La Belgique attire de moins en moins les salariés de la région, et pourtant...

Le nombre de Nordistes travaillant en Belgique a baissé de 10% en quatre ans. Une étude de l'Insee Hauts-de France relève que les Français ne trouvent plus assez d'avantages à traverser la frontière, alors que le besoin de main-d'oeuvre ne cesse d'y croître.

Fin 2017, le nombre de salariés des Hauts-de-France travaillant en Belgique s'élevait à 23 700 frontaliers. © JeanLuc
Fin 2017, le nombre de salariés des Hauts-de-France travaillant en Belgique s'élevait à 23 700 frontaliers. © JeanLuc

L’espoir d’un salaire plus élevé ne suffit pas toujours à motiver les demandeurs d’emploi à franchir la frontière. Entre 2013 et 2017, le nombre de salariés des Hauts-de-France travaillant en Belgique à diminué de 10% pour se chiffrer à 23 700 frontaliers.

Les Belges viennent plus nombreux

20 jours de congés au lieu de 25 en France, ou encore 38 heures de travail hebdomadaire au lieu de 35 : les Français qui s’aventurent Outre-Quiévrain ne gagnent pas vraiment au change. Bien que le salaire belge soit en moyenne plus élevé de 14%, les avantages fiscaux ont été réduits depuis 2012, et le taux de prélèvement des impôts sur le revenu a lui augmenté. Autant d’explications à cette baisse de la migration. À l’inverse, le nombre salariés belges travaillant dans la région a augmenté de 14,2% (soit 10 500 salariés en 2017). La plupart travaillant dans la métropole lilloise.

Pourtant, le besoin de main-d’oeuvre en Belgique ne cesse de croître. La faute à l’effet boom-rang du baby-boom, dans un pays où l’âge du départ en retraite est fixé à 65 ans. D’ici 2030, la Belgique pourrait perdre jusqu’à 63 000 actifs (contre 17 000 dans les Hauts-de-France, région où la population est largement plus jeune), alors qu’il y aurait déjà 86 000 postes vacants dans le pays.

«La maîtrise du néerlandais est un vrai frein pour les Français souhaitant travailler en Belgique»

Davantage d’offres en Flandre

La Flandre belge -notamment autour de Courtrai- serait le bassin offrant le plus de possibilités d’emplois, majoritairement dans les usines manufacturières, où la maîtrise parfaite du Néerlandais n’est pas requise. «La langue est un vrai frein pour les Français souhaitant travailler en Belgique, remarque François Chevalier, directeur régional adjoint de l’Insee. La dispense de cours de néerlandais dans les écoles de la région serait envisageable pour y remédier», avance-t-il.

Côté wallon, le profil type du salarié français est celui du cadre de moins de 45 ans, travaillant dans le secteur du commerce ou de la santé. Parmi eux, 7 individus sur 10 sont des hommes. La zone d’emploi de Maubeuge est celle où la proportion de salariés frontaliers est la plus élevée (7,7%). Les bassins de Lille-Roubaix-Tourcoing et Valenciennes sont aussi concernés.

78% des actifs de la région et 96% des Belges traversent la frontière en voiture pour se rendre au travail. Reste encore à interroger l’impact écologique du phénomène. À une période où la thématique de la mobilité est fortement étudiée par la MEL, la région, et même la CCI, la question ne peut être évitée.