Transmission : l’urgence est de mise dans les territoires

En Meurthe-et-Moselle près de 7 500 entreprises seront à transmettre dans les dix prochaines années et près de 40 % des dirigeants d’entreprise n’ont aucune connaissance du processus de transmission. L’urgence est plus que de mise histoire de ne pas voir disparaître tout un pan de la richesse économique du territoire.

À l’image du récent partenariat entre la CCI Grand Nancy Métropole Meurthe-et-Moselle et l’antenne régionale du CRA, la fluidification du marché de la transmission-reprise d’entreprises s’avère indispensable.
À l’image du récent partenariat entre la CCI Grand Nancy Métropole Meurthe-et-Moselle et l’antenne régionale du CRA, la fluidification du marché de la transmission-reprise d’entreprises s’avère indispensable.

«La transmission et la reprise d’entreprises sont souvent les parents pauvres de l’entrepreneuriat. Si rien n’est fait c’est tout un pan économique qui va disparaître sur nos territoires.» C’était au début du mois d’octobre, François Pélissier, le président de la CCI Grand Nancy Métropole Meurthe-et-Moselle pointait du doigt cette problématique de la nécessité de voir se transmettre les entreprises du département, à l’occasion d’un partenariat avec l’antenne régionale du CRA (Cédants et repreneurs d’affaires). Le CRA exerce son activité sur le marché des TPE et PME affichant des CA compris entre 500 000 € et 5 M€ et des effectifs de trois à cinquante personnes exerçant dans les secteurs de l’industrie, du service, du second œuvre du bâtiment et du négoce hors commerce international. 

Dans l’Hexagone, le marché de la transmission d’entreprise est estimé par le CRA à 70 000 affaires avec 6 000 à 7 000 cessions par an. «C’est un marché vendeur sur lequel on observe en moyenne qu’il y a trois acheteurs pour un vendeur. C’est un marché géographiquement déséquilibré où les repreneurs, souvent peu mobiles, habitent les grandes métropoles, alors que beaucoup d’affaires sont au cœur des territoires», peut-on lire dans l’Observatoire du CRA paru en février dernier. 6 % des affaires en portefeuilles du CRA se trouvent dans la région Grand Est. «Il existe un déséquilibre important entre les repreneurs et les cédants, les repreneurs résidant majoritairement en Île-de-France, les cédants étant plus dans les territoires.»


Fluidifier le marché

Ce déséquilibrage certain s’ajoute à la problématique de taille de la méconnaissance de plus de 40 % des dirigeants d’entreprises sur les processus de transmission. «Il existe une réelle déperdition entre le vivier de transmission potentielles et leur concrétisation réelle. En France, près de 900 000 dirigeants sont âgés de 60 ans ou plus alors que à peine 50 000 opérations de transmission sont enregistrées», assure Chantal Gentilhomme Daubré, déléguée générale Grand Est du CRA. «80 % des entreprises en Meurthe-et-Moselle ont moins de dix salariés. Elles ne possèdent pas réellement les moyens d’anticiper et de préparer une transmission», assure François Pélissier. 

D’où l’intérêt d’un rapprochement partenarial entre la chambre consulaire et le CRA. «Grâce à nos actions, nous contribuons à la sauvegarde des emplois, à la préservation des savoir-faire ainsi qu’à la dynamisation des économies régionales», continue Chantal Gentilhomme Daubré. La problématique de la transmission et reprise d’entreprises est loin d’être une nouveauté mais si hier l’urgence était de mise, la sonnette d’alarme apparaît réellement tirée aujourd’hui. En juin dernier, une note du Sénat pointait du doigt cette nécessité d’encourager la reprise d’entreprise et pas uniquement la création d’entreprise. 

«Le gouvernement communique davantage sur la création que sur la reprise d’entreprise alors que faute de repreneurs, les départs à la retraite des dirigeants déboucheront sur la disparition des entreprises» peut-on lire dans cette note sénatoriale. L’État, dans le cadre de la convention d’objectifs avec le réseau consulaire, a d’ailleurs missionner les CCI pour redynamiser la transmission et le reprise d’entreprises sur leurs territoires. Reste que ce marché demeure hyper confidentiel où l’aspect psychologique prend toute son importance. 

«Un chef d’entreprise même s’il a l’intention de céder son entreprise ne communique pas réellement sur le sujet de peur que cela se sache notamment auprès de ses clients, fournisseurs et personnel.» La nécessaire fluidification de ce marché apparaît plus qu’indispensable. À partir de l’année prochaine, la CCI Grand Nancy Métropole Meurthe-et-Moselle entend créer un événement annuel entièrement ciblé sur la transmission-reprise.

Valorisation et fonds propres

Transmission d’entreprises et fonds propres, même combat ! Début octobre, l’Aprofin (Association des professions de la finance) et Lorr’up, agence de développement économique Nancy Sud Lorraine signent une convention de partenariat histoire de proposer un genre de boîte à outils pour accompagner les entreprises au ratio de fonds propres jugée inquiétant. «Cette situation est souvent liée à l’âge du dirigeant qui traduit une situation potentielle de reprise à préparer», assure Charly Lalo, le directeur de Lorr’up. Une reprise à préparer, en valorisant son entreprise...