Environnement

L'agglo du Saint-Quentinois mise sur le colza pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre

Avant la fin du semestre, la moitié de la flotte de camions-bennes de l'agglomération de Saint-Quentin roulera au B100. Ce carburant à base de colza, peu émetteur de gaz à effet de serre, remplace le gasoil à moindre frais...

L'agglomération a voté en décembre son Plan Climat air énergie territorial. ©Aletheia Press/ E.Chombart
L'agglomération a voté en décembre son Plan Climat air énergie territorial. ©Aletheia Press/ E.Chombart

« On sent que ça pousse très fort. Je vois vraiment un changement sur l'année 2021 dans les raisonnements. » Pour Frédérique Macarez, présidente de l'agglomération de Saint-Quentin, la réduction des gaz à effet de serre est en route sur le territoire. 

Pour preuve, la grande participation au lancement du club climat début février, auquel plus de 70 personnes (entreprises, associations, agriculteurs, représentants du logement...) ont participé. « Aujourd'hui, on arrive au mode de l'action, y compris dans le domaine économique, assure l'édile. Quasiment tous les chefs d'entreprise que je rencontre ont un projet lié au développement durable. »

En tout cas, l'agglomération, elle se met en ordre de marche. Le Plan Climat air énergie territorial a ainsi été adopté en décembre. Déjà, les premières mesures sont en place, comme par exemple, le passage des camions-bennes à un carburant 100% végétal : le B100. En guise d'expérimentation, deux bennes sont passées à ce carburant fabriqué à partir de colza, en remplacement du gazole. 

Objectif : vérifier la réponse mécanique des moteurs à ce nouveau carburant, et aussi le degré de satisfaction des chauffeurs. « Les deux éléments sont positifs, assure Frédérique Macarez. Il n'y a pas de problème particulier constaté. Donc on va passer en phase 2. » D'ici la fin du semestre, sept bennes seront alimentées au B100. « Et si tout se passe bien, on pourrait envisager d'élargir cette utilisation à d'autres flottes dans nos différents services », poursuit l'élue.

Un investissement minime pour des effets conséquents

Le choix du B100 s'est fait plutôt naturellement. En effet, si l'agglomération s'est débord tourné vers des motorisations au gaz naturel, elle rebroussé chemin devant le coût important des véhicules à l'achat. Le B100, lui, présente l'avantage d'une transition sans achat de nouveaux véhicules. Un nettoyage complet du moteur et un changement du filtre à gasoil suffisent. Le prix du B100 est identique à celui du gasoil, mais présente le désavantage d'être un peu moins performant.

« Il y a quand même une légère surconsommation, entre 5 et 6%, mais quand on évalue le gain environnemental, on remplit bien l'objectif de réduction de gaz à effet de serre, insiste Frédérique Macarez. On divise par deux les émissions de gaz à effet de serre. Quand on sait que le transport figure parmi les principaux émetteurs, c'est quand même intéressant. » Surtout à l'échelle d'un territoire de 80 000 habitants qui s'étend sur 39 communes... Le bilan carbone global, du champ à la roue, c'est à dire en intégrant les process de production du carburant lui-même, est encore plus favorable avec une baisse estimée de près de 80%. En outre, si le fournisseur de B100 (le groupe Avril) est basé en Seine-Maritime, sa production bénéficie aussi aux agriculteurs producteurs de colza axonais.

Fabriqué à base colza, le B100 a, selon l'Ademe et sans changement d'affectation des sols, un facteur d'émission de dioxyde de carbone 60% plus faible que le gazole fossile. ©Aletheia Press/ B.Delabre

Une initiative qui pourrait faire tache d'huile

Outre ses propres émissions, la collectivité territoriale espère aussi faire figure d'exemple, en apportant une nouvelle solution au mix-énergétique territorial. À l'image de ce qui se pratique avec le GNV, et les infrastructures du transporteur Houtch, de plus en plus fréquentées par d'autres transporteurs ou même les bus de la RTA. 

Non distribué en stations classiques, le B100 est une alternative crédible pour les transporteurs par exemple. « On a nos propres infrastructures techniques, notamment nos stations de carburant. On peut imaginer à l'avenir une mutualisation avec un tiers économique par exemple. » Un sujet qui pourrait être mis à l'ordre du jour du fameux club climat, qui regroupe des bonnes volontés qui veulent travailler sur ces questions.