La banque cède la place au musée

C’est un des rares et beaux bâtiments des 4 Boulevards de Calais. L’ancien siège du Crédit Lyonnais est en cours de rénovation et il doit abriter, en 2013, le futur musée Meccano voulu par la municipalité. Une première phase de travaux est en cours. Visite et retour sur des ambitions urbaines.

Au premier plan, Christophe Molin, architecte de la ville de Calais.
Au premier plan, Christophe Molin, architecte de la ville de Calais.
CAPresse 2012

Le hall d’entrée de l’ancien siège calaisien du Crédit Lyonnais en cours de rénovation.

Dans le gigantesque hall, les colonnes accueillent le visiteur avec solennité. Ce n’est pas du marbre mais on se croirait encore au temps où les banques devaient en imposer pour afficher leur bonne santé et inspirer confiance aux clients. Mais l’affaire du Crédit Lyonnais n’a pas épargné la succursale calaisienne qui a fermé. La ville était devenue propriétaire de cet immeuble de caractère sans trop savoir quoi en faire. La destination a été trouvée il y a un an, peu après que le dernier fabricant de jouets français Meccano a réinvesti son site calaisien : réaliser un musée du jouet dédié à l’entreprise. Pendant la visite, on prévient cependant les journalistes : «Ce ne sera pas forcément un musée. Il y aura une surprise.» Depuis le 15 août, les entreprises s’affairent. Elles ont commencé par la toiture qui laissait passer un peu l’humidité, puis elles se sont attaquées au rez-de-chaussée. Une trentaine de personnes œuvrent dans le hall : mise à niveau du sol, préparation de l’ascenseur et d’un passage permettant l’accès aux personnes souffrant de handicap… «On a fait gratter les murs pour voir ce qu’il y avait en dessous de la peinture pailletée», explique Christophe Molin, architecte de la ville. Une bonne idée car la pierre brune est réapparue, donnant un très bel  aspect au rez-de-chaussée. Cette première phase de travaux coûtera 700 000 euros à la ville de Calais. Après une décennie de fermeture, c’était le prix à payer.

CAPresse 2012

Au premier plan, Christophe Molin, architecte de la ville de Calais.

Mettre la problématique urbaine au centre de l’actualité. L’ex-banque n’est ni classée ni inscrite à l’inventaire des ABF qui a pourtant un avis déterminant vu le caractère exceptionnel du bâtiment. Au sol, 500 m² dont la moitié dans le grand hall : «il y aura un espace d’exposition», indique l’architecte. Les réseaux ont tous été changés ainsi que la chaudière. Dans les sous-sols, quelques flaques témoignent de la présence d’une ancienne rivière sous le bâtiment. A l’étage, les vieilles moquettes vont être déposées. La ville a choisi cette stratégie de communication : rénover et rebâtir Calais. Cette «reconstruction» a commencé en 2006 avec les opérations de renouvellement urbain à l’est, dans le quartier du Beau-Marais. Plus de 400 millions y auront été investis. Au nord, le quartier Saint-Pierre bénéficie du Plan national de rénovation des quartiers anciens dégradés (PNRQAD). Une Maison du projet a été inaugurée il y a trois semaines. Plus d’une centaine de logements seront construits ainsi qu’une résidence pour seniors. Surtout, un programme d’amélioration de l’habitat dégradé sera soutenu par des subventions destinées aux propriétaires soucieux de leurs biens. Deux équipements renforcent la présence publique (un centre social et une Maison de la petite enfance). Autre but de la municipalité : faire revenir les classes moyennes à Calais. Ces dernières auront pu prendre la température des intentions de la municipalité lors d’un débat public. Le 12 novembre, Calais accueillait en effet, dans son usine de dentelle rénovée, un débat portant sur la «nouvelle dynamique urbaine». Mais si elle est bien inspirée de construire des écoquartiers, elle le serait aussi de soigner ses entrées de ville et de ne pas oublier le centre commercial des 4 Boulevards…