L’action des deux préfets dans le Nord
Dominique Bur, préfet de Région et du Nord, et Pascal Joly, préfet délégué pour l’égalité des chances et l’hébergement d’urgence, conjuguent efforts et moyens pour juguler la prolifération de campements de Roms. L’insertion peut se faire, mais tout est question de mentalité de part et d’autre.
Dominique Bur ne manque jamais une occasion de rappeler que l’Etat n’est pas inactif dans le département. Il a rappelé aux maires du Nord récemment quelques actions. L’Etat alloue chaque année 6,5 M€ à l’hébergement d’urgence en France mais les campements posent problème dans la Métropole, notamment avec 40 occupations illicites et environ 3 000 Roms . Cependant, l’été dernier, surtout à Villeneuve-d’Ascq, certaines ont cessé et 400 personnes ont été évacuées. Un arrêté préfectoral interdit dorénavant la mendicité des mineurs à certains carrefours pour des questions de sécurité mais les parents seront poursuivis par le parquet de Lille. Il demande aux maires de saisir ses services en cas d’implantation illicite. «Il y aura expulsion et poursuites s’il y a plainte», affirme-t-il. Depuis octobre, plus de 1 000 personnes ont été reconduites aux frontières via 27 fermetures de camps. Les vols de métaux, les vols dans les cimetières et d’autres délits ont abouti à une intervention massive des CRS dans 6 campements, avec 21 mises en cause.
Mais le préfet insiste aussi sur l’insertion quand c’est faisable. Ainsi, à Loos, face à l’ancienne prison, mais aussi à Villeneuve-d’Ascq, des formules avec «villages» de 100 occupants ont remporté un certain succès, le Feder aidant financièrement (1,2 M€) les maires qui, comme à Tourcoing, Hellemmes ou bientôt la CA Douaisis, ont montré leur bonne volonté.
Pascal Joly veut surtout combattre les préjugés et les réticences locales. «Tout est dans l’envie d’avancer ou pas vers des micro-solutions locales et là je compte énormément sur le maire, comme à Lezennes avec succès», explique-t-il. Divers types d’hébergement existent pour les familles de Roms, les individus isolés étant exclus de la problématique. Les villages avec quatre familles après sélection par dossier et accompagnement, mais aussi l’accueil «en diffus» en habitat indépendant – la meilleure solution en fait . Mais il faut que les communes offrent des appartements ou maisons. «Vous savez, remarque Pascal Joly, il suffirait que chaque commune ou collectivité territoriale, structure avec laquelle nous avons des projets comme à la CAPH, héberge une seule famille pour que quelque chose de très positif démarre enfin. Il faut d’abord réduire les très grandes concentrations. Le Rom n’est pas un nomade, il veut se sédentariser. Mais le retour au pays est insatisfaisant dans les chiffres. Attendons de voir au 1er janvier 2014 ce que vont donner la suppression des mesures temporaires de libre circulation pour la Roumanie et la Bulgarie.» Interrogation qui s’ajoute à celle de savoir si la crise économique va continuer d’encourager des Roms d’Italie et d’Espagne à remonter vers le Nord…