La Chine enquête sur des subventions accordées par l'UE à certains produits laitiers

La Chine a annoncé mercredi enquêter sur des pratiques commerciales de l'Union européenne (UE) jugées déloyales concernant certains produits laitiers, au lendemain de la confirmation par Bruxelles d'une fiscalité plus lourde sur...

Salle de presse lors d'un sommet virtuel entre dirigeants européens et chinois, le 1er avril 2024 © Kenzo TRIBOUILLARD
Salle de presse lors d'un sommet virtuel entre dirigeants européens et chinois, le 1er avril 2024 © Kenzo TRIBOUILLARD

La Chine a annoncé mercredi enquêter sur des pratiques commerciales de l'Union européenne (UE) jugées déloyales concernant certains produits laitiers, au lendemain de la confirmation par Bruxelles d'une fiscalité plus lourde sur les véhicules électriques chinois importés dans l'UE.

Cette mesure intervient dans un contexte de montée des tensions entre la Chine et l'UE, un partenaire commercial incontournable pour le géant asiatique.

La Commission européenne a lancé ces derniers mois une série de procédures visant la Chine. La plus emblématique concerne les véhicules électriques chinois vendus dans l'UE. 

Leurs prix sont jugés artificiellement bas par Bruxelles du fait de subventions d'Etat qui faussent la concurrence et nuisent à la compétitivité des constructeurs européens. 

Mardi, l'Union européenne a confirmé sa volonté de surtaxer pendant cinq ans les voitures électriques provenant de Chine, y compris celles du constructeur américain Tesla qui possède une usine à Shanghai.

A chaque étape de la procédure, la Chine a averti qu'elle prendrait "toutes les mesures nécessaires" pour y répondre.

"Le ministère du Commerce a décidé d'ouvrir une enquête antidumping sur certains produits laitiers importés depuis l'Union européenne à compter du 21 août 2024", a-t-il indiqué dans un communiqué.

Elle porte sur des produits tels que le fromage frais et le lait caillé, le fromage bleu ainsi que certains laits et crèmes, a précisé le ministère du Commerce.

La procédure doit durer un an et pourra éventuellement être prolongée de six mois.

Prix cassés

La Chine pourra ensuite décider d'imposer des surtaxes sur ces produits pour protéger son marché, si elle démontre que les pratiques de l'UE sont déloyales et nuisent à la concurrence.

Pékin avait déjà annoncé en janvier enquêter sur une infraction supposée à la concurrence des eaux-de-vie de vin, comme le cognac, importées de l'UE et en particulier de la France, qui avait donné l'impulsion à l'enquête de Bruxelles.

En juin, elle a aussi lancé une enquête antidumping sur les importations de porc et de produits porcins en provenance de l'Union européenne, des marchandises principalement produites en Espagne, en France, aux Pays-Bas et au Danemark.

L'an dernier, l'UE a exporté pour 1,68 milliard d'euros de produits laitiers vers la Chine, selon des données d'Eurostat citées par la Commission européenne.

La Chine a saisi au début du mois l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à propos des surtaxes sur les véhicules électriques chinois. Elle estime que la décision de Bruxelles est "politique" et ne repose sur "aucune base factuelle".

Turbo à l'étranger

Des dizaines de marques chinoises innovantes dans l'électrique ont vu le jour ces dernières années et elles rivalisent dans leur pays avec des constructeurs étrangers qui peinent à s'adapter.

Ces constructeurs chinois mettent désormais le turbo à l'étranger.

Des marques comme BYD ou MG (groupe SAIC) ont commencé à attaquer le marché européen avec des électriques à prix cassés depuis quelques années. 

Les véhicules fabriqués dans les usines chinoises étaient jusqu'ici taxés à hauteur de 10% dans l'UE.

Bruxelles compte ajouter une surtaxe allant jusqu'à 36%. 

Ces droits de douane s'appliqueront d'ici fin octobre pendant cinq ans, sous réserve de nouvelles modifications et surtout de l'aval des Etats européens, très divisés sur le sujet. Ils remplaceront alors des taxes provisoires décidées début juillet.

Il s'agit de freiner les importations de véhicules électriques chinois, sans les bloquer complètement comme aux Etats-Unis avec leur surtaxe de plus de 100%.

Si la France et l'Espagne poussaient activement pour des mesures proportionnées, l'Allemagne, très engagée en Chine, bataillait au contraire avec la Suède et la Hongrie contre des sanctions, craignant des représailles de Pékin.

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