destinés aux chantiers immobiliers inachevés à plus de 500 milliards d'euros, en dévoilant une nouvelle salve de mesures pour soutenir le secteur et relancer l'économie.
Le secteur du logement et de la construction ont longtemps représenté au sens large plus d'un quart du PIB de la deuxième économie mondiale. Il s'est développé à une vitesse fulgurante durant deux décennies.
Mais il souffre depuis 2020 d'un durcissement par Pékin des conditions d'accès au crédit pour les promoteurs immobiliers, qui a précipité des poids lourds du secteur au bord de la faillite. En parallèle, le prix des logements a beaucoup chuté.
Les autorités tablent toujours sur une croissance "d'environ 5%" cette année, mais nombre d'analystes jugent cet objectif trop optimiste, du fait des nombreux obstacles auxquels la deuxième économie mondiale est actuellement confrontée.
Lors d'une conférence de presse jeudi à Pékin, le ministre du Logement Ni Hong a annoncé que les autorités vont notamment "augmenter l'échelle de crédit des projets sur liste blanche à 4.000 milliards" de yuans (517 milliards d'euros) d'ici fin 2024.
C'est près du double de précédemment (environ 2.230 milliards de yuans).
Le système de la "liste blanche", annoncé au début de l'année, est un mécanisme par lequel les municipalités recommandent aux banques des projets immobiliers à financer en priorité.
Ni Hong a par ailleurs ajouté qu'"un million de logements vétustes (situés) dans des villages urbains seront rénovés" grâce à la restructuration de financements.
"Les villages urbains présentent de nombreux risques pour la sécurité et des conditions de vie médiocres. Les gens sont désireux de faire des rénovations", a-t-il expliqué.
50 millions de familles
Les dirigeants chinois, dont le président Xi Jinping, ont reconnu le mois dernier de nouveaux "problèmes" pour la deuxième économie mondiale.
Les autorités avaient alors dévoilé un paquet de mesures de relance, l'un des plus importants depuis plusieurs années.
Elles comprenaient des baisses de taux d'intérêt, notamment pour les prêts immobiliers existants, ou encore des assouplissements de restrictions sur l'achat de logements.
Les autorités ont indiqué jeudi lors de la conférence de presse que les taux de ces prêts immobiliers hypothécaires existants "baisseront en moyenne d'environ 0,5 point" dans le cadre de ces réductions.
Cela "profitera à 50 millions de familles et à 150 millions d'habitants", a estimé Tao Ling, le gouverneur adjoint de la banque centrale chinoise.
Stimuler la demande de logements est une des priorités des autorités afin d'assurer une reprise durable.
Plusieurs grandes villes chinoises comme Pékin, Shanghai (est), Chengdu (sud-ouest) ou encore Tianjin (nord) ont ainsi assoupli leurs restrictions en matière d'achat de biens immobiliers ces dernières semaines.
La Chine doit publier vendredi les chiffres de sa croissance trimestrielle pour la période juillet-septembre. Elle devrait être la plus faible de l'année.
Pas vraiment emballés
Les Bourses de Hong Kong et Shanghai ont toutes les deux perdu aux alentours de 1% jeudi, les actions d'entreprises de l'immobilier s'affichant en repli.
Les responsables chinois, durant la conférence de presse, ont essayé "de parler pour ne rien dire, en insistant encore davantage sur la stabilisation du secteur immobilier", a indiqué dans une note Stephen Innes, analyste de SPI Asset Management.
"Plus on avançait (...), plus on voyait que les marchés n'étaient pas vraiment emballés" par ces annonces, a-t-il souligné.
"Après, soyons honnêtes: le désordre qui règne en Chine dans le secteur immobilier ne peut pas se régler avec quelques discours et des mesures bancales", a ajouté M. Innes.
Avis partagé par Heron Lim, analyste pour Moody's Analytics.
Ces mesures annoncées jeudi sont "des politiques de stabilisation et non de croissance", estime-t-il.
"Par conséquent, même si nous estimons que le creux de la vague devrait bientôt être atteint, nous ne voyons pas les prix de l'immobilier résidentiel chinois se redresser de manière significative au cours des deux prochaines années."
Un groupe d'experts interrogés par l'AFP table sur une croissance annuelle de 4,9% pour 2024, un résultat qui serait toujours dans la fourchette établie par le gouvernement mais serait l'une des plus faibles de ces dernières années.
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