Jean-Michel Sède, président de la Fédération régionale des promoteurs immobiliers : «Notre profession doit aujourd’hui…
Unique organisation professionnelle représentative du secteur, la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) de France compte sur le territoire national plus de 660 entreprises adhérentes. Elles sont une quarantaine dans les Hauts-de-France, avec à la tête de la Fédération régionale Jean-Michel Sède, récemment élu président. Entretien.
La Gazette : Pouvez-vous rappeler les grandes missions de la FPI Hauts-de-France et comment elle se structure en région ?
Jean-Michel Sède : La FPI regroupe dans chaque région de France des promoteurs immobiliers privés, qu’ils soient spécialisés dans le logement pur – avec une partie de la production consacrée au logement social –, l’aménagement, avec par exemple la réhabilitation de centres-villes ou de friches industrielles, ou le tertiaire.
Notre objet, comme toute fédération, c’est de défendre les intérêts de nos adhérents et d’être l’interlocuteur privilégié des collectivités dans leurs décisions d’aménagement, de leur apporter notre regard professionnel d’acteur de terrain pour juger de la faisabilité d’un projet. Ce qui est notamment le cas dans les opérations de procédures de révision des documents d’urbanisme, ou en ce qui concerne les chartes environnementales, de plus en plus nombreuses, des collectivités.
Nous sommes évidemment partie prenante de ce virage vert et avons conscience, depuis quelques années déjà, qu’il faut tendre vers la neutralité carbone, en étant vigilants pour que les prix ne s’envolent pas au regard de la rareté foncière, des difficultés d’approvisionnement des matières premières et de la RT 2020 qui entrera en vigueur au 1er janvier 2022. Il faut prendre en compte les contraintes de prix de revient et opter pour les solutions les plus rationnelles en termes de construction.
Vous avez officiellement pris vos fonctions en septembre dernier. Quel regard portez-vous sur cette période post-Covid et quelles sont les priorités de votre mandat ?
Il y a d’abord un volet macro-économique. C’est un peu subjectif mais j’ai le sentiment qu’il y a une combinaison entre les élections, la Covid-19 et le réchauffement climatique. Avec au centre, un discours de fond qui tendait vers un ralentissement de la construction, moins de bétonisation, un meilleur cadre de vie…
Nous devons tenir compte du sentiment des citoyens sur ces questions environnementales, des positions de politiques publiques, de l’objectif à 2050 de zéro artificialisation nette (Zan) des sols pour les collectivités, fixé par la loi climat et résilience [ndlr, avec un palier en 2030 pour réduire par deux le rythme de consommation des espaces naturels, comparé à la dernière décennie] pour préserver la biodiversité et l’environnement, en ne consommant plus de terres agricoles.
Autant de nouvelles donnes qui peuvent se traduire pour certains par l’arrêt des extensions urbaines et la volonté de reconstruire la ville sur la ville. Avec comme conséquence une densité accrue. C’est notre principal enjeu : montrer aux citoyens et élus qu’il existe en matière de construction des besoins non satisfaits, en termes de logements ou de bureaux, que la population augmente, avec toujours un attrait pour les villes.
Quelles sont les options qui s’offrent aux promoteurs dans ce contexte ?
Il faut regarder du côté de la transformation des parcs de bureaux en logements, ce qui se fait déjà en région, et du côté également du patrimoine, à déconstruire et recycler. La filière a sur ce point beaucoup progressé. Notre profession doit aujourd’hui penser plus global et communiquer davantage sur la qualité de nos projets, qui améliorent en règle général le cadre de la ville. Et systématiser le travail de concertation auprès de la population, via les réunions publiques, pour mieux présenter, expliquer et défendre les projets.
A-t-on aujourd’hui, selon vous, atteint un seuil de construction ?
C’est une vraie question. Ce qui est certain, c’est que la construction ralentit fortement, faute de nouvelles opportunités. C’est notamment vrai sur la métropole lilloise, avec une baisse des mises en vente de 49%, qui traduit la problématique de pénurie foncière de ce territoire, avec une baisse de 5% de l’offre disponible, soit douze mois d’activité. Cela l’est moins pour les villes moyennes.
Le nombre de réservations (logements collectifs et individuels groupés), au troisième trimestre 2021, s'affiche dans la région en repli de 10% par rapport à la même période de 2020 ; 817 logements ont été réservés en 2021 contre 904 en 2020. Les nouveaux programmes mis en commercialisation baissent eux de 33% sur le troisième trimestre : 630 en 2021 contre 939 en 2020. Nous devons dans ce contexte tendu continuer à produire, à proposer des services qualitatifs, sur un territoire foncier plus restreint, et faire accepter l’acte de construction.