L'indice de réparabilité, perfectible, fait son chemin
Mon smartphone est-il aussi facile à réparer que l'affirment Apple ou Samsung ? Les testeurs de l'association Hop, qui lutte contre l’obsolescence programmée, ont passé au crible l'indice de réparabilité déployé depuis un an. Un outil globalement efficace, mais qui nécessite des ajustements, d'après l'organisation agréée par le ministère de l’Écologie.
Il n'a qu'une année d'existence, et déjà, la moitié des Français le connaissent. Le 28 février dernier, lors d'une conférence de presse en ligne, l'association Hop, Halte à l'obsolescence programmée, a dévoilé les résultats de son enquête sur la mise en œuvre de l'indice de réparabilité. Celui-ci consiste à indiquer sur des produits combien il est possible de les réparer, au moyen d'une note qui va de 1 à 10. Prévu par la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC), ce dispositif est obligatoire depuis le 1er janvier 2021, pour cinq catégories de produits : les smartphones, ordinateurs portables, téléviseurs, lave-linge à hublot et tondeuses à gazon électriques. L'outil est-il conçu de manière efficace ? Les marques sont-elles sincères dans l'appréciation de la réparabilité de leurs produits ? L'association a cherché à vérifier la véracité des notes de six produits (3 smartphones, 2 ordinateurs portables, télévision) de diverses marques (Philips, Apple, Acer...). Globalement, «les marques ont plutôt joué le jeu. Toutefois, elles se sont montrées généreuses dans leurs appréciations», note Lætitia Vasseur, déléguée générale de Hop. Dans le détail, les testeurs ont obtenu des scores inférieurs à ceux affichés par les fabricants dans cinq cas sur six ! Dans trois cas, l'écart atteint 1,5 point sur 10 (soit 15 % entre la note du fabricant et la note recalculée par HOP). Sur cette base, l'association signale officiellement ces cas à la DGCCRF, Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. Depuis ce mois de février, celle-ci a le pouvoir d'enquêter et de sanctionner ce type de dérives.
Jugé utile par les trois quarts des utilisateurs
Mais au-delà du comportement plus ou moins vertueux des marques, les tests menés par l'association mettent en lumière plusieurs faiblesses dans la conception même de ce nouvel outil. Et en particulier, le fait que les cinq critères qui concourent à l'indice pèsent le même poids. Une erreur, pour HOP. En effet, par exemple, «certains produits dont des pièces sont soudées ou collées obtiennent une note qui peut aller jusqu'à 8 sur 10», illustre Lætitia Vasseur. C'est le cas pour les deux appareils Apple et le smartphone Samsung, aux notes élevées. Or, pour l'association, le fait d'être facilement démontable devrait constituer un critère particulièrement important, tout comme celui de la disponibilité des pièces de rechange. Ainsi, pour HOP, le score (7,6/10) du smartphone de Vivo Y21s est «critiquable» : la marque ne commercialise aucune pièce détachée, bloquant ainsi la réparation par des professionnels indépendants ou par les consommateurs eux-mêmes. Outre une pondération des critères, l'association propose d'autres améliorations à apporter à l'indice. Dont une plus grande transparence sur le processus d'élaboration de la note par les marques. Mais au-delà de ces critiques et réserves, «globalement, l'indice est plutôt bien fait», juge Lætitia Vasseur. Et son amélioration est d'autant plus souhaitable que, d'après l'association, cet outil a déjà séduit les Français. : «76% de ceux qui l'ont utilisé trouvent que cela a été utile. Il peut faire la différence sur les choix de consommation», révèle Lætitia Vasseur. Dans le même sens, c'est un peu plus de la moitié des consommateurs qui connaissent l'outil, un record, après une année seulement d'existence. Toutefois, note l'étude, l'indice est aujourd'hui très inégalement diffusé entre les cinq catégories de produits : les smartphones constituent de loin la catégorie pour laquelle il est le plus appliqué. En revanche, il se fait plus rare pour les ordinateurs portables : seuls 28 % des clients qui le cherchaient l'ont trouvé. Or, l'enjeu écologique est de taille : aujourd'hui, 44 % seulement de ce type de produits électriques et électroniques sont réparés lorsqu'ils tombent en panne…