La bonne connexion d’Éric Sadin à Nancy
Carton plein pour le cluster Nancy Numérique et la section nancéienne des DCF (Dirigeants commerciaux de France) le 17 novembre dernier à la Bibliothèque Stanislas de Nancy où Éric Sadin, philosophe et écrivain spécialiste du numérique a tenu une «conférence d’exception», comme l’assurent les organisateurs, montrant l’autre face, le côté obscur de la sphère tant adulée du numérique.
À une heure du début de la conférence Olivier Nouveau, président du cluster Nancy Numérique et Philippe Paci, vice-président de la section nancéienne des DCF (Dirigeants commerciaux de France) sont rivés sur leur smartphone pour trouver l’adresse exacte de l’hôtel nancéien devant héberger par la suite le conférencier du soir, le philosophe Éric Sadin. Cette scène, somme toute banale aujourd’hui, illustre à elle seule cette dépendance aux outils connectés pour bon nombre d’entre nous. La dominance du numérique est partout et elle se répand, voire même gangrène à vitesse grand V au point même que les acteurs du secteur commencent réellement à s’interroger. «Face à la toute puissance des géants comme Google, Facebook et d’autres, nous nous devons de repenser notre modèle économique pour continuer à exister. Il y a surtout une prise de conscience philosophique aujourd’hui à avoir, également sur les usages du numérique», assure Philippe Paci qui est également directeur marketing de l’opérateur de services hébergés Adista. Le numérique ? Cet eldorado, cette manne de développement sur laquelle tout le monde (ou presque) surfe aujourd’hui, montre maintenant ses limites.
Vers une initiative citoyenne…
La numérisation du monde est une réalité actuelle avec la dissémination tous azimuts de capteurs gérant, contrôlant, s’immisçant dans nos vies via des assistants numériques, et autres applications apparemment bienveillantes. Dans son exposé au coeur de la Bibliothèque Stanislas, face à un auditoire de plus d’une centaine de personnes, Éric Sadin a d’abord fait état du contexte actuel avant d’analyser la société qui se profile et c’est là que l’on commence à s’interroger. «Il a expliqué qu’il n’avait rien contre le libéralisme mais que les «Silicon Valley» se multiplient dans le monde pour imposer une «industrie de la vie», une domination de la planète par quelques grandes entreprises. Implacable. Inéluctable ? Il évoque quelques pistes, comme le refus des compteurs électriques connectés, des bracelets et montres connectés ou encore la voiture connectée», explique Philippe Paci. En écrivain, observateur et philosophe, l’invité du soir a mis en garde et provoquait la réflexion. Une prise de conscience plus que nécessaire. Son dernier ouvrage «La Silicolonisation du monde. L’irrésistible expansion du libéralisme numérique» (édition l’Échappée) pourrait même aboutir à un véritable mouvement, voire une initiative citoyenne sur le sujet. Faire face à ce «technolibéralisme» comme il le définit, est une urgence sociétale et même de civilisation.
emmanuel.varrier