Patrimoine maritime et mécénat

La Caisse d’épargne et le Belem : 42 ans d’histoire

De Calais à Cannes, le Belem, classé Monument historique, part à la rencontre de ses admirateurs. Un emblème national sauvé par la Caisse d’épargne en 1979.

Le Belem est aujourd’hui un navire-école civil qui embarque 2 000 personnes et accueille entre 50 000 et 60 000 visiteurs par an. (©Fondation Belem / Benjamin Decoin)
Le Belem est aujourd’hui un navire-école civil qui embarque 2 000 personnes et accueille entre 50 000 et 60 000 visiteurs par an. (©Fondation Belem / Benjamin Decoin)

Depuis plus de 42 ans, la Caisse d’épargne participe à la sauvegarde du Belem, le dernier des grands voiliers de commerce français du XIXe siècle encore naviguant. Un mécénat hors norme au regard de sa durée et de sa nature. «C’est un monument historique qui a la particularité d’être mouvant et d’aller à la rencontre de ses visiteurs», s’amuse à souligner Nicolas Plantru, représentant la Caisse d'épargne Normandie et président de la Fondation Belem qui gère le trois-mâts construit en 1896.

Un budget de 3 millions

«A l’origine, la Caisse d’épargne a racheté le Belem à un armateur Italien en 1979, pour le restaurer et le rendre aux Français. Il devait ensuite être donné à la Marine nationale. Mais l’Etat n’a pas accepté cette proposition. La Caisse d’épargne a compris que si elle ne poursuivait pas son soutien, ce serait la disparition du bateau ; il n’était pas question d’abandonner, arrivé à ce point.» La Fondation créée, la banque lui a fait don du navire.

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Nicolas Plantru, président de la Fondation, passionné par ce navire vient de publier "Belem, le roman d’une aventure" aux éditions du Rocher. (© Fondation Belem / V. Joncheray)

Aujourd’hui, le conseil d’administration compte 15 membres : cinq représentants de la Caisse d’épargne, cinq membres de droit représentant l’Etat et cinq personnalités qualifiées. «Le budget annuel de la Fondation s’élève à 3 millions et la moitié provient de la Caisse d’épargne», précise le président. Séjours payants, séminaires et réceptions à bord, vente de produits dérivés et dons divers viennent compléter les recettes

«La Caisse d’épargne a 200 ans d’histoire, elle est un des plus vieux établissements bancaires français, rappelle Nicolas Plantru. Elle protège l’épargne et le patrimoine des Français, et ses relations avec ses clients et partenaires s’inscrivent dans la durée. La sauvegarde du Belem a donc tout son sens.» La Fondation, au travers de nombreux partenariats, entretient des liens étroits avec les peintres et écrivains maritimes.

50 000 visiteurs par an

Le Belem est aujourd’hui un navire-école civil qui embarque 2 000 personnes et accueille entre 50 000 et 60 000 visiteurs par an. Ce qui nécessite une équipe administrative de trois personnes et un équipage de 16 personnes. En 2020, crise sanitaire oblige, toutes les activités ont été annulées. Mais le programme 2021 est déjà connu.

«Nous parions sur l’efficacité du vaccin pour reprendre en toute sécurité. Les séjours débuteront en juin, et beaucoup ont déjà été réservés d’ailleurs. En attendant, le Belem peut être visité ou prendre des passagers pour une journée», se réjouit Nicolas Plantru. Le Belem reprend donc la mer, de Dunkerque à Cannes, en passant par Roscoff, La Rochelle, La Corogne, Ibiza pour ne citer que quelques ports. Gageons que les visiteurs seront au rendez-vous pour admirer cet emblème national.


Un passé rocambolesque
Le Belem a navigué sous trois nationalités et a eu plusieurs vies. Navire marchand français jusqu’en 1914, il échappe par miracle à l’éruption de la montagne Pelée en 1902. Il est ensuite transformé en yacht de luxe britannique jusqu’en 1951, avant de devenir un navire école italien sous le nom de Giorgio Cini. C’est le docteur Luc-Olivier Gosse, à la fin des années 1970, qui découvre que le Giorgio Cini, qui pourrit à quai en attente d’être acheté, est en fait le Belem. A la recherche de fonds pour rapatrier le bateau en France, il attire l’attention de la Caisse d’épargne.