Intérim : pas d'éclaircie en vue au niveau national et régional
Le Baromètre Prism'emploi d'octobre donne la tendance de l’intérim dans l'Hexagone et au niveau régional. L’embellie n'est pas encore au rendez-vous, en particulier avec un secteur du BTP en berne. Zoom sur cette étude et ses conclusions pour la région.
L’intérim a toujours été un excellent indicateur, préfigurant les tendances de recrutement. Véritable thermomètre de l’emploi, donc de l’économie, l’intérim est scruté avec attention par les observateurs. A ce titre, le Baromètre Prism’ emploi apporte un éclairage utile sur ses tendances et évolutions.
Mais qui est Prism’emploi ? Il s’agit d’une organisation professionnelle regroupant plus de 600 entreprises, soit 90% du chiffre d’affaires de la profession du recrutement et de l’intérim. Son étude formalise les évolutions en pourcentage des effectifs intérimaires observées au cours d’un mois, en se basant sur les données du même mois de l’année précédente, tout en examinant les qualifications, les grands secteurs d’activité et les régions. L’enquête est établie à partir des statistiques transmises par un panel d’entreprises de travail temporaire représentant plus de 80% de l’emploi intérimaire.
Constat en France. Le Baromètre Prism’emploi d’octobre 2014 confirme la baisse des effectifs intérimaires enregistrée déjà au mois d’août. Le décrochage s’accentue avec une baisse de 2,9% au niveau national. Les secteurs les plus durement frappés sont le BTP (-20,6%) et, dans une moindre mesure, les transports (-0,5%). A noter aussi l’essoufflement de la hausse dans d’autres activités comme le commerce (+1,8% en octobre après +3,3% en septembre) et dans l’industrie (+0,1% en octobre après +0,9% en septembre). Malgré tout, le secteur des services parvient à tirer son épingle du jeu avec une croissance de 1,9% en octobre, après une hausse de 0,7% en septembre.
Même si les effectifs intérimaires en général reculent (-2,9% au niveau national), cela dissimule une grande diversité de situations suivant les secteurs.
Le BTP, l’intérim à reconstruire ? En effet, l’intérim du BTP est en net recul, avec une baisse de plus de 20% des effectifs intérimaires en octobre 2014. Le bâtiment reste une activité à ne pas négliger, puisqu’elle représente 347 000 entreprises, près d’un million cinq cent mille actifs, soit la moitié de l’industrie. Depuis 2011, l’ensemble du secteur aurait déjà perdu près de 60 000 emplois…
Ce secteur clé a un impact sur tous les autres. Le recul du recrutement d’intérimaires est révélateur d’un climat plutôt morose. Un constat sombre au niveau national qu’on retrouve malheureusement dans la région. On constate un repli important des effectifs intérimaires du BTP dans la région Nord-Pas-de-Calais, encore plus prononcé qu’au niveau national, avec un recul de 26,8% au mois d’octobre 2014.
L’intérim en Nord-Pas-de-Calais. Dans la région, sur l’ensemble de l’emploi intérimaire, on observe une augmentation de 3,4%. Cela s’explique par des effectifs qui progressent dans la majorité des secteurs : l’industrie (+12,3%), les services (+9,1%), le commerce (+4,1%) et les transports (+2,8%), venant ainsi contrebalancer la lourde chute dans le BTP.
Des différences marquées entre secteurs qu’on retrouve dans les professions, puisque les cadres et professions intermédiaires (+21,8%), les ouvriers non qualifiés (+15,7%),et les employés (+6,6%) sont en progression. A l’inverse, les ouvriers qualifiés enregistrent une baisse de 10,5%.
Cependant, au niveau local, il est important de noter les grands écarts existants entre le département du Pas-de-Calais, qui connaît une hausse des effectifs intérimaires de 5,7% en octobre 2014, tandis que son voisin du Nord est lui confronté à une baisse de 1,6%.
Mise en perspective. Ce rebond de l’intérim dans de nombreux secteurs est un signal positif. Une tendance déjà soulignée par l’INSEE1, puisqu’en Nord-Pas-de-Calais le nombre de missions intérimaires progresse, passant de 33 000 à 35 200 fin 2013. L’étude soulignait malgré tout l’importance des secteurs de l’industrie et de la construction qui sont touchés par une sévère baisse de l’intérim, un constat confirmé par le Baromètre Prism’emploi.
Malgré des spécificités locales et sectorielles, il reste clair que l’embellie programmée de l’intérim, annonçant celle de l’emploi, n’est pas encore d’actualité en France et en Nord-Pas-de-Calais.
1. Note trimestrielle de conjoncture n° 46 − avril 2014 − Répit pour l’emploi − Elisabeth Vilain.