Comité Social et Economique
L'année cruciale du renouvellement des CSE
La Loi du 15 septembre 2017 a autorisé le gouvernement à prendre, par voie d’ordonnance, des mesures visant à renforcer le dialogue social. Cet objectif «politique» de redéfinition du dialogue social s’est notamment traduit par la refonte des instances représentatives du personnel et la création d’une nouvelle instance : le Comité Social et Economique (CSE).
Les entreprises d’au moins 11
salariés ont ainsi dû mettre en place, à partir du 1er
janvier 2018 et au plus tard le 31 décembre 2019, un Comité Social
et économique (CSE) - lequel se substitue aux anciennes instances
(D.P., C.E. et C.H.S.C.T.). Dans les entreprises de 300 salariés et
plus, a été également créée une commission santé, sécurité et
conditions de travail (C.S.S.C.T.) laquelle doit s’insérer dans
les différentes commissions prévues par le législateur.
La durée des mandats étant, sauf
dispositions contraires, de 4 ans maximum - l’année 2023
sera la grande année du renouvellement de cette instance, une
large majorité des entreprises ayant attendu le terme du délai pour
mettre en place cette institution.
A la veille du renouvellement des
C.S.E., les représentants du personnel semblent se montrer peu
sereins. C’est notamment ce que révèle une étude du cabinet
SYNDEX portant sur l’état d’esprit des élus, étude menée
durant l’été 2022.
Pour 76% des représentants du
personnel interrogés, les difficultés concernent la constitution
des listes, notamment pour les raisons suivantes :
- Pour 58% d’entre eux, à raison du manque de candidats ;
- Pour 22% d’entre eux, à raison des exigences en matière de représentation hommes/femmes.
Si ce constat est révélateur des
difficultés exprimées par les élus, les entreprises doivent -
quant à elles - s’emparer des thématiques de négociation, la
1ère mandature ayant simplement permis une appropriation
et 1ère compréhension des nouvelles dispositions.
En ce sens, la négociation de l’accord
de dialogue social présente un intérêt tout particulier et
implique une maîtrise avancée des contours du C.S.E. Au-delà de
l’accord de dialogue social, l’employeur doit inviter les
syndicats à négocier un protocole préélectoral (PAP) - afin
d’organiser les élections et en définir les modalités. Si aucune
organisation syndicale n’a pris part à la négociation du PAP, les
modalités de l’élection peuvent être fixées unilatéralement
par l’employeur. Le contenu de ce protocole est déterminant dans
la mesure où il permet, dans les limites du droit électoral, de
prendre en compte les réalités de l’entreprise.
Anticiper et préparer la rédaction du protocole
Au final, ce sont nombre de sujets
que les chefs d’entreprises doivent s’approprier afin de
participer pleinement et efficacement à la définition du dialogue
social dans leur entreprise - le C.S.E. en étant l’un des acteurs
majeurs.
A l’heure d’un premier bilan, les
auteurs avisés scrutent les travaux menés pour adapter efficacement
l’instance (périmètre de mise en place de l’instance, création
- ou non - de représentants de proximité, rôle des suppléants,
commissions du CSE et heures de délégation dérogatoires).
C’est à l’aune de l’analyse de
ces sujets (pour la fin de cette année 2023) que sera apprécié si
l’objectif politique revendiqué («améliorer le dialogue social»)
est ou non atteint.
Les CSE en chiffres
Lors de l’adoption des ordonnances Macron, a été institué un Comité d’Evaluation devant rendre compte des premiers enseignements identifiés suite à la mise en place des ordonnances de septembre 2017. Dans son rapport de décembre 2021, il a été constaté qu’au 31 décembre 2020 - on dénombrait près de 90 000 C.S.E. créés et près de 49 000 situations de carence.
La DARES, dans une étude publiée en juillet 2022, confirme que la baisse du taux de couverture des entreprises par des instances du personnel se poursuit.
Ainsi, seules 32% des entreprises - dont l’effectif est compris entre 10 et 49 salariés - étaient dotées d’instances en 2020, soit un recul de 3% par rapport à 2018. Si dans les entreprises de 50 salariés ou plus cette couverture est portée à 85,4%, un recul de 2,5% demeure observable par rapport à 2018.