La Banque de France “à la pointe de l'innovation”

De g à dr. Jacques Ducrocq, maire de Sainghin-en-Mélantois, Gilles Vaysset, directeur des activités fiduciaires et de place, Dominique Baert, député-maire de Wattrelos, ancien directeur à la Banque de France et premier vice-président de la Commission des finances de l'Assemblée nationale, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, Fabienne Margerin-Delmer, directrice du CEFINOF, et Jean-François Cordet, préfet de région.
De g à dr. Jacques Ducrocq, maire de Sainghin-en-Mélantois, Gilles Vaysset, directeur des activités fiduciaires et de place, Dominique Baert, député-maire de Wattrelos, ancien directeur à la Banque de France et premier vice-président de la Commission des finances de l'Assemblée nationale, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, Fabienne Margerin-Delmer, directrice du CEFINOF, et Jean-François Cordet, préfet de région.
D.R.

De g à dr. Jacques Ducrocq, maire de Sainghin-en-Mélantois, Gilles Vaysset, directeur des activités fiduciaires et de place, Dominique Baert, député-maire de Wattrelos, ancien directeur à la Banque de France et premier vice-président de la Commission des finances de l'Assemblée nationale, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, Fabienne Margerin-Delmer, directrice du CEFINOF, et Jean-François Cordet, préfet de région.

Le 28 avril dernier, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a inauguré à Sainghin‑en‑Mélantois le flambant neuf Centre fiduciaire Nord de France (CEFINOF). Ce premier centre entièrement automatisé au sein de l’Eurosystème entrera en service opérationnel à la rentrée.

Fort Knox, cela vous dit quelque chose ? La Banque de France a désormais le sien à Sainghin-en-Mélantois, sur le parc d’activités du Mélantois. Mais si le premier renferme la réserve d’or des Etats-Unis, le second constitue l’un des maillons qui permet à la Banque de France d’assurer l’entretien et la distribution de la monnaie fiduciaire. Reste que tous deux ont pour point commun d’être hautement sécurisés. Au top en la matière.
Pourquoi un tel équipement ? Pour avoir comme première mission l’émission et l’entretien de la monnaie fiduciaire – ainsi appelle-ton l’instrument de paiement, billet ou pièce, dont la valeur est égale à celle qui est mentionnée dessus –, la Banque de France doit s’assurer de la disponibilité et de la bonne qualité de la monnaie qu’elle émet. Pour ce faire, elle dispose actuellement d’un réseau de 72 caisses, lieux où les transporteurs de fonds amènent les billets ramassés chez les commerçants, où ils sont stockés pour y être contrôlés un par un, authentifiés, détruits pour les 15% d’entre eux écornés ou abîmés, et remis en circulation pour tous les autres. Parce que l’environnement de ce métier a beaucoup évolué dans ses opérations de tri, mais aussi de transfert et de stockage, la Banque de France a décidé en 2013 d’un plan “Ambitions 2020” de rationalisation du maillage territorial et de modernisation de ses caisses. En 2020 et à raison de 400 M€ investis dans la filière fiduciaire d’ici là, ces 72 caisses ne seront plus que 38, dont 36 auront été modernisées et 2 créées ex nihilo dont celle de Sainghin-en-Mélantois. La première pierre du second, cinq fois plus vaste, sera posée le 10 juin à La Courneuve, en région pariesienne. Trois objectifs ont été fixés à ces nouvelles constructions : l’amélioration de la productivité grâce à l’automatisation des process, la suppression des tâches fastidieuses grâce à la robotisation de plusieurs étapes de la chaîne de traitement des valeurs et une meilleure offre de services aux clients du site. La vocation de ce site, qui regroupe les activités des implantations actuelles de Roubaix, d’Arras et, à terme, de Calais, est de desservir toute la région des Hauts-de France.

Les caractéristiques du site sainghinois. Pour évoquer le nouveau site, la Banque de France n’hésite pas à parler de “forteresse imprenable”. Cet équipement de 5 750 m² de surface de plancher se décompose en trois bâtiments : un bâtiment principal sur deux niveaux, dont un enterré, dédiés au traitement fiduciaire, un bâtiment de contrôle des véhicules entrants appelé “screening” et un bâtiment de vie avec espace restauration et social. Cet investissement de 40 M€ (6% pour le terrain de 2 ha, 16% pour l’étude et la conduite du projet, 11% pour la logistique et 67% pour les bâtiments sécurisés) a une capacité de traitement journalière de 1,3 million de billets, ou de quelque 330 millions de billets par an. Cette capacité pourra être doublée si besoin, l’installation d’une seconde salle de tri ayant été prévue dès l’origine. Quelques mots sur l’industrialisation du traitement des billets. Avant leur entrée sur le site, les transporteurs de fonds passent une série de contrôles dans le bâtiment de screening avant de pénétrer dans un garage sécurisé. Les valeurs à traiter sont déchargées en colis transférés sur des tapis roulants automatisés avant d’être palettisés par un robot. Les palettes sont ensuite transportées automatiquement pour être stockés dans un coffre, appelé “serre”, ultra-sécurisé et mécanisé. Ultérieurement, ces palettes sont extraites vers la zone de tri. Les opérateurs y alimentent les trois machines de tri qui broient les billets usagés, rejettent les faux billets – de l’ordre de cinq par mois – et reconstituent des paquets de billets valides qui retournent vers la “serre” avant de faire le chemin inverse vers les transporteurs de fonds et… nos portefeuilles.

Au top des process. “Nous avons ici le meilleur de la logistique et le meilleur de la sécurité”, a noté avec satisfaction François Villeroy de Galhau, évoquant l’automatisation du transport et du stockage des valeurs, ainsi que l’utilisation de robots pour les opérations de palettisation et de dépalettisation à même de limiter fortement les manipulations. Il a aussi mis en exergue “la sécurisation accrue du site obtenue par un nouveau concept de défense : contrôle en amont des flux, multiples barrières défensives, résistance du bâtiment modélisée pour résister à une attaque de forte intensité, vidéosurveillance intégrale du site et détection de toutes les menaces par des dispositifs de pointe”. Un volet sécuritaire auquel a aussi été sensible Jean-François Cordet dont c’était la dernière inauguration comme préfet de région : 

“Le bon fonctionnement du centre fiduciaire de Sainghin est par nature partenarial et transversal. Sa pleine réussite et sa sécurité résultent d’une combinaison de savoirfaire spécifiques à la Banque de France et aux forces de sécurité, d’un haut niveau de technologie et d’une étroite coopération entre services.” Le billet a de l’avenir. Livré en février 2016, ce centre, qui fait la “fierté” de la Banque de France et de ses équipes, est en cours de test sur l’ensemble de ses dispositifs logistiques, informatiques et de sécurité, “tant il n’est pas question de perdre un seul billet, a fortiori une seule palette”. Hors agents de surveillance présents 365 jours sur 365 et 24 heures sur 24, ce sont une quarantaine de salariés qui travailleront sur le site. Ils viennent des caisses d’Arras (déjà fermée) et de Roubaix, la deuxième du réseau et qui fermera en octobre prochain, une fois le site sainghinois dûment opérationnel en septembre. Ne subsistera, pour un temps seulement, que la caisse de Calais, appelée à fermer en 2018-2019. Le site de Sainghin-en-Mélantois rayonnera alors sur la totalité des Hauts-de-France. A ceux qui doutent de l’avenir du billet, le gouverneur de la Banque de France a fermement rétorqué : “Nous ne croyons pas à la fin de l’argent liquide et l’Eurosystème*, dont la Banque de France, n’a aucune volonté de supprimer le cash. Il fait partie du libre choix des consommateurs.” Le stock de billets n’a-t-il pas augmenté de 8% en 2015 sur la zone euro, si leur circulation effective s’érode de l’ordre de 2% par an ?

Jean-Luc DECAESTECKER