Par la voix de son président Jean-Christophe Repon
La Capeb dans l'attente des arbitrages du gouvernement
Suite aux 15 propositions formulées par la Capeb en mai dernier, son président Jean-Christophe Repon a rappelé la nécessité de tenir des Assises du bâtiment et d’obtenir des arbitrages favorables pour le secteur, lors de sa conférence de presse de rentrée.
Malgré
la «déclaration
d’amour»
adressée par le président de la République aux entreprises
artisanales du bâtiment à l’issue des journées de la
construction, en juin dernier à Lille, la Capeb (Confédération de
l’artisanat
et des petites
entreprises
du bâtiment),
organisation patronale qui rassemble 61 000 entreprises artisanales,
regrette de ne pas arriver «à
se faire entendre».
C’est ce qu’a fait remarquer, en substance, Jean-Christophe
Repon, le président de la Capeb lors d’une conférence de presse
de rentrée, le 7 septembre dans ses locaux.
«Les
propos du Président
nous vont bien, mais les arbitrages pas encore»
a-t-il déclaré, rapportant ladite déclaration d’Emmanuel Macron
qui avait fait l’éloge des entreprises artisanales qui
représentaient «beaucoup
pour notre pays, des savoir-faire, de l’emploi, de l’activité
mais aussi une culture entrepreneuriale. Votre engagement pour la
qualité de vie des Français, votre engagement pour la cohésion de
notre territoire».
Des Assises du bâtiment
En
réponse, le président de la Capeb a indiqué avoir «besoin
urgemment de la présence des Assises du bâtiment et d’arbitrages
que l’on espère favorables». Pour rappel, les premières
Assises du bâtiment s’étaient tenues en septembre 2022. Faisant
référence aux 15 propositions de la Capeb présentées en mai
dernier pour soutenir l’activité, Jean-Christophe Repon regrette
qu’elles n’aient pas été suivies d’effet. Pourtant,
«celles-ci avaient l’air de faire le chemin et d’être
reprises par le plus grand nombre». Néanmoins, «Ce que
l’on entend ne va pas dans le sens de nos propositions»,
a -t-il poursuivi.
Et de citer, notamment, la simplification et
l’harmonisation des dispositifs, la capacité de pouvoir ouvrir
plus largement les dispositifs d’aides à l’ensemble des
entreprises avec le contrôle des chantiers à posteriori, ou encore
la proposition qui consiste à «mettre en place un prêt
vert en trois clics, distribué par l’ensemble des banques, pour
financer le reste à charge des particuliers» et celle qui
vise à faciliter la création de groupements momentanés
d’entreprises (GME) «en mettant fin à la solidarité de
fait entre entreprises». Sur cette dernière proposition,
le président de la Capeb a rappelé «attendre toujours un
projet de loi pour pouvoir travailler en groupements».
«Pour
la partie politique et la partie arbitrage pour le moment on ne voit
rien venir. On avait un rendez-vous avec le ministre du Logement qui
a été reporté, j’espère qu’il ne sera pas reporté aux
calendes grecques, a -t-il souri. On a vraiment besoin de voir
nos 15 propositions portées». Rappelant que le volume
d’activité des entreprises artisanales du bâtiment avait reculé
au deuxième trimestre 2023 de 0,5% (en glissement annuel), par
rapport au second trimestre 2022 et que les prévisions
pour l’ensemble de l’année 2023 s’orientent vers un repli de
0,5%, il a affirmé que «si demain l’activité
reste au niveau où elle est avec les difficultés que l’on
connaît, on n’atteindra pas les objectifs. Et le bilan du
gouvernement ne sera pas à la hauteur des ambitions exprimées par
le Président, les ministres et la Première ministre».
Et une TVA à taux réduit globale
La
Capeb attend ainsi du gouvernement qu’il lève les freins à la
rénovation énergétique, portant notamment l’idée d’«une
TVA à taux réduit qui engagerait l’ensemble de la rénovation».
«Comment
demain si l’on augmente la TVA sur la rénovation qui est déjà
atone (0% de croissance au deuxième
trimestre 2023) celle-ci va-t-elle donner de l’activité, des
rentrées fiscales et de l’emploi ?,
s’est interrogé le président de la Capeb. On
a des annonces qui ne sont pas encourageantes. On fait un appel
urgent aux ministres concernés. Et ils sont nombreux».
Se référant, par exemple, à la récente polémique sur
l’interdiction des chaudières à gaz, Jean-Christophe Repon
regrette que l’on soit «contre-productifs
quant à la réalité économique du marché et la réalité des
ménages».
Parmi les chantiers en cours, «les
accompagnateurs Rénov,
qui doivent accompagner les particuliers dès 2024, ne sont pas
encore formés»,
a-t-il ajouté.
Autre
interrogation, l’affectation supplémentaire de MaPrimeRénov’.
«On
ne sait pas encore comment elle sera affectée»,
faisant référence aux 1,6
milliard d’euros promis, faisant passer MaPrimeRénov’ de 2,4 à
4 milliards d'euros, en 2024. «Ce
qui caractérise le climat ambiant, c’est l’incertitude. Ne pas
savoir vraiment ce qui va se passer, quelles sont les
réglementations, est-ce qu’il y aura des coups de pouce qui seront
donnés ici ou là, est-ce qu’il y aura un niveau d’aide renforcé
et comment vont-elles
être
fléchées ?»
constate Alain Chouguiat, directeur des affaires économiques à la
Capeb.
Et
Jean-Christophe Repon de conclure que les adhérents de la Capeb
veulent de l’activité et sont en ordre de marche pour relever les
défis de la transition énergétique. Néanmoins, il a relevé un
paradoxe de taille : «On
a de moins en moins d’entreprises qualifiées alors que l’on a de
plus en plus d’ambitions et d’objectifs».
Quelque 60 000 entreprises sont qualifiées RGE (Reconnu
garant de l’environnement) pour accéder aux marchés de la
rénovation énergétique. «Ce
qui est inquiétant c’est que cela ne progresse pas. A Qualibat,
[l’un des organismes de qualification et de certification],
les chiffres sont en baisse»,
a souligné David Morales, vice-président, en charge des affaires
économiques à la Capeb.