L’après-quotas laitiers inquiète les éleveurs
Début février, les services de la Chambre d’agriculture de région et des GEDA (Groupes d’études et de développement agricole) ont organisé des «Journées des groupes lait» à Blangy-sur-Ternoise (62), Nieppe (59) et Avesnes-sur-Helpe (59). Elles n’avaient pas d’autre but que de préparer les éleveurs à la fin des quotas laitiers, annoncée pour avril 2015. Ces quotas avaient été instaurés en 1984 en Europe, afin de lutter contre la surproduction du lait. Depuis plus de deux ans, techniciens et ingénieurs du monde agricole tentent donc d’aider les agriculteurs à s’adapter à un avenir à plusieurs inconnues.
Beaucoup d’agriculteurs, et en l’occurrence d’éleveurs laitiers, s’inquiètent en effet des conséquences du libéralisme qui se développe dans la politique européenne. Face à des évolutions aux contours et effets encore imprécis, ils s’attendent à se retrouver une nouvelle fois en première ligne.
Comme le rappelait en aparté un éleveur laitier, lors d’une de ces réunions, les agriculteurs ont déjà dû se plier aux normes (sanitaires, alimentaires…), à des cahiers des charges (comme ceux des collecteurs que sont les laiteries et coopératives), investir et s’endetter, et cela, sans jamais avoir de visibilité ou de capacités de négociation sur des marchés qui les concernent pourtant au premier chef (alimentation animale, cours du lait). Une situation de fait qu’il résumait ainsi : «Notre lait, on ne le vend pas, on nous l’achète.»
Parmi ses craintes : qu’une nouvelle surproduction entraîne la baisse des prix ; que la concurrence entre pays européens ayant des niveaux de développement différents ait des conséquences sur les exploitations (en quantité et en taille). La baisse probable des subventions européennes (calculées à l’hectare) l’inquiète aussi. Sans elles, les agriculteurs ont en effet beaucoup de mal à s’octroyer un revenu.