«Innovons haut et fort !»

Suite à la création de la Région Hauts-de-France en 2015, un processus de regroupement des comités du Tourisme Nord-Pas de Calais et Picardie a abouti à la création du Comité régional du tourisme et des congrès des Hauts-de-France. Frédéric Leturque, maire d’Arras, conseiller régional, en est devenu le président. Nous l’avons rencontré pour faire un point de situation et évoquer l’évolution de ce bel outil au service des Hauts-de-France.

«Innovons haut et fort !»

La Gazette : Pouvez-vous nous présenter le Comité régional du tourisme et des congrès (CRTC) des Hauts-de-France et ses missions ?
Frédéric Leturque : La mission globale du CRTC est fixée par le Conseil régional. La politique touristique régionale repose sur quatre priorités : une croissance rentable au service de la création et de la pérennisation des emplois, la performance économique des mises en marchés (régionaux, nationaux, européens et lointains), la conciliation entre la fierté d’appartenance des habitants quel que soit leur territoire et l’attractivité régionale, et un mode de développement vecteur de cohésion sociale et de performance environnementale qui s’inscrit dans la démarche rev3.​ Autour de ces volontés fondamentales, le CRTC doit répondre aux enjeux d’une économie touristique en perpétuel mouvement, avec de nouvelles valeurs et tendances sociétales qui influencent les critères d’attractivité​, un tourisme qui intègre l’économie du mieux-être, le passage d’une économie de prestations à une économie de solutions, le passage d’une économie de services à une économie d’expériences, et la prise de pouvoir du client final​.

Qu’a apporté la fusion des CRT Nord – Pas-de-Calais et Picardie ?

C’est une fusion qui donne du sens. Le portrait identitaire des Hauts-de-France a démontré que les deux anciennes régions ont de nombreuses similitudes. Ce territoire partage des valeurs communes qu’il peut décliner sur une offre touristique cohérente et variée. Par ailleurs, la fusion permet de rationaliser les budgets. Avec le maintien des deux sites, nous avons regroupé et optimisé des compétences, tout en s’organisant par marché, aussi bien sur la thématique touristique que sur le volet des affaires. Nous bénéficions d’un territoire cohérent au nord de Paris et facilement identifiable à l’international, qui est en mesure, autour d’une offre riche et variée, de proposer aux visiteurs de véritables expériences humaines et un tourisme de rencontres et authentique.

Quels sont les axes forts de la
stratégie de développement du tourisme en Hauts-de-France ?

Le CRTC a cinq grands défis à relever et il en a défini les enjeux clés. Face à l’ubérisation des GAFA, nous développons un système de plate-forme de l’économie touristique régionale. À partir d’un important travail de recherche et développement, nous procédons à une nécessaire transformation des acteurs et une personnalisation de l’offre en regard des attentes des clients. La digitalisation des métiers et du nouveau marketing nous conduit à mettre en œuvre une gestion pointue de la relation clients. La performance visée à l’international nous entraîne au passage d’un modèle de promotion-communication au business management des marchés. L’engagement des habitants apporte une stratégie régionale partagée, attractive et valorisante pour les identités locales.

Comment se traduisent les ambitions du
CRTC ?

Il s’agit de développer et de faire évoluer le tourisme régional en l’intégrant dans l’économie du mieux-être qui nous est chère, l’économie de la personnalisation​, l’économie de la relation clients, l’économie de l’expérience​ et l’économie des plateformes collaboratives. ​Pour accompagner ces ambitions, nous facilitons les échanges de conseils, de références, d’évaluations, ainsi que la création de communautés d’intérêts et, pour compléter, le transfert de données du consommateur aux acteurs (feed-backs), des acteurs aux élus (performances) et des élus aux habitants (impact économique, utilisation des taxes).​

La région semble très présente sur le tourisme d’affaires. Avez-vous quelques chiffres significatifs à nous confier ?

C’est exact : 56% des nuitées sont en lien avec l’activité affaires et séminaires, soit plus d’une nuitée sur 2,65% sur la MEL. Par ailleurs, la région est la 4e région en France pour sa fréquentation tourisme d’affaires (source AFTM 2016), 3e place des destinations affaires en train selon le magazine Voyages d’affaires (septembre 2016), grâce notamment à l’hyper accessibilité de Lille.

Les chiffres 2011-2017 nous apportent les éléments suivants : un réseau unique de huit destinations affaires et congrès au cœur d’un bassin de quatre capitales européennes dans un rayon de 300 km. Les Hauts-de-France sont au centre d’une zone de 78 millions de consommateurs et d’un marché de 1 500 milliards d’euros de pouvoir d’achat, presque 600 dossiers congrès et événements d’entreprise (séminaires, conventions, réunions professionnelles, incentives, etc.) traités. Les retombées cumulées représentent 31,5 M€ sur la région et nos clients internationaux (top 3) sont les Anglais, les Belges et les Néerlandais.

La Chine semble s’intéresser à notre région. Avez-vous une stratégie particulière ?

Le poids de la Chine en matière de démographie et de performance économique fait du marché chinois un enjeu stratégique pour le développement de l’économie touristique régionale. Pour capter cette croissance exponentielle, le CRTC agit simultanément sur la demande (prospection permanente de voyagistes TO et agences de voyages, partenariats avec les TO spécialistes des destinations européennes) et sur l’offre (internalisation de la compétence culturelle du marché, prestations personnalisées, accompagnement des professionnels du tourisme régionaux pour l’intégration des attentes spécifiques des visiteurs chinois, formation de guides sinisants). En 2018, la démarche menée par le CRTC a généré 25 550 touristes chinois et un chiffre d’affaires de 1,545 M€. Au total, 50 tour-opérateurs chinois programment actuellement la région Hauts-de-France.

Un
dernier mot ?

Nos excellents résultats montrent à nouveau que les Hauts-de-France est une véritable région touristique. Ils sont le fruit d’une stratégie gagnante du Comité régional du tourisme et des congrès et de l’ensemble des acteurs du tourisme de la région, qui ont compris l’intérêt de répondre aux attentes spécifiques des visiteurs, notamment de la clientèle étrangère, de porter haut et fort nos valeurs de générosité et de convivialité, de proposer des expériences uniques, de se positionner légitimement comme la région du mieux-être et du ressourcement.

Le marché chinois est un enjeu stratégique pour le développement de l’économie touristique régionale