Entreprises
L’enquête qui révèle le moral et la santé des chefs d’entreprises durant ces crises
Dans un contexte socio-économique tendu et incertain, les chefs d’entreprise gardent leur volonté d’avancer et leur motivation pour affronter les mois à venir. C’est l’enseignement principal du baromètre OpinionWay - Fondation MMA des Entrepreneurs du Futur «Forme et état d’esprit des dirigeants 2022 (8e édition)». Une instructive synthèse qui évoque aussi l’état psychique et de santé général de ces chefs d’entreprise. En Moselle, la sphère entrepreneuriale s’y reconnaîtra forcément.
On ne peut plus parler de transitions douces, mais bien de bouleversements et de mutations en profondeur de nombreux paramètres sociétaux depuis les débuts de la crise de la Covid-19, au printemps 2020. Une accélération de paramètres, un basculement des lignes souvent spectaculaires. Depuis, les crises se superposent, des conséquences systémiques de la guerre en Ukraine à une inflation record jusqu’aux incertitudes sur l’ampleur de la crise énergétique à l’entrée de l’automne. On a connu climat plus serein. Le monde de l’entreprise n’est pas épargné. Il est même au cœur de cette tempête. Le tissu de nos PME et TPE qui sont source d’attractivité pour les territoires et de dynamisme local en termes d’emplois et d’économie de proximité est directement impacté. Une entreprise, rappelons-le, ce n’est pas uniquement un chiffre d’affaires, mais aussi un maillage d’interaction sociale, de synergies collectives et d’épanouissements personnels des individus qui la vivent et la font vivre au quotidien.
Des difficultés bien réelles
La Fondation d’entreprise MMA des Entrepreneurs du Futur a sondé les dirigeants de TPE/PME et ETI sur leur forme et leur état d’esprit en cette période troublée. L’enquête, conduite avec OpinionWay auprès de 1 500 dirigeants de TPE, PME et ETI, a interrogé ces femmes et hommes qui sont partagés entre leurs inquiétudes et leur volonté d’avancer en cette fin d'année 2022. 41 % abordent cette période dans une démarche de continuité et 34 % évoquent plutôt un climat d’incertitude. À noter que les dirigeants les plus jeunes, les moins de 35 ans, sont plus enclins à voir dans cette période la possibilité de faire émerger des opportunités. Loin de se montrer fatalistes, les femmes et hommes sondés sont 52 % à se montrer positifs - motivés et confiants - pour aborder cette période. Un peu moins d’un décideur sur trois avoue se montrer plutôt attentiste. Enfin, 15 % des chefs d’entreprise de TPE font état d’un sentiment de découragement, ne souhaitant plus lancer de nouvelles initiatives. 51 % des dirigeants se montrent toujours positifs pour l’avenir de leur activité. Cependant, dans le contexte social, économique et géopolitique actuel, la proportion de chefs d’entreprise à se dire inquiets augmente de 10 points sur un an pour atteindre 49 %. Interrogés sur leurs plus forts sujets de préoccupation, les dirigeants évoquent l’augmentation des coûts de fonctionnement de l’entreprise (énergie, achats), le contexte social et les difficultés d’approvisionnement. Le recrutement devient un enjeu de plus en plus sensible, cité par 50 % des décideurs, en hausse de 8 points sur un an. Un sujet d’autant plus problématique chez les ETI qui sont 80 % à évoquer cet enjeu. L'augmentation des salaires, comme le remboursement du prêt garanti par l'État, apparaît moins un problème urgent. Pour assurer leur pérennité, les décideurs misent en priorité sur la rationalisation des coûts et sur les circuits courts. 70 % des dirigeants prévoient d’intégrer à leur plan d’action au moins une mesure qui répond aux enjeux RSE. Ces politiques «anti-crise» sont de plus en plus structurées à mesure que la taille de l’entreprise augmente. De nouvelles formes de management ou la diversification des services ne sont pas ici majoritairement cité. C’est l’un des points de vigilance qui émergent de cette enquête. 66 % des chefs d’entreprise anticipent déjà sur la nécessité de prioriser leur vie professionnelle au détriment de leur vie personnelle. Une proportion en hausse de 11 points sur un an. On note ici aussi une différence notable entre les dirigeants de TPE/PME et ETI. Ces derniers sont en effet moins nombreux à estimer devoir rogner sur leur équilibre de vie (54 % vs. 66 % chez les TPE et PME).
Des troubles physiques plus présents
L’enquête révèle que les dirigeants progressent aujourd’hui avec le sentiment unanime d’être soutenus par leurs proches, leurs équipes, mais aussi leurs clients et partenaires. À l’inverse, 58 % des sondés pointent un manque d’adhésion des institutions (banques, administrations). Une situation encore très différente selon la taille de l’entreprise puisque 63 % des dirigeants d’ETI estiment au contraire pouvoir compter sur leur soutien. Pour se ressourcer, les moments en famille, les loisirs culturels et le sport restent les solutions les plus prisées par les dirigeants. Cependant, les femmes et hommes interrogés confient déjà être moins à l’écoute d’eux-mêmes en 2022. Ils sont 28 % à n’avoir mis en place aucune démarche pour prendre soin d’eux, une proportion en hausse de 8 points sur un an. Assez logiquement, les troubles physiques semblent plus présents qu’il y a un an. On retient en particulier le mal de dos, les douleurs articulaires et les troubles oculaires. Ulcères, troubles de l'audition, troubles cardiaques - comme l'arythmie - sont cités. 69 % des sondés évoquent au moins un trouble de santé et citent en moyenne un peu plus de trois types de maux. Quant aux troubles qui ont le plus affecté leur bien-être professionnel, les dirigeants évoquent aujourd’hui en priorité la fatigue, le stress et la nervosité. Pour améliorer leur quotidien, les dirigeants reconnaissent principalement les bienfaits de l’hygiène de vie et de l’activité physique Ils ont à l’inverse tendance à sous-estimer l’importance des pratiques bénéfiques aux dimensions psychologiques - hormis le sommeil - et intellectuelles. On le voit, à la lecture de ce panorama, ces chefs d'entreprise, aventuriers de nos temps contemporains, ne désarment pas face à l'adversité. Raison de plus pour les soutenir davantage... Du moins, ne pas empiler les entraves diverses et variées à leur destination...
. Méthodologie : étude réalisée par l’institut OpinionWay pour la Fondation MMA des Entrepreneurs du Futur auprès d’un échantillon de 1 500 chefs d’entreprise : directeurs, gérants ou membres de CODIR/COMEX de TPE, PME et ETI (de 1 à 4 999 salariés). L’échantillon a été interrogé du 18 juillet au 23 août par téléphone. La représentativité de l’échantillon est assurée par un redressement sur les critères de taille d’entreprise et de secteur d’activité, après stratification par région de résidence.
«Les chefs d'entreprise avancent avec le soutien inconditionnel de leurs proches, leurs équipes et leurs clients. En revanche, une majorité pointent un manque d'adhésion des institutions.»