La Capeb 80 met tout en œuvre pour soutenir les artisans

Sébastien Bizet a pris ses fonctions une semaine avant le début de la crise sanitaire : « Trouver des solutions rapides pour soutenir nos artisans a évidemment été mon premier axe de travail, il a ensuite fallu gérer la reprise des chantiers, la distribution des masques, gels hydroalcooliques… », se souvient le président.

« Aujourd’hui, les entreprises ont une visibilité jusqu’au 31 décembre 2022, voire au-delà, assure Sébastien Bizet. L’activité dépasse le niveau d’avant-crise, c’est du jamais vu depuis une vingtaine d’années, beaucoup de personnes investissent dans leur résidence secondaire, et les aides de l’État pour la rénovation thermique des logements jouent aussi. »

« Les entreprises ont besoin de main d’œuvre, qualifiée ou non, mais elles ne trouvent pas »

Mais les difficultés se sont déplacées : hausse tarifaire des matériaux, pénurie de matériels avec des délais de livraisons qui s’allongent jusqu’à un mois… « Ces facteurs ont un impact considérable sur la trésorerie des entreprises, qui doivent suspendre les chantiers, qui ne sont de ce fait pas facturés, observe le président de la Capeb 80. Nous en sommes arrivés à un stade où les négoces ne savent pas quand ils vont être livrés, et à quel prix ils vont devoir vendre les matériaux. Établir des devis devient très compliqué. »

À ces points d’inquiétudes s’ajoute une problématique récurrente pour le secteur : la difficulté à recruter. « Les entreprises ont besoin de main d’œuvre, qualifiée ou non, mais elles ne trouvent pas », regrette Sébastien Bizet qui impute en partie cette situation aux charges qui assomment les artisans et qui empêchent toute revalorisation salariale. La Capeb 80 multiplie les partenariats, avec Pôle emploi notamment, pour tenter d’inverser cette tendance : « Il faut absolument rendre ses lettres de noblesse au travail manuel. Notre priorité, c’est l’emploi », rappelle-t-il.

Solutions habitat, un accompagnement à 360°

La Capeb 80 accompagne aussi les artisans sur le montage des dossiers leur permettant d’obtenir des qualifications, comme le label RGE : « Le système s’est complexifié, et certains chefs d’entreprise se découragent », note Sébastien Bizet. À l’initiative de l’organisation patronale, une structure indépendante a vu le jour, avec comme mission de prendre en charge ce montage de dossiers. « C’est une première, avec Solutions habitat, notre objectif, c’est de faire travailler les entreprises samariennes sur des chantiers locaux. »

« En 2011, sous l’impulsion de la Capeb 80, est née Ecab 80 [ndlr, pour Éco coopérative artisanale du bâtiment], pour apporter un outil de service complémentaire aux artisans, en mutualisant les moyens et réponses aux appels d’offres. Solutions habitat est une filiale de cette coopérative qui a comme unique objectif d’accompagner, sur le plan administratif et commercial, les entreprises, en ce qui concerne la rénovation énergétique et notamment MaPrimeRénov’, pour permettre à leurs clients d’obtenir des aides de l’État », détaille Julien Panico, 1^er vice-président de la Capeb 80 et directeur général de Solutions habitat.

Via la coopérative, Solutions habitat a obtenu le mandat administratif et financier de l’Anah, pour MaPrimeRénov’, noué des partenariats pour les Certificats d’économie d’énergie (C2E), et en qualité d’intermédiaire bancaire, travaille avec trois établissements pour que les clients des artisans puissent obtenir des prêts allant d’un taux 0 à 4,50% afin de financer le reste à charge.

« C’est un vrai succès humain – nous avons réussi à fédérer les artisans et mutualiser les moyens – et commercial : en neuf mois, nous en sommes à 5 millions d’euros d’affaires signées », se réjouit Julien Panico qui souligne le caractère unique et novateur de Solutions habitat, « qui répond à l’ensemble des problématiques rencontrées par les artisans intégrant un programme de rénovation énergétique chez les clients ». Et ce via de la prescription, de l’accompagnement et du financement : « Notre stratégie a consisté à mettre 100% de notre objectif sur le client et 100% sur l’accompagnement de l’artisan », note Julien Panico.

Avec Solutions habitat est né un nouveau métier : celui de conseiller en rénovation énergétique, capable de trouver l’aide la plus adéquate pour le client, et avec une formation bancaire pour trouver les produits d’assurance et/ ou de financement les plus appropriés. Prochaines étapes : étendre le dispositif sur l’ensemble du territoire des Hauts-de-France dans un premier temps, puis à l’échelle nationale à l’horizon 2024, et étoffer l’équipe de six conseillers, avec une vingtaine de recrutements prévus pour cette année.

Le comptoir artisanal, négoce nouvelle génération

Autre service, gratuit, mis sur pied par Ecab 80, mais cette fois-ci uniquement destiné aux artisans de la Somme : Le comptoir artisanal, un négoce de matériaux et matériels coopératif en ligne, opérationnel le 31 mars prochain.

« Le comptoir artisanal est le fruit d’une mutualisation avec une autre coopérative, il s’agit d’un négoce nouvelle génération. La plate-forme numérique proposera au début du matériel pour la plomberie, le chauffage, les sanitaires et de la faïence, pour recenser à terme 300 000 références », résume Julien Panico.

Les avantages pour l’artisan : des produits aux tarifs attractifs - de 20 à 25% moins élevés -, avec la possibilité de passer des commandes à toute heure du jour et de la nuit et une livraison "à domicile".

« L’idée c’est aussi de maintenir des tarifs acceptables pour le client, sachant que le prix des matériaux a augmenté de 18% et que le coût de la main d’œuvre devrait lui aussi gonfler cette année », reprend Julien Panico qui table sur une hausse pour le client de 10 à 15% pour 2022. Et espère que ce type d’outils modernes et novateurs incitera les jeunes à rejoindre le secteur du bâtiment ou s’installer à leur compte. « Nos métiers aussi connaissent une importante transition numérique, sourit le 1^er vice-président de la Capeb 80, ardent défenseur des métiers du bâtiment : Ce sont des métiers techniques, à forte valeur ajoutée, qui nécessitent des formations solides. Le bâtiment n’est pas une voie de garage, il faut accentuer son attractivité. »