L’ère des réseaux «sauvages»...

Les réseaux dits sauvages ! Ces regroupements informels d’entrepreneurs sont apparus au plus fort de la crise sanitaire. Corporatistes, genrés voire à la limite du militantisme, ils semblent commencer à prendre réellement leur place dans l’univers local. Ce genre de communautés d’entrepreneurs apparaît en devenir.

Une frange de la population entrepreneuriale ne semble plus trouver sa place dans les réseaux traditionnels. Ces réseaux, dits «sauvages», apparus pendant la crise sanitaire, perdurent et se structurent.
Une frange de la population entrepreneuriale ne semble plus trouver sa place dans les réseaux traditionnels. Ces réseaux, dits «sauvages», apparus pendant la crise sanitaire, perdurent et se structurent.

Les réseaux traditionnels ont-ils du souci à se faire ? Dans un contexte où les clubs et réseaux professionnels, ayant pignon sur rue depuis plusieurs dizaines d’années, sont aujourd’hui à la reconquête d’une certaine légitimité (donc pas extension d’adhérents, il faut bien vivre), la réponse semble tendre vers l’affirmative. La typologie des entrepreneurs change, bon nombre de nouveaux aventuriers de l’entrepreneuriat ne semblent plus réellement se retrouver dans l’image encore actuelle des clubs et réseaux traditionnels. «Nous travaillons énormément sur notre approche, nos services. Si nous gardons notre ADN, l’adaptation est vitale pour notre pérennité. Il est certain qu’aujourd’hui nous renforçons nos actions de captation d’adhérents en tentant de répondre aux nouvelles aspirations des nouveaux entrants dans l’écosystème entrepreneurial», assure une représentante nancéienne d’un réseau d’accompagnateurs de chefs d’entreprise à fort potentiel. Aujourd’hui, d’après les chiffres de plusieurs organismes, 25 % des entrepreneurs sont adhérents au moins à un club d’affaires. Et les 75 % restant ? Force est de constater que la galaxie des réseaux et clubs d’entreprises apparaît encore trop peu connue d’une grande majorité du tissu économique. «La question de la légitimité de certains réseaux n’est pas nouvelle. La crise sanitaire a renforcé cette donne. Au plus fort de la crise, plusieurs professionnels avaient un besoin informel d’échanger, de se rencontrer et de tenter de trouver de nouveaux mécanismes pour se permettre de se relancer», constate un chercheur de l’université de Lorraine spécialisé dans l’entrepreneuriat. Les réseaux traditionnels, du moins les plus solides et les moins sous-tension par rapport aux dommages collatéraux causés par la crise sanitaire, ont tenté de répondre aux préoccupations de l’écosystème entrepreneurial. Reste que cela ne semble pas avoir suffi !


Collectif et militant

À l’époque, pas si vieille que cela, le terme de réseaux dits sauvages a été lancé par certains. Un genre d’alternative aux réseaux traditionnels existants. Leur existence aurait pu paraître comme éphémère, un genre de «one shot» lié à la problématique du moment. Le phénomène pourrait bien continuer à perdurer, se nourrissant d’un besoin d’autre chose en matière de liens entre les composants de l’écosystème entrepreneurial. Des réseaux d’un nouveau genre où les aspirations à être acteur du développement économique local perdurent mais d’une façon différente. Les grandes causes actuelles à l’image de la consommation raisonnée, la prise de conscience de l’urgence climatique (qui n’est plus une urgence, c’est un fait avéré), la volonté d’inclusion voire à l’extrême l’ère de la déconsommation, sont autant de raisons qui poussent aujourd’hui une partie nouvelle de l’écosystème entrepreneurial local à bâtir une nouvelle typologie de réseaux. Des réseaux, aux allures de véritables collectifs frôlant quasiment avec le militantisme (au sens noble du terme). La sphère de l’économie sociale et solidaire s’affiche comme un terreau fertile pour cette nouvelle typologie de regroupements qui se structurent de plus en plus au point d’entrée dans une véritable forme de professionnalisation. Les réseaux 100 % féminins ont été à l’époque, les précurseurs de cette tendance qui gagne aujourd’hui l’ensemble des aspirations sociétales. «Ce n’est pas parce que vous êtes entrepreneur que vous n’avez pas une âme militante sur certains aspects sociétaux», assure une jeune cheffe d’entreprise bataillant ferme pour faire passer son idée nécessaire de consommation responsable et raisonnée. À l’instar de cette entrepreneuse, bon nombre sont aujourd’hui présents dans les réseaux traditionnels car certains véhiculent (encore) des valeurs auxquelles cette nouvelle tranche de la population entrepreneuriale aspire. Jusqu’à quand ?

Acteur mais pas seulement...

Être acteur du développement économique local ! C’est le point commun et l’ambition partagée de la quasi-totalité des clubs et réseaux présents sur le territoire. Reste qu’aujourd’hui, certains aspirent à plus, voire beaucoup plus. Les nouvelles typologies de regroupements qui s’opèrent aujourd’hui entre certains professionnels, sont encore au stade informel. Leur structuration évolue. L’ère des nouveaux réseaux est en marche...