Agriculture
Jean-Luc Poulain, un agriculteur engagé
L'agriculture
est en pleine mutation et les agriculteurs doivent se réinventer et
s'adapter. Jean-Luc Poulain, 66 ans, neuvième génération
d’agriculteurs, installé dans l’Oise, a été président
jusqu’en avril dernier du Salon international de l’agriculture,
pendant 16 ans et a exercé de nombreuses hautes fonctions. ll livre sa vision du monde agricole d’aujourd’hui.
Jean-Luc Poulain est un agriculteur engagé. Il est l'un des exemples d'exploitants passionnés qui voient pourtant leur monde changé. S'il a été président, jusqu’en avril, dernier du Salon international de l’agriculture, pendant 16 ans, il a également été président du Salon du Cheval de Paris et du Championnat du Monde du cheval arabe de show.
Cet agriculteur a dédié sa vie au monde agricole, en prenant de hautes fonctions pour défendre les professionnels. Dès 1993, il exerce des responsabilités au sein de la filière agricole, en devenant président de la FDSEA. Il est aussi président de la Chambre d'Agriculture de Picardie entre 1998 et 2004, et la même année, il est président de la Chambre d'Agriculture de l'Oise. Pendant la même période, il est président de la Fédération régionale du Nord du Bassin parisien qui regroupe 12 départements.
Aujourd'hui retraité, il reste avant tout un agriculteur très au fait des problèmes des agriculteurs, éleveurs, viticulteurs, arboriculteurs, etc. Pendant 42 ans, il a cultivé 275 hectares de betteraves et céréales avec son frère. « Le bon sens prévalait dans la façon de cultiver. On s’adaptait aux saisons et non au calendrier administratif imposé aujourd’hui et qui est du grand n’importe quoi. Quelquefois, les normes sont totalement anti écologiques. On ne peut plus gérer en fonction du temps qui se dérègle de plus en plus, il faut laisser faire les paysans », témoigne-t-il.
Dans son analyse, la crise que traverse les agriculteurs est structurelle, fortement lié à la flambée des prix. « Contrairement aux affirmations politiques depuis 20 ans, les petits agriculteurs et éleveurs ne sont pas protégés et les coûts de mise aux normes sont exorbitants. Ils n’ont donc qu’une solution, cultiver de plus en plus de terres, afin de pouvoir gagner leur vie correctement. Il y a 42 ans, la tonne de blé était payée 1400 francs, en 2024 c’est 200€, alors que le prix d’un tracteur a été multiplié par dix. Quant aux importations de viandes et autres produits alimentaires de pays très lointains, ne répondent pas aux critères européens, il faut que cela cesse », exprime-t-il.
Selon lui, cette crise est aussi lié aux règles du marché européen. « Il faut aussi que les accords de Maastricht s’appliquent véritablement dans toute l’Europe, ce qui n’est pas le cas. Les pays qui sont en avance doivent attendre les autres. Il y aura un avenir pour l’agriculture si tous les pays européens appliquent les mêmes directives, sinon dans dix ans, il n’y aura presque plus d’agriculteurs. » Aujourd'hui, ce passionné reste dans le monde agricole, mais à sa façon. Jean-Luc Poulain a repris une activité, importante pour son bien-être, l’attelage avec ses deux chevaux.