Travaux Publics
L’eau, notre bien commun
Le forum «Les Canalisateurs, acteurs pour la planète» a permis un décryptage autour d’enjeux majeurs : attractivité des métiers, formation et recrutement, investissement dans les réseaux d’eau, environnement. La Meurthe-et-Moselle est traversée par ces questions cruciales qui dépassent le cadre d’une profession : elles sont sociétales et engagent notre avenir.
«En milieu rural, c’est compliqué de recruter», constate Bruno Minutiello, président de la communauté de communes du Territoire de Lunéville à Baccarat. L’élu répondait quant à cette recherche et cette course aux talents qui touchent les collectivités territoriales, au même titre que les entreprises. Une réflexion exprimée lors de la 3e édition de l’événement «Les Canalisateurs, acteurs pour la planète» qui s’inscrivait dans le cadre de la Journée mondiale de l’eau du 22 mars. Les Canalisateurs, organisation professionnelle membre de la Fédération nationale des Travaux Publics (FNTP), fédère 330 entreprises, spécialisées dans la pose et la réhabilitation de canalisations d’eau potable, d’eaux usées, d’irrigation, de gaz et fluides divers. La délégation Lorraine rassemble 35 entreprises et membres partenaires. Une Matinée de l’eau déclinée simultanément dans 18 régions de France par les délégations territoriales avec comme fil conducteur «les réseaux d’eau à l’épreuve des générations». Le Cescom de Metz a accueilli plus de 150 personnes, entreprises de canalisation, maîtres d’ouvrage et d’œuvre, institutionnels, agence de l’eau, partenaires et des jeunes. L’accent était porté sur la valorisation des métiers pour susciter de nouvelles vocations et la transmission des compétences, l’investissement des infrastructures de réseaux, le réemploi des matériaux, avec en corollaire, cette cruciale question de l’écoresponsabilité. Le déficit d’investissement dans les réseaux d’eau et d’assainissement est estimé à quelque 2 Mds€ par an. Les métiers de canalisateur et des travaux publics doivent faire face à un vieillissement de la pyramide des âges. En 2022, les 55 ans et plus représentaient près de 16 % des effectifs (12 % en 2010) et les moins de 30 ans environ 19 % (22 % en 2010). En 2025, la part des plus de 55 ans dépassera celle des moins de 30 ans.
«Le recyclage, ADN des Canalisateurs»
Selon le tableau de bord emploi-formation des Cellules économique régionales de la construction (CERC), le secteur a besoin de 1 100 canalisateurs tous les ans au niveau national pour renouveler les départs et compenser les créations/destructions de postes. Or, moins de 700 jeunes sont recensés en dernière année de formation initiale. En ajoutant les flux de formation continue, le nombre de personnes formées au total est insuffisant, pour faire face aux besoins du métier. Un état des lieux de la profession au cœur des échanges de cette matinale, autour de trois tables rondes. En vidéo ou en présentiel, le panel d’intervenants a permis des échanges nourris, de bon sens, permettant de mesurer l’ampleur des défis à relever : Pierre Rampa, président des Canalisateurs, Thierry Ledrich, président de la Fédération des Travaux Publics de Lorraine, Sébastien Streiff, délégué régional Canalisateurs de Lorraine, Olivier François, directeur du CFA BTP Moselle, Pascal Ribolzi, dirigeant de Berthold SA, Bruno Minutiello, Mathéo Jober, étudiant de l’École supérieure d’ingénieurs en travaux de la Construction (ESITC Metz), Patrick Vaillant, directeur de projet en Économie Circulaire et Matériaux du CEREMA d’Autun, Jacques Masson, délégué départemental Meurthe-et-Moselle des Canalisateurs, Louis Kirsch, responsable d’exploitation sur Sablières de la Meurthe et sur Solodet, Jean-Pierre Callais, vice-président chargé de l’environnement du Pays de Colombey Sud Toulois, Céline Krommydas, responsable technico-commerciale export à Saint-Gobain PAM, Alain Grizaud, président de la Fédération nationale des Travaux Publics, Ugo Humbert, gagnant Canalisateur de la compétition des métiers 2022, Célia de Lavergne, directrice de la Direction de l’Eau et de la Biodiversité et Christophe Leblanc, directeur général adjoint de l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse. Le plus jeune, Mathéo Joder, synthétisait l’état d’esprit de cette matinale : «ensemble, on va plus loin.»
"Pour relever les défis de demain, nous aurons besoin de ressources, de ressources humaines. Nous devrons tous faire face à deux problématiques : le renouvellement des générations et l'accroissement annoncé de l'activité", explique Sébastien Streiff, délégué régional Canalisateurs de Lorraine.