BTP

L’engagement d’une vie au service du bâtiment…

Président de la Fédération BTP Moselle, de BTP Formation Moselle et de la compagnie des juges consulaires de Sarreguemines, Pierre Schaeffer est animé d’une passion jamais altérée. Homme de proximité et de relations humaines, il scrute l’actualité du bâtiment avec bon sens et un optimisme pragmatique.


L’engagement d’une vie au service du bâtiment. © Guillaume Ramon.
L’engagement d’une vie au service du bâtiment. © Guillaume Ramon.

Pierre Schaeffer est un personnage incontournable dans le paysage entrepreneurial mosellan. Président de la Fédération BTP Moselle, de BTP Formation Moselle et des juges consulaires de Sarreguemines : «Tout cela bénévolement», précise-t-il. Originaire de Meisenthal - où il réside toujours -, il demeure un infatigable défenseur passionné et passionnant de ce secteur du bâtiment dont il connaît si bien le caractère. Dans ses mots, pas de circonvolutions sémantiques, quitte à sortir des éléments de langage convenus. Engagé : un terme approprié pour décrire son parcours. Entamer la conversation avec lui, c’est assurément se placer sur le chemin du bon sens. Il rappelle quelques données quant à cette fédération qui est, en quelque sorte, sa seconde maison : «1 200 entreprises fortes de 13 000 salariés, dont 75 % de TPE qui comptent en moyenne huit salariés, et qui réalisent 1,4 Mds€ de chiffre d’affaires.» Pierre Schaeffer a repris, à 26 ans, l’entreprise de sanitaire, couverture et chauffage créée par son père Lucien en 1949 à Meisenthal. «Je l’ai développé grâce à l’apprentissage et dirigé vers des activités tournées vers les collectivités et l’industrie. Nous sommes passés de 7 à 40 salariés», poursuit-il. En 2011, il vend Schaeffer & Cie au groupe Dorkel, pour lequel il va d’ailleurs continuer à travailler.

Dans le top 10 des fédérations du BTP hexagonal

Depuis 2018, Pierre Schaeffer est à la tête de la très active Fédération BTP Moselle, l’une des dix plus importantes de France. Aux côtés des équipes de bénévoles et salariés qui l’entourent, il martèle cet objectif renouvelé au quotidien «défendre les intérêts de notre branche, de nos métiers, de ceux qui les font vivre.» Sous ses trois mandatures consécutives s’animent de dynamiques groupements d’arrondissement pour la fédération, à Metz, Thionville, Boulay-Forbach, Moselle Sud et Sarreguemines. Une proximité et un maillage essentiels à ses yeux : «Il nous faut tenir compte des réalités territoriales, répondre à nos entreprises sur des questions aussi essentielles que le juridique, l’emploi, la formation... Nous sommes à leur disposition par nos services.» À l’heure de l’incertitude économique, Pierre Schaeffer et ses collègues ont du pain sur la planche : «la dégradation de la situation du logement est préoccupante tout comme la complexité administrative, les normes qu’on rajoute aux normes, et bien sûr la main-d’œuvre qui fait défaut.» Sur ce dernier point, il assure : «On ne le dit pas assez, mais ce sont des métiers valorisants, intéressants, avec des salaires très corrects.» En Moselle, comme ailleurs, les luttes que doivent mener les professionnels du bâtiment et leurs représentants sont décisives pour l’avenir de la branche : rétablissement d’un Prêt à Taux Zéro Universel, d’un dispositif de soutien à l’investissement locatif, adaptation de l’objectif «ZAN» aux réalités des territoires, stabilisation de MaPrimeRénov’, révision du dispositif REP Bâtiment (responsabilité élargie du producteur), limitation de la sous-traitance «sauvage», maintien d’une politique de soutien à l’apprentissage, révision du montant de la franchise de TVA afin de pouvoir être armés contre la concurrence des micro-entreprises et des entreprises européennes intervenant en France au 1er janvier 2025. Tous ces dossiers sont bien sûr liés au législateur. D’où cette nécessité de nouer des relations régulières entre la fédération et les parlementaires locaux.

L’apprentissage, vecteur essentiel

L’un des grands engagements de Pierre Schaeffer est l’apprentissage. Rien d’étonnant qu’il soit le président de BTP Formation. La structure assure la gestion des CFA BTP de Montigny-lès-Metz - qui fête cette année ses 50 ans - et de Sarreguemines. 1 100 apprenants sont accueillis dans les deux établissements dispensant une trentaine de formations en alternance dans l’ensemble des métiers du Bâtiment et des Travaux Publics, sur des niveaux allant du CAP à l’ingénierie : ils ont respectivement bénéficié d’un investissement de 13 M€ et de 2 M€. À Montigny-lès-Metz, 500 000 € sont investis tous les ans en nouveaux matériels. Pierre Schaeffer cite l’une de ses fiertés : «Le taux de réussite de nos apprentis à l’issue de leur examen est de 90 %. Leur taux d’insertion une fois leur cursus terminé est de 96 %. C’est essentiel pour répondre aux besoins en recrutement.» Ajoutant : «Quand j’ai transmis l’entreprise familiale, 75 % des salariés étaient issus de l’apprentissage. Les métiers du bâtiment, ce ne sont pas seulement des métiers manuels, mais aussi d’encadrement… et des chefs d’entreprise. Ces acteurs du BTP sont d’abord des femmes et des hommes de terrain.» Si la branche est attractive à bien des égards, évolue, est au centre des transitions énergétiques et environnementales, a intégré des process numériques, il n’empêche, le nerf de la guerre est de recruter… et de fidéliser.

Les relations humaines comme fil rouge

Cela passe forcément par une sensibilisation des jeunes (et de leurs familles). S’il voit les regards changer positivement, Pierre Schaeffer demeure prudent : «Nous venons de loin. Longtemps, on a dévalorisé les métiers manuels. Allez savoir pourquoi. Nous remontons la pente, du chemin a été fait… mais du travail reste à accomplir. Ces métiers, pour les pratiquer, il faut les comprendre, les apprécier.» D’où de régulières interventions de la Fédération BTP Moselle dans le monde scolaire, à l’occasion de forums, lors d’opérations : «Ton métier, ton avenir», «Les coulisses du bâtiment» ouvrant ici à plus de 1 000 collégiens les portes de chantiers à Metz, Sarreguemines et Sarrebourg. Et aussi sur un champ plus large avec ce but de sensibiliser les salariés en reconversion et le grand public. Le dispositif formation s’appuie sur 80 salariés. Regard volontiers bienveillant, résolument optimiste, Pierre Schaeffer avance avec son meilleur carburant : les relations humaines. «Je veux qu’au sein de la fédération nos artisans, entrepreneurs et partenaires se sentent bien. Nous avons fait réaliser un audit interne auprès de nos adhérents par un cabinet expert quant à leur perception de nos services. 93 % se sont dits satisfaits. Cela nous conforte dans notre état d’esprit. À notre dernier barbecue à la Grange de Condé, nous étions 400. Ces moments conviviaux permettent de nouer des liens, de relâcher la pression.» Le secteur du BTP doit composer ces dernières années avec des crises successives et leurs répercussions systémiques comme la hausse des prix des énergies, la pénurie de matériaux. Face à ces vents contraires, Pierre Schaeffer garde le cap : «On dit toujours que quand le bâtiment va, tout va. Je dirais plutôt : il y aura toujours besoin de construire !» Cohérent, clairvoyant, combatif : on peut voir Pierre Schaeffer comme un sherpa du BTP local. Le temps a passé. L’époque de l’école communale de Meisenthal, du collège à Strasbourg, du lycée technique de la Meinau, devenu Couffignal, est désormais couleur sépia. Pierre Schaeffer y a puisé une forme d’humilité responsable et une aisance situationnelle qui le guident aujourd’hui. «Son» BTP, il l’aime. Vraiment.

Le CFA de Montigny-lès-Metz fête ses 50 ans cette année. © Guillaume Ramon.


Luc Ferry invité d’honneur de l’assemblée générale

Le jeudi 24 octobre, dans l’écrin du FC Metz Stadium, la Fédération BTP Moselle tiendra son assemblée générale. Aux séances ordinaire puis extraordinaire succédera la session publique, à 18 h, autour du président Pierre Schaeffer. À 18 h 45, un invité de renom prendra part aux débats : l’ancien ministre, philosophe et auteur de nombreux ouvrages traduits dans le monde entier, Luc Ferry. On connaît la pertinence d’analyse du personnage. Les thèmes du jour : «L’intelligence artificielle : un enjeu déterminant pour l’avenir» et «Arrêt sur image sur la situation politique du pays» seront forcément inspirants pour la salle.