L'Etat au chevet des activités stratégiques d'Atos après l'échec de la vente à Airbus

Le gouvernement français va aller au chevet des activités stratégiques du groupe informatique Atos, en pleine déconfiture et dont l'avenir s'est encore assombri mardi avec l'arrêt par Airbus des négociations de rachat d'une partie de...

Logo d'Atos, photographié le 4 avril 2019 © ERIC PIERMONT
Logo d'Atos, photographié le 4 avril 2019 © ERIC PIERMONT

Le gouvernement français va aller au chevet des activités stratégiques du groupe informatique Atos, en pleine déconfiture et dont l'avenir s'est encore assombri mardi avec l'arrêt par Airbus des négociations de rachat d'une partie de ces activités, censé lui apporter de l'argent frais.

"L'Etat construira dans les prochaines semaines une solution nationale de protection des activités stratégiques" d'Atos, a annoncé le ministère de l'Economie, alors qu'Atos, fournisseur technologique des JO de Paris, a subi un nouveau revers avec l'arrêt des négociations avec Airbus.

Intéressé par les activités "Big Data" et Sécurité d'Atos (BDS), l'avionneur européen a choisi de mettre un terme aux discussions annoncées en janvier, "après un examen attentif de tous les aspects d'une éventuelle acquisition", a-t-il indiqué dans un communiqué.

Le gouvernement français "prend acte de l'arrêt des discussions" et "utilisera tous les moyens à sa disposition pour garantir la protection des activités stratégiques" du groupe, notamment la partie BDS d'Atos, a précisé Bercy, indiquant que "tous les intérêts de la France seront préservés". 

Quelques semaines après l'échec des discussions menées entre Atos et le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky pour lui céder une de ses branches, c'est un nouveau coup dur pour un des anciens fleurons de la "tech" française, dont le niveau d'endettement affole les investisseurs, avec 3,65 milliards d'euros d'emprunts et obligations à rembourser ou refinancer d'ici fin 2025.

Or, il avait précédemment indiqué que les discussions avec Airbus concernaient un périmètre dont la valeur d'entreprise oscillait entre 1,5 et 1,8 milliard d'euros.

Dans un communiqué distinct, Atos a précisé qu'il "analys(ait) la situation" qui en résulte. Atos possède en effet des supercalculateurs, notamment utilisés dans la défense et le nucléaire, des secteurs cruciaux.

"La priorité constante de l'Etat est d'accompagner le groupe Atos et de dégager des solutions pour stabiliser sa situation financière et donner toute la visibilité nécessaire aux parties prenantes, en particulier les salariés de l'entreprise", a encore souligné Bercy. 

L'interruption des discussions concernant BDS entraîne le report sine die de la publication des résultats 2023 de l'entreprise, prévue mercredi, et déjà repoussée une première fois fin février.

Pas de signe d'alerte pour les JO

Déjà morose, l'avenir du groupe devient encore un peu plus flou. 

Le projet de restructuration, entamé avec la scission d'Atos en deux entités annoncée à l'été 2022, patine et les investisseurs n'ont guère de motifs d'espoir.

Ces nouvelles secousses ont fait dévisser le cours d'Atos à la Bourse de Paris, qui affichait en clôture une chute de 19% à 1,74 euro, après être descendu jusqu'à 1,62 euro. Depuis le début de l'année, le plongeon frôle les 70%.

Des actionnaires minoritaires, réunis dans l'association Union des actionnaires d'Atos constructifs (UDAAC), ont renouvelé mardi leur souhait que la gouvernance de l'entreprise procède à la suspension du cours pour "six mois renouvelable". 

Selon Hervé Lecesne, coprésident de l'UDAAC, "le cours de Bourse n’a plus aucune signification économique et les acteurs sont plongés dans l’irrationnel".

Le groupe avait par ailleurs annoncé début février la nomination d'une mandataire ad hoc, Hélène Bourbouloux, qui s'est notamment chargée des dossiers Casino et Orpea. Elle s'est vu confier la mission de négocier avec 22 établissements bancaires, sous l'œil attentif de Bercy.

Dans les prochains mois, Atos doit aussi être un des piliers de l'organisation des JO-2024, notamment en hébergeant les données personnelles des participants et en fournissant ses services en matière de cybersécurité.

Interrogé mardi par Le Figaro pour savoir si la situation du groupe pourrait avoir des répercussions sur ces événements sportifs planétaires, le directeur général de l'Anssi, le gendarme français de la sécurité informatique, s'est voulu rassurant.

"Evidemment, nous avons une vigilance particulière compte tenu des difficultés que la société a pu rencontrer mais je n'ai aujourd'hui aucun signe d'alerte lié à la situation du groupe qui se répercuterait sur la sécurité de ce qu'ils font pour les Jeux. Nous les suivons de près pour s'assurer qu'il n'y a pas de dérives. Mais il n'y en a pas aujourd'hui", a affirmé Vincent Strubel.

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