La BCE prête à agir plus vite que la Fed sur ses taux

La Banque centrale européenne (BCE) a préparé le terrain jeudi à une première baisse de taux en juin compte tenu d'une inflation en repli et d'une activité économique atone, se disant prête à...

La présidente de la Banque centrale européenne (BCE) Christine Lagarde, lors d'une conférence de presse à Francfort, le 11 avril 2024 © Kirill KUDRYAVTSEV
La présidente de la Banque centrale européenne (BCE) Christine Lagarde, lors d'une conférence de presse à Francfort, le 11 avril 2024 © Kirill KUDRYAVTSEV

La Banque centrale européenne (BCE) a préparé le terrain jeudi à une première baisse de taux en juin compte tenu d'une inflation en repli et d'une activité économique atone, se disant prête à réagir plus vite que la Fed américaine.

Si "l'évaluation actualisée" des perspectives d'inflation et de la transmission de la politique monétaire à l'économie devaient "encore renforcer sa confiance" dans la "convergence durable de l'inflation vers l'objectif" de 2%, la BCE jugerait alors "opportun de réduire le caractère restrictif actuel de la politique monétaire", indique une phrase clé du communiqué sur ses décisions de politique monétaire.

Devant la presse, la présidente de la BCE Christine Lagarde a réitéré ce message "fort et clair" selon elle qui laisse conclure qu'à moins d'une résurgence surprise de l'inflation durant le printemps, les conditions seront réunies pour une baisse des taux lors de sa prochaine réunion en juin.

Avant la Fed

La BCE pourrait ainsi entamer son cycle de baisse des taux avant sa grande soeur américaine, la Réserve fédérale (Fed), confrontée elle à une inflation aux Etats-Unis qui a accéléré en mars, à 3,5% sur un an, selon l'indice CPI publié mercredi, dépassant les prévisions.

Une première baisse des taux par la Fed n'est désormais attendue par une majorité d'analystes que lors de la réunion prévue mi-septembre, soit à peine plus d'un mois et demi avant les élections présidentielles américaines.

Interrogée sur le fait de savoir si cela aura une conséquence sur le calendrier de baisse des taux de la BCE, Mme Lagarde a réitéré un message ancien selon lequel l'institution monétaire est "dépendante des données, pas de la Fed".

Les deux banques centrales affrontent des situations différentes: la santé insolente de l'économie américaine accompagnée d'une inflation plus forte contraste avec la faiblesse persistante de l'activité en zone euro, où les taux élevés font baisser les prix et finissent par asphyxier la demande des entreprises et des ménages.

La nature de l'inflation et les réponses budgétaires apportées ont aussi différé entre les deux continents, a souligné Mme Lagarde.

Dans l'immédiat, le taux sur les dépôts, qui fait référence en zone euro, a été laissé à son niveau record de 4%, atteint en septembre dernier.

"Quelques membres" du conseil des gouverneurs se sentaient "suffisamment confiants" pour baisser les taux dès avril, mais ils ont "accepté de se rallier au consensus d'une très large majorité" sur "la nécessité de renforcer la confiance" basée sur "beaucoup plus d'informations" à recevoir d'ici juin, a expliqué Mme Lagarde.

Pour gagner ce supplément de confiance qui manque encore, l'inflation devra poursuivre sur sa trajectoire, après le taux de 2,4% sur un an en mars, atteint notamment grâce à une accalmie concernant les prix des produits alimentaires. 

La hausse des salaires "se tasse progressivement" et les entreprises "absorbent une partie de l'augmentation des coûts de main-d'oeuvre à travers leurs bénéfices", note également l'institution.

Les conditions de financement freinent les investissements et les relèvements passés des taux d'intérêt "continuent de peser sur la demande, ce qui contribue à la modération de l'inflation".

La hausse des prix des services inquiète encore, à un niveau élevé, prévient-elle toutefois.

"La première baisse des taux d'intérêt aura lieu en juin et la BCE et les acteurs du marché s’y sont déjà préparés", est convaincu Michael Holstein, chef économiste chez DZ Bank.

Ne pas attendre

D'ici huit semaines, la BCE disposera de davantage d'informations sur les salaires et de projections économiques actualisées, susceptibles de confirmer ses prévisions sur l'inflation.

La hausse des prix pourra encore connaître d'ici 2025 "une fluctuation autour du niveau actuel" proche de 2%, en fonction des prix volatils de l'énergie, a reconnu Mme Lagarde. Mais "on ne va pas attendre que tout revienne à 2% pour prendre les décisions qui s'imposent", a-t-elle martelé.

Au stade actuel de la discussion, l'institution monétaire "ne s'engage pas à l'avance sur une trajectoire de taux particulière", a rappelé Mme Lagarde.

Les économistes d'ING estiment que la BCE optera pour une politique "lente" de réduction de taux de 25 points de base tous les trimestres.

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