Investissements d'avenir : "une dynamique qui se poursuit"

Louis Schweitzer, commissaire général à l'investissement, était à Lille, le 4 novembre 2015, pour assister au deuxième comité régional de suivi du programme des investissements d'avenir. L'occasion de les expliciter et de les justifier, mais aussi d'affirmer sa confiance dans la vitalité de la région.

Louis Schweitzer, commissaire général à l'investissement, aux côtés de Jean-François Cordet, préfet de région : « Peut-être cette région est-elle meilleure qu'elle ne le croit. »
Louis Schweitzer, commissaire général à l'investissement, aux côtés de Jean-François Cordet, préfet de région : « Peut-être cette région est-elle meilleure qu'elle ne le croit. »
Louis Schweitzer, commissaire général à l’investissement, aux côtés de Jean-François Cordet, préfet de région : “Peut-être cette région est-elle meilleure qu’elle ne le croit.”

Louis Schweitzer, commissaire général à l’investissement, aux côtés de Jean-François Cordet, préfet de région : “Peut-être cette région est-elle meilleure qu’elle ne le croit.”

Le Shopping Innovation Lab (Silab), qui a été inauguré le 12 octobre 2015 sur le site EuraTechnologies à Lille, est l’exemple de «ce que peut donner de façon concrète une innovation intelligente dans un domaine auquel on ne penserait pas toujours, celui des services». Cet outil porté par le Pôle de compétitivité des industries du commerce (Picom) a marqué Louis Schweitzer, venu à Lille pour le deuxième comité régional de suivi du Programme des investissements d’avenir (PIA). «La région est active dans le PIA, avec 106 projets soutenus à hauteur de 760 M€», a indiqué le commissaire général à l’investissement pour qui «il y a une dynamique en cours et qui se poursuit». Les institutions régionales soutenues par le PIA que sont l’Institut français des matériaux agro-sourcés (IFMAS) à Villeneuve-d’Ascq, l’Institut de recherche technologique Railenium à Valenciennes et la Société d’accélération du transfert de technologie (SATT) à Lille, dont la dotation vient d’être abondée à hauteur de 19 M€, «ne posent à mes yeux pas de problèmes», a-t-il rassuré.

Idex : attendre «quelques semaines». Et d’attendre, comme ses promoteurs régionaux, la décision du jury international sur la candidature de l’université Lille Nord de France aux Initiatives d’excellence (Idex). «Le projet a été présélectionné parce qu’il a été jugé convaincant. Les juges se focalisent sur l’excellence, la qualité scientifique − c’est un acquis −, le projet et sa cohérence pour l’avenir.» Et là aussi de rassurer : «Ces universitaires de haut niveau international ne raisonnent en aucun cas en fonction des échéances électorales. L’esprit du PIA, c’est d’être en dehors des débats d’alternance politique et des enjeux d’échéances électorales. Le PIA s’inscrit dans le long terme, ses décisions sont toujours prises sur la base d’expertises indépendantes. Non, il n’y a pas d’interférences.»

Ceci dit, Louis Schweitzer convient qu’une sélection Idex pourrait changer complètement la place de la part de la région dans le total des fonds engagés par le PIA, à ce jour 760 M€ sur un total de 36 Mds€, dont 14 Mds€ de dotations non consommables destinées aux Idex. «Rendez-vous dans quelques semaines».

Région à potentiel. Pour autant, il se refuse à «dire que la région a été mal servie par le PIA». Il fait même assaut de «régionalisme» jusqu’à affirmer : «Peut-être cette région est-elle meilleure qu’elle ne le croit.» Et d’expliciter : «Il y a un potentiel dans cette région. Géographique d’abord. Ce n’est pas un hasard si tant Renault que PSA ont décidé d’y construire des usines. Cette région a un avantage géographique qui est un vrai avantage. En termes universitaires et de recherche, cette région a aussi des atouts majeurs, c’est un élément de rayonnement. Cette région a aussi une histoire industrielle qui est un atout en termes de rigueur, de sens de la qualité, de formation, d’organisation. C’est un atout quand on va vers la nouvelle économie. On en a quelquefois une image de désordre créatif, mais en réalité elle exige des disciplines, des rigueurs de qualité et de formation qu’un passé industriel me paraît de bonne nature à garantir. Dans le fond, je n’arrive pas à voir cette région sans atouts ou en retard. Je pense que c’est une région d’investissement, d’avenir, où s’appliquent les trois mots qui définissent le PIA : l’excellence en termes de recherche de qualité, l’innovation – l’excellence en matière de recherche s’y traduit dans l’industrie, la production, le commerce – et la coopération − c’est une région où il y a une grande solidarité entre acteurs. C’est une région où je vois beaucoup de signes de vitalité.»

De l’avenir, il fut aussi question, avec la présentation du troisième Programme d’investissements d’avenir (PIA3) doté de 10 Mds€. Pas de remise en cause des fondamentaux du PIA, ni de nouvelles créations d’instituts à en attendre, sauf des instituts hospitalo-universitaires (IHU) − «tous les champs de recherche coopérative ne sont pas encore couverts» −, mais des efforts de simplification et d’accélération des procédures d’instruction des dossiers, avec l’objectif d’un délai de trois mois entre le dépôt de candidature et la contractualisation.

ENCADRE

Développement durable : deux projets régionaux soutenus par le PIA 

Lors de ce comité régional de suivi, deux projets soutenus par le PIA ont été présentés dans le domaine du développement durable pour apporter un éclairage à la veille de la conférence des Nations unies sur le climat qui doit se tenir à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015.

La construction bois industrialisé 4.0. L’enjeu de ce projet «construction bois et industriel 4.0» porté par la société Smart Module Concept de Bondues, en partenariat avec Centrale Lille et Rabot Dutilleul, est de développer un processus industriel qui permette de réaliser des bâtiments tridimensionnels à ossature bois, à faible impact environnemental et à un coût inférieur à celui du marché, sur la base de modules pouvant s’agencer de différentes façons. Après des années de recherche et de développement, Smart Module Concept a mis au point son système constructif modulaire qui consiste à préfabriquer la construction à 95% en atelier. Suite à l’appel à projets «Méthodes industrielles pour la rénovation et la construction de bâtiments», l’Ademe a retenu ce projet qui sera soutenu dans le cadre du PIA pour un montant de 0,8 M€ sous forme de subventions et avances remboursables sur un montant total du projet de 1,6 M€. 

Cambrai, centre de recyclage du PVB pour l’Europe. «Ce projet technologiquement ambitieux et créateur d’une vingtaine d’emplois fait typiquement partie des projets que le PIA soutient.» De quoi s’agit-il ? Le polyvinyl butyral est un composant du verre feuilleté présent dans les pare-brise automobiles ou les vitrages feuilletés en général, qui évite leur éclatement en cas de choc. Le projet, accompagné par l’ADEME dans le cadre du programme énergies économie circulaire du PIA, vise à mettre en œuvre à l’échelle industrielle un procédé innovant de régénération de la molécule de PVB, produit cher et jusqu’ici pas recyclé. Actuellement en cours de construction, l’usine d’Hainaut Plast Industry (HPI), située à Cambrai, doit ouvrir ses portes fin novembre 2015. «Cette remarquable initiative locale fera de Cambrai le centre de recyclage de ce matériau pour l’Europe.» Le projet qui mobilise un total de 6,7 M€, dont 1 M€ d’aide PIA en subventions et avances remboursables, porte aussi sur la caractérisation de cette matière recyclée et sa formulation en vue de son incorporation dans de nouveaux produits intéressés par ses propriétés d’adhésion, de résistance et de ductilité.