Economie
L'ESS promeut la pratique de l'auto-réparation
Le réseau national des ressourceries et recycleries développe l'auto-réparation, accompagnant chacun pour réparer grille-pain ou vélo... La pratique se veut écologique et solidaire. Mais ces ressourceries pourraient bien pâtir du contexte budgétaire actuel.
A contre-courant d'une société basée sur la consommation, il est un usage qui se développe : « l'auto-réparation », portée par le secteur de l'ESS, Economie sociale et solidaire. C'est ce que révèle le rapport « Observatoire National des ressourceries et recycleries. Données 2022 » du réseau national des ressourceries et recycleries. Fondé en 2000, il est essentiellement constitué de 215 structures situées un peu partout en France. Aujourd'hui, environ 30% d'entre elles proposent un service d’auto-réparation (pour le vélo, le mobilier ou encore le textile), contre 23 % en 2021. Et près de 40% d'entre elles envisagent de développer cette nouvelle activité. Concrètement, les usagers peuvent venir dans des ateliers où ils trouvent l'espace et l'outillage nécessaire à la réparation de leurs objets. Et aussi, dans certains cas, l'aide de bénévoles ou de salariés. Un réseau spécifique dédié à l'auto-réparation a même vu le jour : les « repair cafés » ouverts à tous, qui se sont multipliés dans le monde entier. Le premier d'entre eux a été fondé par Martine Postma, écologiste militante, en 2009 à Amsterdam, aux Pays Bas.
Selon l'Observatoire, les activités de l'auto-réparation « contribuent à la fois à l’acquisition d’une culture de la réparation et à l’augmentation du nombre de produits réparés » . Elles s'inscrivent donc en complément logique des activités principales des ressourceries et recycleries, la collecte des déchets ménagers (ameublement, électronique...), leur valorisation et leur redistribution, via le don ou la vente. Avec pour objectif de procurer ces produits à des personnes qui en ont besoin, gratuitement ou à très faible prix, et aussi, d'assurer une partie des ressources des structures.
Activité croissante et modèle à risque
Au delà de l'auto-réparation, le réseau national des ressourceries et recycleries connaît un développement global de son activité. En 2022, ces structures ont collecté 58 402 tonnes d’objets divers, contre 52 759 en 2021, soit une progression de 10,7%. Il s'agit avant tout de mobilier (19 373 tonnes) et de vêtements ( 16 316 tonnes ). L'ensemble de ces objets est valorisé à 94%. La moitié part vers les filières à REP, Responsabilité élargie des producteurs, ou par recyclage, 44%, vers le réemploi solidaire. Au total, le réseau emploi 7 180 salariés ( dont 60% en CDDI, Contrat à durée déterminée d’insertion), 171 personnes en service civique et 4 187 bénévoles.
Au niveau du financement, l'Observatoire constate une baisse tendancielle des soutiens publics aux ressourceries et recycleries. Aujourd'hui, 56% de ces ressourceries et recycleries sont des SIAE (Structures d’insertion par l’activité économique). A ce titre, elles sont parties prenantes dans les programmes de lutte contre le chômage et dans l’inclusion des personnes dans la société sur des métiers soutenables. Et plus de la moitié de leurs ressources proviennent de soutiens publics (45%, des aides à l’emploi et 17%, d'autres subventions). La part des ventes des produits reconditionnés dans leur financement s'élève à 29%, celles de prestations 6%, et les contributions d'éco-organisme 1%. Un modèle de fonctionnement à haut risque dans le contexte budgétaire actuel.