Outil pédagogique

Koolookoo : Apprendre en s’amusant

Après l’opération de précommandes couronnée de succès cet été, la start-up vosgienne Koolookoo créée par Noémie Klein est en pleine phase de fabrication de son jeu éducatif. Conçu avec des orthophonistes, l’outil connecté vise à aider les enfants DYS à apprendre à lire, écrire et compter. Les premières livraisons sont programmées pour janvier.

© Johann Marin-Thiery
© Johann Marin-Thiery

Être tombée dans la marmite de la neuroscience. C’est ainsi que Noémie Klein confie avoir démarré cette aventure d’abord personnelle avant qu’elle ne bascule dans l’aventure entrepreneuriale. Après des études en communication puis un déménagement au Canada qui aura fait voler en éclat toutes les barrières autour de l’entrepreneuriat, Noémie et son conjoint rentrent en France et créent en 2018 un bureau en ingénierie logicielle. C’est à cette époque que les jeunes parents découvrent la maladie génétique dont souffre leur fille. Tous deux sont déjà sensibilisés à la problématique des troubles liés aux apprentissages et à leurs conséquences sur la scolarité et le bien-être des enfants. Alors il y a tout juste quatre ans, Aurélie décide d’agir et se lance compulsivement dans des lectures sur le fonctionnement du cerveau, sur comment s’acquière la lecture. Elle compile les études, achète des outils et devient une experte en prédicteurs à la lecture que ce soient la conscience phonologique, l’acquisition du vocabulaire ou encore la compréhension orale. «Je n’ai rien inventée, mais je me suis plongée dans tout ce qui existait déjà», explique-t-elle ajoutant avoir vite fait un constat : «aucune solution satisfaisante n’était sur le marché.» Et pour cause, aucun support polyvalent n’était encore disponible, il fallait toujours un adulte à côté pour aiguiller l’enfant et surtout de nombreuses solutions intégraient des écrans. Noémie et son conjoint inventent donc un premier support «absolument pas design, mais qui permettait d’atteindre nos objectifs sans écran, en insérant une carte intelligente avec un QR code dans une fente, en écoutant les consignes et en appuyant sur les boutons pour répondre.»

L’aventure entrepreneuriale en marche

Une solution technique facile à réaliser pour un papa ingénieur et une maman dont la curiosité n’est jamais assouvie. «Tous les jours, on était face à des problèmes et on devait trouver des solutions, c’était presque devenu un jeu. Notre métier, c’est réfléchir pour aider les acquisitions», s’amuse-t-elle aujourd’hui. Ce premier prototype modulable a alors uniquement une vocation personnelle jusqu’au jour où des amis le découvrent et s’enthousiasment. C’est là que bascule le projet en aventure entrepreneuriale, au moment précis où la trentenaire a repris des études pour se remettre à niveau en communication et découvre le statut d’étudiant entrepreneur. Elle croise alors la route du quai Alpha d’Épinal et des rencontres avec des orthophonistes vont nourrir sa réflexion, enrichir le jeu et notamment sa variété. La boîte en bois créée en famille se transforme progressivement en un outil ludo-éducatif, au design soigné. La société prend vie en septembre 2023. Si tout était fait jusqu’à présent à la main, le modèle devait être repensé avec un expert autour de la création d’un boîtier industrialisable et avec un ingénieur sur la conception d’une carte sur mesure. L’opération de prévente lancée en juin sur la plateforme Ulule marque la première réussite commerciale de la start-up avec un objectif de 10 000 euros atteint en un temps record avec des commandes faites par des parents mais aussi des orthophonistes.

Dernière ligne droite

L’heure est désormais au démarrage de la production en partenariat avec l’ESAT APF d’Illkirch-Graffenstaden en Alsace. Les cent premiers jeux devraient être livrés avant la fin du mois de janvier. Chaque modèle sera doté de 300 jeux, et autant de fondamentaux et de prérequis en lecture, grammaire ou encore en calcul. Des packs thématiques de 150 exercices seront également en vente. Testé avec enthousiasme dans des classes Ulis des Vosges, le jeu intéresse le territoire numérique éducatif des Vosges qui souhaite le tester sur le terrain. Après quatre années engagées dans cette aventure, Noémie avoue s’être «prise au jeu» avec la volonté de changer la spirale des échecs scolaires et ainsi lutter contre des inégalités qui touchent près de 20 % des élèves à la sortie de l’école primaire, selon le ministère de l’Éducation nationale. Son innovation mise sur l’autocorrection pour développer l’autonomisation des enfants et ainsi leur redonner confiance en eux.

A.M.