L'édition de logiciels maintient le cap

Les Hauts-de-France représentent l’un des principaux foyers d’éditeurs de logiciels en France. Selon le nouveau rapport rendu par le cabinet EY (14ème édition du panorama des éditeurs), ce marché porteur enregistre une croissance positive à l’échelle régionale et crée de l'emploi sur le territoire. Mais sur quoi reposent les investissements des éditeurs ? Se développent-ils au-delà des frontières ? Et comment les acteurs s’emparent de l’IA générative ? Décryptage.

L'étude révèle en effet que 56% des éditeurs intègrent des fonctionnalités d'IA. © APEC-Hauts-de-France-Gorodenkoff
L'étude révèle en effet que 56% des éditeurs intègrent des fonctionnalités d'IA. © APEC-Hauts-de-France-Gorodenkoff

Malgré un contexte économique global complexe, l’édition de logiciels fait preuve de résilience. En effet, le marché se porte bien et va jusqu’à créer de l’emploi. Le chiffre d'affaires des éditeurs sur la partie Nord de France représente 700 millions d'euros, soit une croissance de 9% en 2023 contre 14% en 2022. «On observe une croissance légèrement moins rapide en 2023» commente Olivier Charles, audit et business developpement chez E&Y. Parmi les principaux acteurs en région, on retrouve en tête Isagri et ses 295 millions d'euros de chiffre d'affaires en édition, Generix Group juste derrière (96,8 M€), Nacon (Bigben) en troisième place (86,1 M€), puis Evolucare Technologies (48 M€) et Groupe Positive (44,6 M€).

Rentabilité et recrutement

L'étude révèle que 80% des éditeurs locaux réalisent un bénéfice d’exploitation. «Nous sommes sur des chiffres très proches de l’étude nationale car à l’échelle France, 82% des éditeurs sont rentables», indique Celine Skica Tarlet, de E&Y. En Nord de France, 33% des chiffres d'affaires sont réalisé à l’international contre 56% à l'échelle nationale. Mais deux éditeurs locaux font exception à la règle.

Wiiisdom qui affiche +8% de croissance en 2023, réalise 78% de son CA à l’export contre 20% en France. «Nous avons une capacité à se projeter à l’international, c'est salvateur pour nous», témoigne Tony Sansico, directeur marketing chez Wiiisdom. Fort de ses 17 ans d’expérience, Wiiisdom a d'ailleurs ouvert un bureau à Boston. Ses effectifs ont d’ailleurs augmenté de 20% au cours des deux dernières années. De son côté, le groupe Positive (ex-Sarbacane), qui réalise 63% de croissance organique et externe, affiche 49% de son chiffre d'affaires à l’export.

En 2025, 69% des éditeurs prévoient d’augmenter leurs effectifs, signe de la bonne santé de la filière. L'année 2023 avait déjà été marquée par une vague de recrutements portée notamment par le groupe positive et Isagri. 34% des effectifs étaient liés à la R&D.

Cap sur la RSE

Entre modèle Saas, RSE et intelligence artificielle, le moins que l'on puisse dire, c'est que les éditeurs ont du pain sur la planche. La Responsabilité sociale et environnementale (RSE) est en effet au cœur des enjeux : 81% des éditeurs ont initié une démarche structurée en ce sens, et plus de la moitié réalisent des bilans carbone. C’est le cas de Wiiisdom, très investi en matière de RSE : «Nos clients nous l’imposent et c'est également un facteur de fidélisation de nos employés». Le groupe Positive, lui, a inscrit la RSE dans sa politique «il y a déjà bien longtemps». Celle-ci se traduit par exemple par un accès au capital par les salariés ou encore une égalité de rémunération. L’éditeur Maxing, qui affiche notamment +17% de CA cette année, a également opéré un virage RSE il y a deux ans, davantage axé sur la partie sociale avec un accompagnement des séniors.

«Concilier l'IA et la souveraineté»

L’IA agite également le secteur ; certains éditeurs resoclent leurs bases avec cette dernière. «L’IA challenge notre roadmap et permet de faire le tri entre acteurs flexibles ou au contraire, ceux qui ne veulent pas changer», expose Mathieu Tarnus, CEO du groupe Positive. Wiiisdom a également intégré l’IA au coeur de tous ses métiers. L'entreprise Maxing, elle, a intégré deux ingénieurs data IA et s’est faite pour cela accompagner par Hyko.

L'étude révèle en effet que 56% des éditeurs intègrent des fonctionnalités d'IA. Le groupe Neoledge, qui affiche 29% de croissance, s'est doté d'un laboratoire de R&D dans ce domaine. «L'enjeu c'est de concilier l’IA et la souveraineté, dépasser l’aspect gadget». Enfin, inébranlable moteur de la croissance, l'innovation est au cœur des stratégies des éditeurs. 31% des personnels des pure players se consacrent à la R&D, signe de son importance.

Mathieu Tarnus, CEO du groupe Positive.