Entretien avec Julie Levêque, co-fondatrice de Comm'une opportunité
«L'année 2020 a créé de nouvelles vocations»
Comm'une opportunité, site de mise en relation entre entrepreneurs désireux de développer leur projet et petites villes et villages qui veulent renforcer leur dynamisme, s'ouvre aux professions médicales.
Comment fonctionne Comm'une opportunité ?
Comm'une opportunité est né en 2019. Il s'agit d'une plateforme où les personnes qui souhaitent changer de vie et de travail peuvent poster leur projet. De l'autre côté, c'est un outil facilement accessible - aussi financièrement -pour un village, qui entend travailler sur son image et l'attractivité de ses projets. Aujourd'hui, nous approchons les 1 200 communes de toute taille inscrites sur le site, directement ou via une communauté de communes. Pour l'essentiel, les demandes des territoires concernent le commerce de proximité, de bouche, et aussi l'habillement, la reprise d'un fleuriste... En face, nous avons 836 porteurs de projets. Certains répondent à des annonces, d'autres en publient. Parmi eux, plusieurs boulangers, dont un couple de boulangers-pâtissiers bio qui quitte Paris. Il y a aussi des projets de supérettes, de librairies, de salons de thé...
Pourquoi ouvrir Comm'une opportunité aux professions médicales, en nouant un partenariat avec le syndicat des jeunes Médecins ?
Le désir de «retour au vert», que l'on observe dans la société, concerne aussi les professionnels médicaux. C'est ce que confirme Emmanuel Loeb, président du syndicat des Jeunes Médecins, qui regroupe environ 3 000 praticiens, généralistes, et spécialisés, libéraux et hospitaliers de moins de 10 ans de pratique. A catégorie socioprofessionnelle égale, les professionnels médicaux ont les mêmes attentes que les autres Français. Ils souhaitent un travail et une vie de qualité. Et ils veulent en choisir le cadre, sans coercition. De l'autre côté, les déserts médicaux ont progressé de 50% en trois ans en France [entre 2015 et 2018], alors que la situation était déjà tendue. Aujourd'hui, de nombreux professionnels partent à la retraite et ne sont pas remplacés. Sur la plateforme, par exemple, nous avons un territoire qui chercher à remplacer un médecin parti à la retraite… en 2015.
La crise est-elle propice ou au contraire, entrave-t-elle votre projet ?
La pandémie ralentit la mise en œuvre des projets. Pour les porteurs de projet, il est par exemple difficile de réaliser les déplacements préalables, indispensables. Mais à l'inverse, l'année 2020 a aussi créé de nouvelles vocations et induit la mise en route d'autres projets. Du côté des territoires aussi, la pandémie a ralenti le rythme des adhésions au site. Toutefois, depuis le début de l'année, six nouveaux membres sont arrivés. Et suite à mon passage à l'émission de radio «Carnets de Campagne» sur France Inter, 10 autres m'ont immédiatement contactée... Pour l'avenir, nous sommes très ouverts à travailler avec les régions, les départements ou les agences d'attractivité du territoire. Je suis optimiste, car nous répondons à un besoin. Les institutions publiques nous citent en exemple. Nous sommes, notamment, référencés dans l'annuaire Smart City de la Banque des Territoires et nous avons été cités comme «bonne pratique», dans la newsletter de Territoires cœur de ville.