Réindustrialisation

L'acte 2 des Territoires d'Industrie est lancé

La seconde phase du label « Territoires d'Industrie » s'engage pour l'agglomération du Saint-Quentinois, associée à l'agglomération de Chauny, et à trois communautés de communes de la Somme. Il s'agit d'un label qui vise à coordonner un ensemble d'actions pour mettre en place la reconquête industrielle du territoire. Ce second temps du programme est axé sur une approche territoriale et la volonté de soutenir toujours plus de projets.

Le lancement de ce second acte du label "Territoires d'Industrie" a eu lieu à la CCI de l'Aisne à Saint-Quentin.
Le lancement de ce second acte du label "Territoires d'Industrie" a eu lieu à la CCI de l'Aisne à Saint-Quentin.

Une nouvelle étape du label « Territoires d'Industrie » se déploie dans le Saint-Quentinois, le Chaunois et dans les territoires de Nesle, Ham ou encore Péronne dans la Somme. Pour rappel, le label se concentre autour de quatre axes majeurs à savoir accélérer la transition écologique ou énergétique, faire des territoires des écosystèmes d'innovation ambitieux, lever les freins au recrutement et développer les compétences dans les territoires, et mobiliser un foncier industriel adapté aux enjeux et besoins.

« Une envie d'industrie »

Pour le lancement de ce second acte, les représentants de ces territoires ont pu compter sur la présence d'Olivier Lluansi, ancien délégué aux Territoires d'Industrie. « Une réindustrialisation réussie a d'autres objectifs que de simplement recréer des emplois industriels, elle permet de réduire notre empreinte environnementale, un élément qui ne se fera pas sans réindustrialiser alors qu'on a longtemps cru que les termes industrie et environnement étaient des oxymores, expose-t-il. C'est un enjeu de souveraineté économique pour le pays et on l'a vu pendant le Covid où nous avons été dépendants de l'étranger pour beaucoup de choses. C'est un enjeu aussi d'ancrer l'activité économique dans les territoires, c'est essentiel. Longtemps, l'activité économique a été concentrée dans certaines métropoles donc réindustrialiser dans les territoires, c'est faire cette cohésion territoriale. »

Cet expert qui a participé au lancement du label Territoires d'Industrie estime qu'un territoire comme celui du Saint-Quentinois et du Chaunois a beaucoup d'atouts dans sa manche. « Il y a une envie d'industrie ici comme dans tout le pays alors qu'il y a un certain moment, ça n'était plus le cas, il y a une culture industrielle forte également, note-t-il. Le vrai sujet ici comme ailleurs dans le pays, c'est l'image qu'on se fait des métiers de l'industrie qui est marquée par les années 1970, loin de la réalité d'aujourd'hui avec le 4.0 et la pénibilité qui a été diminuée avec l’automatisation et la robotisation. Et puis l'industrie, construite sur le taylorisme et le fordisme, sur un modèle de grandes tâches découpées en plusieurs tâches simples et répétitives, doit aussi se mettre en phase avec les nouvelles attentes des jeunes générations que sont l'autonomie, la responsabilité, le travail d'équipe, la notion de projet. »

Valoriser l'image des métiers industriels

La gouvernance des Territoires d'Industrie a été confiée à Frédérique Macarez, maire de Saint-Quentin et présidente de l'agglomération, et à Julien Burlat, directeur de l'usine Nigay (fabrication de caramel) à Nesle. Ce dernier peut témoigner du caractère industriel du territoire. « Notre secteur géographique va être traversé par le Canal Seine Nord Europe, ce qui va amener de l'activité et puis le groupe Nigay dont je fais partie a bien vu le caractère industriel du territoire, la présence d'entreprises qui peuvent créer de la synergie avec son activité et a pris la décision d'implanter son 2ème site industriel à Nesle il y a 5 ans », rappelle-t-il. Frédérique Macarez estime quant à elle que le label « place le bassin de vie sur la carte des territoires qui aiment l'industrie » et rappelle qu'environ « 20% des emplois sur l'agglomération saint-quentinoise restent des emplois industriels ».

Olivier Lluansi, ancien délégué aux territoires d'industrie, José Rioja, président de la com de com Est de la Somme, Frédérique Macarez, présidente de l'agglo de Saint-Quentin, Eric François, président de la com de com Haute-Somme, Michel Carreau, vice-président de l'agglo de Chauny, et Julien Burlat, directeur de l'usine Nigay de Nesle.

Ce collectif d'élus, d'entrepreneurs, travaille ensemble à la reconquête industrielle du territoire et aura bientôt un chef de projet dont le profil a été validé. « Le but dans les trois ans à venir, c'est de capter de l'innovation dans les domaines du développement durable ou de la transformation des process de production de nos entreprises déjà présentes, en lien avec France 2030 et le fonds vert, appuie Frédérique Macarez. Ramener de l'industrie ici, c'est contribuer au développement durable comme le disait Olivier Lluansi parce que quand on fabrique à l'étranger, il y a le transport qui a un coût financier et écologique et il y a des industries qui ne sont pas propres. »

Tous se mettent d'accord pour agir sur le volet de la formation aux métiers industriels. « Nous avons besoin de bien orienter les jeunes parce que nous avons trop souvent la facilité de les amener à faire des études généralistes en leur disant « tu ne sais pas quoi faire, continue en général », explique Julien Burlat, directeur de l'usine Nigay. On perd beaucoup de jeunes comme cela, on a tellement dénigré les métiers manuels. On se retrouve avec beaucoup d'ingénieurs et très peu de techniciens de maintenance dont on a bien besoin. La réponse peut être la création d'écoles de production où on a une approche totalement différente avec des jeunes qui étaient perdus et qui ont besoin de travailler, de toucher des matériaux, de se servir directement de machines et d'outils et cela fonctionne. »

Dans le public, des élus, des industriels, des représentants des préfectures de l'Aisne et de la Somme.