L’opticienne révolutionne sa profession en la rendant mobile
Alicia Colmart est une des premières opticiennes de France - la première des Hauts-de-France - à tester le concept d’opticien à domicile. Elle se rend chez les clients ou sur le lieu de leur choix pour leur proposer les mêmes services que dans une boutique ayant pignon sur rue.
Pour être opticien, il faut obligatoirement faire une école d’optique et suivre trois années de formation pour décrocher le BTS qui permet ensuite de devenir salarié d’un opticien ou de s’installer à son compte. «Après ma formation, j’ai enchaîné les remplacements, des petits CDD qui m’ont permis de travailler pour huit enseignes différentes, explique-t-elle. Je me suis vite rendu compte que j’étais faite pour travailler dans des petites structures, chez des indépendants qui apportent un réel service aux clients.»
En effet, dans les petites boutiques, les clients ne sont pas de simples numéros et le challenge est de réussir à répondre à leurs besoins. «J’ai d’abord travaillé une année et demie chez un indépendant à Lille, puis trois années dans une structure similaire à Arras.» Elle passait les trois quarts de son temps à l’atelier et le reste à la vente.
Après ces différentes expériences, la jeune femme avait besoin de plus d’indépendance. Elle envisage alors d’ouvrir sa propre boutique d’optique et s’oriente par hasard vers le concept d’opticien à domicile. «Le fait que mon grand-père, placé en maison de retraite, ne trouvait pas de solution pour avoir des lunettes m’a mis la puce à l’oreille», indique la jeune femme : il n’y a pas de solution pour les personnes qui ne peuvent pas se déplacer.
Rassurer les clients. Chemin faisant, Alicia Colmart se rend sur Internet à la recherche d’informations sur ce concept. «Je n’ai trouvé qu’une trentaine d’opticiens qui ne font que du domicile et ils sont tous dans le Sud-Est.» L’idée est séduisante et après quelques mois de réflexion, elle décide de se lancer.
«J’ai créé l’EURL Alicia Colmart au début de l’année 2015, après avoir aménagé une pièce de mon domicile en atelier», lance la jeune créatrice âgée d’à peine 30 ans. Elle s’est également équipée avec les machines spécifiques et fait l’acquisition d’un stock de paires de lunettes. «Dans une boutique, on trouve en général entre 400 et 800 modèles. J’en ai 560, pour tous les budgets et de tous styles.” Et 80% des montures choisies par la jeune femme sont fabriquées en France. Elle dispose de modèles pour bébé, enfant, adolescent, homme et femme. Elle compte parmi ses clients de nombreuses mères de famille, des enfants, mais peu d’hommes.
Sa clientèle, elle est en train de se la constituer, elle a pour cela démarché les professionnels de santé (médecins, pharmaciens et ophtalmologues) et l’ensemble des maisons de retraite de son secteur, ce qui couvre un rayon de 30 kilomètres autour de Barlin. «J’ai déjà quatre maisons de retraite qui me font confiance. Le plus difficile est, en fin de compte, de rassurer les clients et leur prouver qu’ils vont avoir le même service qu’en boutique.»
Accompagnement. Pour se donner le maximum de chances de réussir, la jeune femme a choisi de se faire accompagner pendant le processus de création de son activité. Elle s’est pour cela rapprochée de la BGE de Béthune. «J’y ai reçu un très bon accueil et de nombreux conseils qui m’ont permis de faire les bons choix et trouver quelques financements», développe-t-elle.
Le fait d’avoir un œil extérieur par rapport à son projet lui a aussi permis d’en valider les différents points et de gagner un temps précieux.
Après une année et demie d’activité, même si elle ne peut pas encore en vivre, Alicia Colmart est satisfaite de l’évolution de son projet. «Si cela fonctionne comme je l’ai prévu, j’aimerais avoir un ou deux salariés pour m’épauler sur la partie vente.»
Mais avant d’en arriver là, elle doit convaincre, casser les codes et les habitudes des clients. «Pour le moment, les opticiens trouvent l’idée séduisante, mais restent dubitatifs par rapport à ce concept. Etant la seule sur le secteur, je ne leur vole pas de clients», lance-t-elle, convaincue que son activité est dans l’air du temps et qu’elle ne peut que fonctionner.