Commerce de proximité
L’Abri du temps, cet endroit si particulier
Depuis 2016, Hélène Thomas accueille un public intergénérationnel au sein de sa librairie nancéienne aux accents authentiques. L’Abri du temps a su trouver et fidéliser sa clientèle. Pourtant, sa gérante pense aujourd’hui à trouver un repreneur. Explications.
À
deux pas du musée Lorrain, l’endroit est ouaté dans un cocon de silence et
d’apaisement. C’est ici qu’Hélène Thomas a repris en 2016 L’Abri du temps, à la
dénomination si bien portée. Pour tout dire, elle a toujours baigné dans
l’univers des livres, des premiers ouvrages familiaux à ses études littéraires
jusqu’à une trajectoire professionnelle vers le métier de bibliothécaire. Le
livre, Hélène Thomas en dépeint sa philosophie : «Je le vois comme
quelque chose avec de la vie, surtout pas figé.» Les rencontres de
l’existence lui font croiser le chemin de Francine Carton, laquelle tient alors
cette librairie de quartier en vieille ville de Nancy depuis 1988. Hélène
Thomas découvre L’Abri du temps que sa gérante désire céder. Le fil rouge est
de ne pas en perdre l’authenticité. Hélène Thomas prend la suite. Dans cet agencement
boisé et chaleureux, fort de quelque 7 500 références littéraires,
bibliophiles, étudiants, enseignants, retraités partent en quête de la perle
rare d’occasion.
L’indispensable coup de cœur
Le premier confinement marque la fermeture de son espace qu’elle a su animer par des concerts de quartiers, des rencontres littéraires, des instants culturels. Au fil des soubresauts et des adaptabilités auxquels cette crise pandémique nous aura contraint, Hélène Thomas s’évertue à croire à la pérennité de son activité. Bientôt, elle est rattrapée par ce mouvement de réflexion profond qui traverse actuellement la société : la quête de sens, «dans nos quotidiens, où allons-nous et pourquoi ?» Hélène Thomas fait cette analyse : «Cette crise a révélé nos fragilités et a défait les liens entre les personnes.» Pour elle, cela se traduit par une intense introspection personnelle, avant d’arriver à une décision mûrement pesée : «À Noël dernier, j’ai décidé de trouver un repreneur. Je souhaite personnellement me recentrer sur l’essence même du livre, son aspect créatif, plus forcément le vendre comme un produit.» Celle ou celui qui lui succédera ? «Cela ne pourra être que quelqu’un qui aura le même coup de cœur que j’ai eu.» Elle se donne jusqu’à l’été pour faire le point. Pour l’heure, L’Abri du temps reste bien sûr ouvert. L’esprit du livre y demeure vivace, témoin d’hier, d’aujourd’hui et relais vers demain.