L’Agence de l’eau Artois-Picardie fête son 60e anniversaire
Rendez-vous était donné au Majestic de Douai pour la cérémonie des 60 ans de l'Agence de l'eau Artois-Picardie, fondée par la loi sur l’eau de 1964. Avec en toile de fond une inquiétude quant aux moyens financiers qui lui sont alloués.
L'Agence de l'Eau Artois-Picardie est un établissement public à caractère administratif, placé sous la tutelle du ministère en charge de l’environnement. Créée par la loi sur l’eau de 1964, elle joue un rôle prépondérant dans la gestion et la préservation des ressources en eau dans le bassin Artois-Picardie, qui couvre une partie importante du nord de la France.
Préserver les ressources en eau…
Le bassin Artois-Picardie est caractérisé par une forte densité de population, une activité agricole importante et un tissu industriel développé. Ce territoire, qui s'étend sur environ 20 000 km2 pour 1 300 communes et près de 4 millions d’habitants, est traversé par plusieurs cours d’eau emblématiques comme l’Escaut, la Lys, et la Somme. Cependant, le bassin est confronté à des défis environnementaux spécifiques : une pression importante sur les ressources en eau en raison des activités humaines ; une pollution diffuse liée à l’agriculture intensive et aux rejets industriels ; et des risques d’inondation renforcés par le changement climatique.
Depuis 60 ans, l’agence oeuvre ainsi à préserver la qualité et la quantité des ressources en eau, tout en soutenant le développement économique et social du territoire. Pour ce faire, elle met en œuvre les nouvelles réglementations et s’appuie sur des outils financiers et techniques pour accompagner les acteurs locaux, notamment les élus. Comme l’ont rappelé les différents intervenants, ses principales actions incluent la lutte contre la pollution (réduction des pollutions domestiques, industrielles et agricoles), la préservation des milieux aquatiques (restauration des cours d’eau, protection des zones humides et gestion de la biodiversité), la gestion quantitative de l’eau (garantir un équilibre entre les besoins en eau des usagers et la capacité des ressources naturelles) et la sensibilisation et l’éducation aux enjeux de l’eau.
… mais avec quels moyens ?
Face aux défis environnementaux d’aujourd’hui et de demain, les équipes de l’Agence de l’eau Artois-Picardie doivent donc s’adapter en proposant de nouvelles solutions sur les infrastructures hydrauliques, la gestion des ressources en eau ou encore la biodiversité. «Mais avec quels moyens ?», s’est inquiété André Flajolet, président du comité de bassin Artois-Picardie, en référence à l’absence de budget et de loi de finances pour 2025. «L’eau est encore trop souvent considérée comme une matière première inépuisable et gratuite ! Notre agence a été créée pour mieux gérer ce bien commun, pour mettre en place une police d’eau et de l’environnement nécessaire qui est la raison de vivre de nos agents. Cependant il y a deux problèmes majeurs : le regard de l’opinion publique sur cette question, avec encore trop souvent un regard de simple consommateur, et le manque de moyens et de considération».
Rappelons que les agences de l’eau disposent d’un budget alimenté par des redevances payées par les usagers, à savoir les ménages, les industries et les collectivités, qui permettent de déployer depuis 1964 les projets de préservation de l’eau et des milieux aquatiques sur l’ensemble du territoire national. «Je remercie encore aujourd’hui les élus qui ont voté les lois fondatrices suite à la prise de conscience sur la pollution importante de nos rivières», a-t-il ajouté. «L’eau est un sujet fondamental de ce siècle, et si le plus dur a été de créer ces agences en France, le plus dur est désormais de les faire perdurer à l’échelle nationale et européenne».
Douzième programme d'intervention 2025-2030
Adopté par le conseil d’administration et le comité de bassin le 15 octobre dernier avec une dotation de 1,2 milliard d’euros pour les six prochaines années, ce programme vise à accompagner tous les acteurs du bassin dans un effort commun pour accélérer l’atteinte du bon état des eaux fixé par la directive-cadre sur l’eau, dans un contexte de changement climatique et de raréfaction de cette ressource en période estivale.
Si 22% des eaux de surface étaient en bon état écologique en 2019, l’une des priorités environnementales du programme est d’atteindre 50% en 2027.
Source : www.eau-artois-picardie.fr