L’accès au crédit bancaire demeure ouvert
Pour l’essentiel, les entreprises en France parviennent à obtenir les crédits bancaires qu’elles demandent, d’après l’Observatoire du financement. Elles font preuve de résilience, mais la situation des TPE est plus préoccupante.
Les taux restent élevés. En 2022, globalement, les entreprises ont accédé normalement au crédit bancaire, d’après le rapport annuel de l’Observatoire du financement. Ce dernier est présidé par le Médiateur national du crédit et regroupe des organisations représentatives des entreprises, du secteur financier, public et parapublic concernées. D’après l’étude, diffusée le 30 mai dernier, les crédits mobilisés par les entreprises ont augmenté de 7,4 % en un an, pour atteindre 1 331 milliards d’euros, en 2022. Toutefois, fin janvier 2023, la croissance des encours a ralenti pour atteindre un rythme annuel de 6,8 %. Par ailleurs, en 2022, cette croissance est très inégalement répartie selon la taille des entreprises : les montants pour les plus grandes ont augmenté de 14,9 %, ceux pour les ETI de 6,7 % et ceux pour les PME de 5,5 %. Quant aux TPE, l’encours de leurs crédits a augmenté de 7,2 % en 2022, pour atteindre 399,7 milliards d’euros. D’après l’Observatoire, globalement, les niveaux d’obtention des crédits d’investissement ou de trésorerie demeurent «très favorables» et ils sont plus élevés en France que dans le reste de l’Europe. Ainsi, au premier semestre 2022, 77 % des PME ont reçu la totalité du crédit qu’elles ont demandé, contre 62 % dans la zone Euro. Mais le panorama des demandes de crédit et de leur taux d’obtention par les différents types d’entreprises, au quatrième trimestre 2022, est plus contrasté. En effet, 6 % seulement des TPE ont réalisé une demande de crédit d’investissement, un taux stable, contre 21 % des PME, en augmentation d’un point, et 29 % des ETI (+ 3 points). Les demandes ont été acceptées (pour au moins les trois quarts de la somme) à 90 % pour les TPE, 96 % pour les PME et à 98 % pour les ETI. Sur la même période, concernant les crédits de trésorerie, les demandes sont restées stables pour les trois types d’entreprises : 4 % pour les TPE, 6 % pour les PME et 8 % pour les ETI. Les taux d’obtentions sont plus bas que pour les crédits d’investissement : 78 % pour les TPE, 83 % pour les PME et de 94 % pour les ETI. «Le crédit de trésorerie des TPE constitue un point de vigilance», commente Frédéric Visnovsky, Médiateur national du crédit à la Banque de France, lors d’un brief presse, le 30 mai.
La nécessité d’anticiper
Au-delà des chiffres de l’accès au crédit, l’Observatoire recense aussi d’autres données qui témoignent de la «résilience globale des entreprises», selon les termes de Frédéric Visnovsky. En 2022, «La Médiation du crédit a été relativement peu sollicitée», constate le Médiateur. Par rapport à 2021, le nombre de saisines a diminué (2180 demandes contre 3937 ). Pour l’essentiel, les demandes émanent de TPE actives dans le domaine des services, et en second lieu, du commerce. La restructuration des PGE, Prêts garantis par l’État, fait l’objet d’environ un quart des dossiers. Par ailleurs, plus de 95 % des entreprises remboursent leurs PGE avec, fin 2022, environ 48 milliards d’euros de crédits remboursés sur les 143 milliards octroyés, selon la Banque de France. Autre tendance qui illustre cette résilience du tissu économique : en 2022, la création d’entreprises a atteint un pic (1 071 900), même si le rythme s’est ralenti avec une hausse de 2 % en 2022, après + 17 % en 2021. D’autres signes sont moins positifs : le nombre de radiations a augmenté de 11,6 % par rapport à 2021, pour atteindre 346 511 entreprises. Celui des défaillances aussi a augmenté pour atteindre 41 020, les plus petites entreprises étant principales concernées. Ainsi, «notre message est celui de la nécessité d’anticiper et de se faire accompagner», explique Frédéric Visnovsky. Les défis des transitions écologique et numérique s’imposent, en effet, à toutes les entreprises potentiellement fragilisées par la succession des crises, y compris aux plus petites, moins outillées. Une multitude de dispositifs gratuits de diagnostic existent qui peuvent les aider à faire le point sur leur situation, rappelle le Médiateur : Opale, proposé par la Banque de France, «Comment va ma boîte ?» des Chambres de Commerce et d’Industrie (CCI), «Diag Express financier» de la Chambre des métiers et de l’artisanat (CMA), «Diagnostic - CIP National» des experts-comptables et commissaires aux comptes, «Évaluez votre situation» d’Infogreffe ...
Outils de financement nouveaux : 3 milliards d’euros
Prêts participatifs et obligations Relance ont financé près de 3 milliards d’euros de projets de 800 PME et d’ETI françaises, à fin janvier. Ces deux outils financiers ont été lancés dans le cadre du plan France relance, à destination des PME et ETI françaises qui souhaitaient se développer et investir sans ouvrir leur capital à des actionnaires extérieurs. Ils restent déployés jusqu’au 31 décembre 2023.