L'édition de logiciels maintient le cap
Les Hauts-de-France représentent l’un des principaux foyers d’éditeurs de logiciels en France. Selon le nouveau rapport rendu par le cabinet EY (14ème édition du panorama des éditeurs), ce marché porteur enregistre une croissance positive à l’échelle régionale et crée de l'emploi sur le territoire. Mais sur quoi reposent les investissements des éditeurs ? Se développent-ils au-delà des frontières ? Et comment les acteurs s’emparent de l’IA générative ? Décryptage.
Malgré
un contexte économique global complexe, l’édition de logiciels
fait preuve de résilience. En effet, le marché se porte bien et va
jusqu’à créer de l’emploi.
Le chiffre d'affaires des éditeurs sur la partie Nord de France
représente 700 millions d'euros, soit une croissance de 9% en 2023
contre 14% en 2022. «On observe une croissance légèrement
moins rapide en 2023» commente Olivier Charles, audit et business
developpement chez E&Y. Parmi les principaux
acteurs en région, on retrouve en tête Isagri et ses 295 millions
d'euros de chiffre d'affaires en édition, Generix Group juste derrière
(96,8 M€), Nacon
(Bigben) en troisième place (86,1 M€), puis Evolucare Technologies
(48 M€) et Groupe Positive (44,6 M€).
Rentabilité et recrutement
L'étude révèle que 80% des éditeurs locaux réalisent un
bénéfice d’exploitation. «Nous sommes sur des chiffres
très proches de l’étude nationale car à l’échelle France,
82% des éditeurs sont rentables», indique Celine Skica Tarlet, de E&Y. En Nord de
France, 33% des chiffres d'affaires sont réalisé à
l’international contre 56% à l'échelle nationale. Mais deux
éditeurs locaux font exception à la règle.
Wiiisdom qui affiche +8% de croissance en 2023, réalise 78%
de son CA à l’export contre 20% en France. «Nous avons une
capacité à se projeter à l’international, c'est salvateur pour
nous», témoigne Tony Sansico, directeur marketing chez Wiiisdom. Fort de ses 17 ans d’expérience, Wiiisdom a d'ailleurs ouvert
un bureau à Boston. Ses effectifs ont d’ailleurs augmenté de
20% au cours des deux dernières années. De son côté, le groupe
Positive (ex-Sarbacane), qui réalise 63% de croissance organique
et externe, affiche 49% de son chiffre d'affaires à
l’export.
En 2025, 69% des éditeurs prévoient d’augmenter leurs
effectifs, signe de la bonne santé de la filière. L'année 2023
avait déjà été marquée par une vague de recrutements portée
notamment par le groupe positive et Isagri. 34% des effectifs
étaient liés à la R&D.
Cap sur la RSE
Entre modèle Saas, RSE et intelligence artificielle, le moins que
l'on puisse dire, c'est que les éditeurs ont du pain sur la planche.
La Responsabilité sociale et environnementale (RSE) est en effet au
cœur des enjeux : 81% des éditeurs ont initié une
démarche structurée en ce sens, et plus de la moitié réalisent des bilans
carbone. C’est le cas de Wiiisdom, très investi en matière de RSE :
«Nos clients nous l’imposent et c'est également un facteur
de fidélisation de nos employés». Le groupe Positive, lui, a
inscrit la RSE dans sa politique «il y a déjà bien
longtemps». Celle-ci se traduit par exemple par un accès au
capital par les salariés ou encore une égalité de rémunération.
L’éditeur Maxing, qui affiche notamment +17% de CA cette
année, a également opéré un virage RSE il y a deux ans, davantage
axé sur la partie sociale avec un accompagnement des séniors.
«Concilier l'IA et la souveraineté»
L’IA agite également le secteur ;
certains éditeurs resoclent leurs bases avec cette dernière. «L’IA
challenge notre roadmap et permet de faire le tri entre acteurs
flexibles ou au contraire, ceux qui ne veulent
pas changer», expose Mathieu Tarnus, CEO du groupe
Positive. Wiiisdom a également intégré l’IA au coeur de tous ses
métiers. L'entreprise Maxing, elle, a intégré deux ingénieurs data IA
et s’est faite pour cela accompagner par Hyko.
L'étude révèle en effet que 56% des éditeurs intègrent des fonctionnalités d'IA. Le groupe Neoledge, qui affiche 29% de croissance, s'est doté d'un laboratoire de R&D dans ce domaine. «L'enjeu c'est de concilier l’IA et la souveraineté, dépasser l’aspect gadget». Enfin, inébranlable moteur de la croissance, l'innovation est au cœur des stratégies des éditeurs. 31% des personnels des pure players se consacrent à la R&D, signe de son importance.