InnoVent a le vent en poupe !
Quand Grégoire Verhaeghe, industriel textile, installe une éolienne sur son teinturerie textile à Tourcoing, on est bien loin de l’engouement que l’on peut connaître aujourd’hui pour les énergies renouvelables. C’est en 1993. Une première éolienne de 80 kW sur le site de Verhaeghe Industrie, une seconde en 2000. Et aujourd’hui, Innovent en a construit 136, soit 3% du parc éolien français.
Grégoire Verhaeghe a d’abord commencé par installer ses parcs dans le Pas-de-Calais : Le Portel, Valhuon, Hermin, Sains-les-Pernes, etc. Notamment parce qu’il y a de l’espace et du vent ! Quand il crée Innovent, il souhaite créer, installer et exploiter des fermes éoliennes pour miser davantage sur cette énergie renouvelable. L’installation d’une éolienne ou d’un parc solaire est loin d’être facile, notamment parce qu’il faut respecter les nombreuses réglementations : distance de sécurité à respecter entre les habitations, les routes ou les monuments historiques ; un périmètre de 400 mètres entre chaque mât… Et surtout, tout le monde est globalement « pour » sur le papier, mais pas sur son territoire ! Une fois les accords trouvés avec les collectivités locales et les propriétaires fonciers concernés, c’est l’heure des études de faisabilité : étude détaillée du réseau électrique, étude d’impact (paysages, acoustique, faune, flore…), études ICPE (Installations Classées pour la Protection de l’Environnement) etc. Un travail de longue haleine : les éoliennes finissent souvent par être installées dix ans après le début du projet.
Continent africain. « En France, il y a de nombreux espaces protégés, on avait rapidement fait le tour donc InnoVent a donc préféré exporter son savoir-faire, notamment en Afrique, avec la création de deux filiales : InnoSun et InnoWind, présentes dans une dizaine de pays du continent africain » explique Camille Courtin, chargée de communication. Le projet « Omburu », en Namibie, qui fonctionnera courant avril, est impressionnant : 33 000 panneaux solaires, 16 hectares, un parc solaire de 4,5 MW, 6 millions d’euros d’investissement… InnoVent est aussi présent en Afrique du Sud, au Maroc, au Sénégal, au Kenya, en Côte d’Ivoire, au Niger et au Burkina Faso. Avec un coût avoisinant 1,2 million d’euros par MW installé pour l’éolien en France et 1,6 million d’euros pour le solaire en Afrique, cela exigebeaucoup de capitaux. Dès 2001, la PME de la Haute-Borne a procédé à la revente partielle de ses premiers sites construits – l’entreprise reste encore propriétaire de 70 éoliennes dont la production d’électricité est achetée par EDF– pour débloquer des fonds et investir ailleurs. « Nous avons gardé 120 MW de projets en France » précise Camille Courtin.
Lendosphère. Pour financer la construction d’une centrale solaire en Namibie, InnoVent a engagé une campagne sur Lendosphere, plateforme de financement participatif en prêts rémunérés dédiés à des projets de développement durable. L’entreprise est plutôt rodée au crowdfunding puisqu’il s’agit de sa seconde campagne. « Cela permet de proposer à tout à chacun d’investir dans un projet, à des taux avantageux et pour des projets qui ont du sens. Et de participer à la sauvegarde de la planète ! ». poursuit la chargée de communication. Ce deuxième emprunt – 50 000€ à 6% sur cinq ans – fait suite à un premier qui avait déjà séduit 68 prêteurs avec une moyenne de 588€. Parmi les prêteurs, une quinzaine habite le Nord-Pas-de-Calais. Avec un chiffre d’affaires de 12,7 millions d’euros en 2013, 16 millions en 2014, la croissance de la PME nordiste semble aussi exponentielle que durable.