© Bernd Uhlig
Si l’artiste allemande a signé ces dernières années de superbes mises en scène d’opéra – l’onirique Matsukaze ou le vibrionnant Orfeo découverts à l’opéra de Lille –, Sasha Waltz est d’abord une chorégraphe audacieuse et inspirée. En 2000, avec Körper, première pièce qu’elle signait comme codirectrice de la Schaubühne Berlin, elle marquait les esprits avec un projet conçu au sein du Musée juif de Berlin, qui exposait, auscultait et offrait au regard des corps affranchis des apparences standardisées, des conventions de la danse, des esthétiques de façade. Un corps sans concession “mis en relation avec l’architecture, la science et l’Histoire” dans une succession de tableaux graves, comiques ou cruels. Des atmosphères contrastées dans la lignée des propos de Sasha Waltz : “Parfois la beauté et la laideur, c’est la même chose. Le changement de perspective pourrait muer un rêve d’amour en cauchemar.” Cette création remporta un immense succès – plus de 25 000 spectateurs –, et devait marquer l’histoire de la danse du début de siècle. Repris en 2017, le spectacle se joue à nouveau à guichets fermés : les corps vieillissent peut-être, mais Körper n’a pas pris une ride : “Pour moi, ce thème est toujours autant d’actualité, puisqu’il évoque les mutations génétiques, les monstres que l’on crée et la perte de l’individualité”, explique ainsi la chorégraphe.
Représentation le 15 juin à 20h à l’opéra de Lille. Renseignements et réservations au 03 62 21 21 21 ou sur www.opera-lille.fr