Conjoncture

L’économie lorraine, entre deux mondes...

La note de conjoncture présentée conjointement par l’Urssaf Lorraine et la MSA Lorraine conjuguent un faisceau de complexités liées à un contexte socio-économique qui garde son halo de brouillard pour les mois à venir. En somme, un bilan 2022 et un premier trimestre 2023 en termes de déclarations d’embauche gris clair gris foncé. La Lorraine enregistre des résultats contrastés en Meurthe-et-Moselle, Moselle, Vosges et Meuse.


Urssaf et MSA ont présenté la situation de l’économie locale à l’aune de leurs indicateurs respectifs.
Urssaf et MSA ont présenté la situation de l’économie locale à l’aune de leurs indicateurs respectifs.

À Metz, Christophe Franceschi, directeur régional de l’Urssaf Lorraine, Gilles Chandumont, directeur général de la MSA Lorraine, Jean-Marie Rolin, responsable du département entreprises à la MSA Lorraine, et Laurence Oudot, correspondante statistiques à l’Urssaf Lorraine, ont apporté un éclairage sur la situation économique de la Lorraine à partir des données sur l’emploi 2022 dont disposent les deux organismes et des déclarations d’embauche enregistrées au 1er trimestre 2023. Dans un contexte économique aux incertitudes persistantes, marqué par les tensions géopolitiques issues du conflit ukrainien, les difficultés d’approvisionnement, une inflation jamais vue depuis quarante ans, l’envolée du prix des énergies et des matériaux, la croissance des effectifs salariés du secteur privé lorrain ralentit. Alors que notre région avait montré une certaine résistance en 2020 et juste après le pic pandémique, elle a perdu 0,2 % salariés en 2022, soit 800 emplois détruits. Cette particularité la distingue de la France et de la région Grand Est qui gardent une hausse de leurs effectifs. La Meuse montre un solde positif (+ 0,6 %). Moselle (- 0,1 %), Meurthe-et-Moselle (- 0,3 %) et Vosges (- 0,2 %) sont en repli. Faut-il s’en inquiéter ? Comme l’ont rappelé les intervenants de l’Urssaf Lorraine et de la MSA Lorraine : «Le rebond avait été important dans l’immédiat après Covid. Il faudra attendre encore quelques mois pour mesurer si cette baisse constatée se confirme dans la durée.» Ce serait un retournement de tendance, la Lorraine se situant aujourd’hui à un niveau de salariés plus important qu’avant la crise sanitaire.

Contrastes sectoriels et territoriaux

En Lorraine, l’hébergement-restauration demeure dynamique, maintenant la hausse de ses emplois, avec une évolution s’érodant depuis douze mois. Le transport, l’informatique, les arts et spectacles, l’hébergement médico-social sont sur une bonne vague. Panorama plus mitigé pour la construction, l’industrie et le commerce. Quant à ce dernier, on commence à mesurer l’impact des fermetures des grandes enseignes commerciales de l’habillement. Fait à noter : l’intérim n’augmente plus ses effectifs en Lorraine pour la première fois depuis 2020 : 2 640 disparitions de postes en 2022. Les effectifs salariés agricoles se maintiennent eux à un niveau favorable - 19 188 -, malgré les répercussions du conflit ukrainien et les variations climatiques. Exploitations agricoles, organisations professionnelles agricoles, coopératives, entreprises de travaux agricoles, du paysage et des jardins, travaux forestiers en Lorraine représentent près d’un quart de la population salariée agricole du Grand Est. Comment se dessine 2023 ? L’Urssaf Lorraine a enregistré au premier trimestre 127 240 déclarations d’embauches, soit une diminution de 3 % par rapport à 2022. Dans ce panorama, ce sont celles en CDI qui progressent (+ 3 %). Même constat sur le volet agricole (+ 8,2 %). Trois secteurs tirent vers le haut l’ensemble : les transports terrestres, les activités de location et l’hébergement. En revanche, la construction est le secteur où les déclarations d’embauches en CDI ont le plus diminué au premier trimestre entre 2022 et 2023. Au demeurant, les déclarations préalables à l’embauche collectées par l’Urssaf Lorraine mettent en avant des réalités territoriales variées : Meurthe-et-Moselle (+ 1 %), Meuse (+ 0,3 %), Moselle (- 6 %) et Vosges (- 8,1 %). Un mot fait concorde, tant du côté de l’Urssaf que de la MSA, «ralentissement». Avec ce facteur influant : la pénurie de main-d’œuvre, doublée d’une réelle volatilité des effectifs. Pas simple pour les entreprises de se projeter dans la durée par les temps présents.

«Même si la Lorraine a détruit 800 emplois en 2022, elle garde des effectifs salariés supérieurs à ceux antérieurs à la pandémie.»

Christophe Franceschi, directeur régional de l’Urssaf Lorraine.