Entreprises

L'U2P Moselle au cœur des incertitudes hexagonales

Les incertitudes économiques et politiques actuelles ne contribuent pas à un climat de confiance pour les entreprises. L’Union des Entreprises de Proximité (U2P), qui représente des milliers d’entreprises en Moselle, tire le signal d’alarme.

L'U2P fédère un réseau de 120 organisations professionnelles nationales des métiers de l'artisanat, du commerce de proximité et des professions libérales.
L'U2P fédère un réseau de 120 organisations professionnelles nationales des métiers de l'artisanat, du commerce de proximité et des professions libérales.

540 entreprises sont tombées en défaillance entre le 1er janvier et le 30 septembre 2024 en Moselle, soit une hausse de 8 % par rapport à la même période de 2023. Malgré une confirmation de la décélération, le chiffre de 687 défauts sur douze mois glissés a été franchi dans le département. Ce qui laisse augurer un 4e trimestre peu engageant. On retrouve finalement en Moselle le diaporama hexagonal : une relative stagnation des sauvegardes, des redressements judiciaires en hausse, un repli des liquidations judiciaires. Lesquelles, tout de même, pèsent sept procédures sur dix. Plus de huit entreprises défaillantes comptent moins de cinq salariés. Les PME de moins de 50 salariés résistent quand les PME-ETI demeurent dans une situation tendue. À noter : les jeunes entreprises, créées à partir de 2022, continuent de résister. En revanche, elles ne sont généralement pas suffisamment solides pour permettre l’ouverture d’une période d’observation. 80 % sont immédiatement liquidées.

Repli général

On le voit, l’économie de proximité est au centre de cette grise spirale socio-économique. En Moselle, l’Union des Entreprises de Proximité (U2P), présidée par Séverine Stano, fait entrer dans son champ quelque 30 000 entités. Elles sont autant une mosaïque d’activités qu’un vrai levier d’attractivité dans nos communes. Relayant le point de conjoncture de sa centrale nationale, l’U2P Moselle partage le même constat d’inquiétude : «Le volume d’activité des entreprises de proximité a de nouveau reculé pendant la saison estivale, dans le prolongement de la période précédente : - 1,6 % par rapport au même trimestre en 2023, et - 1,5 % en tendance annuelle. Les écarts entre les résultats des différents secteurs se sont creusés, les artisans du bâtiment et des travaux publics subissant le recul le plus sensible (- 4,9 %). La baisse d’activité a également concerné la fabrication et les services (- 2 %) tandis que les entreprises de l’alimentation ont limité le repli à - 0,2 %. Du côté des professionnels libéraux l’activité est restée stable (0 %) à un an d’intervalle, après un premier semestre en retrait.»

Entreprises menacées

Les chefs d’entreprise consultés dans une enquête réalisée en octobre 2024 par Xerfi Specific pour le compte de l’U2P, auprès de 7 675 chefs d’entreprise issus des secteurs représentés par l’U2P, alertent sur une dégradation de leur trésorerie, 24 % envisageant une détérioration contre seulement 10 % qui ont indiqué une amélioration. Dans la même logique, ils ont anticipé une activité moins soutenue au 4e trimestre (22 %) avec seulement 7 % d’entre eux qui ont plutôt prévu une amélioration. Ainsi les Jeux olympiques et paralympiques de Paris n’auront pas permis d’inverser la tendance, certaines entreprises de proximité ayant même été pénalisées par l’événement pour différentes raisons : fermeture obligatoire, accès restreint pour les salariés et parfois pour le public, difficultés d’approvisionnement, désertion des quartiers extérieurs aux épreuves sportives… L'U2P assure : «Ces constats justifient s’il en était besoin l’action de l’U2P contre une série de mesures des projets de loi de Finances et de Financement de la sécurité sociale pour 2025, qui menacent directement l’avenir d’un grand nombre d’entreprises de proximité si elles devaient être adoptées. On pense notamment à la réduction des exonérations de charges sur les salaires compris entre 1 et 1,3 SMIC, à la remise en cause de l’accompagnement des employeurs d’apprentis ou encore à la hausse de la taxe sur l’électricité.»

Capharnaüm démocratique

Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier, et le capharnaüm qui a suivi, avec un Palais Bourbon sans majorité, dans un contexte budgétaire tendu et dégradé, les chefs d’entreprise vivent au rythme de ce cénacle décisionnaire chancelant. Pas bon pour la confiance, nécessaire pour investir et innover. Le projet de loi de finances 2025 actuellement en débats n’augure rien de rassurant. Devant ce qui ressemble souvent à un radeau de la méduse démocratique, rien d’étonnant, quand le jeu choisi par trop de parlementaires est de jouer la politique du chaos, que les Français plébiscitent un gouvernement technique plutôt que politique. Faire passer l’intérêt supérieur du pays avant le partisanisme. Pour beaucoup, cela fait partie, visiblement, d’un autre temps. Dans l’histoire, les plus pénalisées sont les entreprises de nos territoires. Et ceux qui les pilotent.