Entreprises
L’économie mosellane reste dans un halo d'incertitudes
Pour l’heure, il n’y a pas en Moselle de signes annonciateurs d’un tsunami de défaillances d’entreprises, après deux ans de baisse en trompe-l'œil, dans un contexte d’une économie placée sous assistance étatique. La guerre en Ukraine et la flambée des prix viennent s’imposer comme de nouveaux vecteurs d’incertitudes. Cela est-il susceptible de déclencher une cascade soudaine de faillites des TPE et PME locales ? Éléments de réponse.
C’est un indicateur fiable, une note conjoncturelle toujours observée avec beaucoup d’attention par les sphères économiques et entrepreneuriales. À l’automne dernier, Allianz Trade annonçait 40 % de faillites en 2022. À partir de cette statistique, on pouvait la transposer à la situation mosellane, à partir des 330 défaillances enregistrées l’an passé dans le département. Resituées et extrapolées dans la prévision du groupe d’assurance-crédit, cela laissait donc prévoir quelque 470 cessations d’activités dans le département. Si en ce printemps, les tensions sur l’économie hexagonale demeurent, les projections apparaissent cependant plus optimistes. Le nombre de défaillances pourraient grimper de 15 % cette année. Le prolongement des mesures du «quoi qu’il en coûte» et le plan de résilience articulé, avec une rallonge de 7 Mds€, peuvent expliquer en partie ces révisions plus favorables.
La croissance et l'inflation en point d'interrogation
En Moselle, comme ailleurs, les dispositifs de PGE, le chômage partiel, le fonds de solidarité et la mise en sommeil des tribunaux de commerce avaient fait baisser artificiellement le nombre de procédures depuis 24 mois. Sur les cinq dernières années pleines, les statistiques en Moselle sont parlantes. 704 défaillances en 2017, 677 en 2018, 713 en 2019, 392 en 2020 et 330 en 2021. Plusieurs éléments viennent en ce tiers d’année tempérer l’optimisme. Le déclenchement de la guerre en Ukraine en février, les difficultés d’approvisionnement, comme la hausse des prix, de nombreux matériaux et produits, mettent en vigilance accrue les trésoreries des entreprises. Si les voyants ne sont pas au rouge, on s'est tout de même éloigné du vert des derniers mois. Tendance à l'orange donc. Bien que le gouvernement planche déjà sur un budget rectificatif pour l'été afin d'amortir le choc engendré par le conflit, l'enlisement de la guerre en Ukraine a assombri l'horizon économique pour les entreprises et les ménages. L'inflation a atteint 4,8 % en avril et pourrait dépasser les 5 % d'ici le mois de juin selon le dernier point de conjoncture de l'Insee. L'envolée des prix de l'énergie pourrait propulser l'inflation à un sommet estimé à 6,8 % en Europe contre 3,9 % avant la guerre. Dès lors, quid des défaillances d’entreprises ? Les premières données 2022 ne mesurent pas encore l’impact de tous ces vents contraire. En Moselle, on notait pour janvier et février, des données dans la lignée des mois précédents. En cumul brut glissant sur douze mois, le nombre de défaillances était respectivement de 314 et 326. En somme, l’économie mosellane s’apparente à un bateau, lequel après de fortes bourrasques auxquelles il a résisté, suivies une période d’accalmie. Elle s’apprête à affronter à nouveau un avis de gros coup de gros vent. Reste à savoir comment elle va traverser cette prévisible et quasiment inévitable tempête. Nous n'aurons décidément pas manqué de tumultes socio-économiques depuis deux ans. Plus que jamais, le mot d'ordre pour les TPE et les PME locales est adaptabilité et résilience.
326
C'est le nombre de défaillances d'entreprises mesurées en février dernier en Moselle sur un an en cumul glissant. Ce, avant le déclenchement de le guerre en Ukraine. Pour rappel, en février 2021, cette statistique était de 375. Contre 671 en février 2020, 712 en février 2019 et 647 en février 2018.