L’atrium, première étape d’un palais des Beaux-Arts en pleine mutation

Vingt ans après sa rénovation, le palais des Beaux-Arts rentre de plain-pied dans le XXIe siècle en réalisant sa révolution numérique. Pour cette première étape, l’atrium a été entièrement réaménagé pour le confort des visiteurs qui découvrent une nouvelle façon de s’approprier le musée lillois, grâce notamment à deux espaces digitaux interactifs venant enrichir la manière d’appréhender la visite.

L’atrium, première étape d’un palais des Beaux-Arts en pleine mutation

 

Depuis le 23 juin, le palais des Beaux-Arts a ouvert son nouvel atrium au public. Plus clair, mieux agencé, fonctionnel et agréable… Les qualificatifs ne manquent pas ! Mais si son directeur, Bruno Girveau, s’attarde sur le redéploiement des services déjà existants, comme le coin restauration et la librairie resitués dans de nouveaux espaces de vie, ce dernier s’arrête également sur ce qui fait la curiosité de cette reconfiguration : l’espace numérique et l’espace gigapixels, calés dans deux coins de l’atrium, qui révolutionnent la manière de découvrir un musée. «Avec mon équipe, nous nous sommes posé une question, développe-t-il d’emblée : c’est quoi un musée aujourd’hui ? A l’intérieur, sommes-nous toujours dans une bulle ou devons-nous faire face à un lieu concerné par les évolutions de la société ?»

Ce sont Florence Raymond, attachée de conservation chargée du XVIIIe siècle, des plans-reliefs et des nouveaux médias, et Amandine Jeanson, chargée du développement et de la communication numérique, qui ont répondu à cette problématique. «Il y a l’usage du numérique et l’omniprésence des écrans dans la vie quotidienne. Devions-nous en tenir compte ?», poursuit Florence Raymond.

A priori oui ! Le numérique fait son entrée au musée de manière «raisonnée», comme le suggère Amandine Jeanson, sans pour autant se substituer à l’expérience de visite qui doit «rester unique». «Nous avons voulu un numérique enrichissant et innovant», insiste-t-elle. Le premier espace vous fait naviguer de manière digitale parmi 350 chefs-d’œuvre. Outre le fait de les apprécier, vous choisissez ceux que vous souhaitez découvrir au cours de la visite et vous vous fabriquez un programme édité en direct. Le second espace ouvre aux curieux les œuvres numérisées en milliards de pixels (cinq tableaux pour commencer) et les invite à apprécier les moindres détails commentés. «Ici, nous avons clairement voulu confronter les visiteurs à des expériences numériques très spectaculaires», conclut Florence Raymond. C’est réussi !

 

Bruno Girveau, directeur du palais des Beaux-Arts de Lille

«Nous avons fait le choix d’investir dans les collections permanentes et l’expérience de visite»

 

La Gazette : Comment avez-vous imaginé le nouvel atrium ?

Nous avons voulu faire de cet atrium un lieu de vie ! Nous avons souhaité rendre vivant tout l’anneau. Vous retrouvez toute une série de services redistribués : un nouveau restaurant, une nouvelle librairie, plus grande et plus lumineuse, deux salons aménagés en accès libre où vous pouvez vous connecter en wifi haut débit, tout ça gratuitement, mais aussi deux espaces numériques et digitaux qui permettent d’apprécier les œuvres autrement. 

Vous avez délibérément fait le choix de la convivialité…

Oui. Par exemple, entre le salon et la librairie, nous avons aménagé une bibliothèque remplie d’ouvrages à feuilleter tranquillement sur place. Le visiteur, lors de sa visite, peut faire une pause, profiter des canapés et choisir un livre. C’est le premier aspect de l’aménagement de l’atrium, le fruit d’une longue réflexion de presque trois ans, un projet culturel à travers lequel nous remettons à plat toute la stratégie du musée pour les cinq ans à venir. Ce n’est que le premier étage de la fusée, nous en avons quatre qui vont suivre. 

De quelle manière s’articule ce projet ?

Nous avons fixé deux axes : les collections d’une part, car pas de musée sans collections. Les collections sont l’ADN du lieu, principe parfois perdu de vue dans les musées qui vont préférer placer leurs moyens dans de grandes expositions pour de grandes fréquentations. Nous, nous avons fait le choix d’investir dans les collections permanentes et l’expérience de visite. Le second axe, c’est le visiteur : il y a des services dédiés au public dans les musées depuis quinze ou vingt ans, mais réfléchir à notre évolution autour des visiteurs, c’est vraiment innovant. L’atrium est la première étape, car il fallait commencer par le service et le confort.

 D.R.D.R.

1. L’espace gigapixels va permettre de rentrer dans les œuvres et découvrir leurs détails les plus captivants.

2. L’espace numérique vous aidera à préparer votre visite, mais pas seulement.