Innovation : le Nord-Pas-de-Calais peut mieux faire
Dans une étude récente, l'Insee révèle quelles sont les entreprises innovantes de la région. Une plongée dans son tissu économique qui permet d'observer les moteurs de cette innovation, au potentiel encore sous-exploité en Nord-Pas-de-Calais.
Un sondage national publié début décembre a interrogé les dirigeants de PME-ETI (CA de 15 à 500 millions d’euros) sur leur perception de l’innovation. Ainsi 67% d’entre eux estiment que les entreprises françaises restent innovantes, malgré un contexte économique défavorable.
Le premier frein perçu à l’innovation est l’environnement économique pour 88% des dirigeants, tandis que le manque d’aides publiques n’apparaît que pour 54% des entrepreneurs. Cette perception reflète assez fidèlement la réalité, au niveau national mais aussi régional.
Les accélérateurs de l’innovation. De 2010 à 2012, près d’une PME sur deux a été innovante en Nord-Pas-de-Calais. Cependant ce taux d’innovation reste inférieur aux autres régions de France. Mais qu’entend-on par innovation ?
Il s’agit de sa définition la plus large, englobant les innovations technologiques (développement de nouveaux produits ou procédés) ou non technologiques (organisationnel ou marketing). Toutes dépendent de nombreux facteurs : taille de l’entreprise, secteur d’activité, taux d’investissement et d’exportation, etc.
La taille de la société a une réelle influence : plus la structure est importante, plus elle aura des facilités à innover. Ainsi, en 2012, près de 68% des structures nordistes de plus de 50 salariés sont innovantes, contre seulement 43% pour celles de 10 à 20 salariés. Des secteurs sont plus porteurs que d’autres, celui de l’information et de la communication en tête. A noter que les sociétés ayant déjà innové ont une propension plus grande à le faire à nouveau : deux tiers des entreprises qui innovaient entre 2006 et 2008 le font aussi en 2012.
Au-delà de ces critères, on peut supposer que les contraintes de crédit et la réduction de leurs possibilités d’autofinancement, dues à une conjoncture difficile, ont pu limiter la capacité des PME à innover pendant la récession. D’où l’utilité d’envisager des partenariats pour innover, sous des formes diverses.
Quelles innovations et avec qui ? L’innovation peut adopter de nombreux visages, mais celles dites “d’organisation” sont les plus prisées avec 31% des entreprises régionales s’y essayant. Pour un quart d’entre elles, il s’agit plus exactement de l’innovation du travail et de la répartition des responsabilités entre les salariés.
Mais mener une innovation seule peut s’avérer ardue, c’est pourquoi plus d’une entreprise technologiquement innovante sur deux a eu recours à au moins un mode de financement public, une part moindre que la moyenne en province. Comment l’expliquer ? L’Insee, s’appuyant sur l’enquête CIS3, met en avant une tendance à moins solliciter l’intervention publique et la complexité des démarches à mener. Mais lorsque les pouvoirs publics sont mobilisés, c’est le crédit d’impôt recherche qui est de loin le plus fréquemment perçu par les entreprises régionales technologiquement innovantes.
D’autres partenaires de valeurs peuvent être sollicités. Près d’un tiers des entreprises régionales technologiquement innovantes ont instauré une coopération active avec d’autres unités ou organismes. Une grande partie (plus de 60%) a été réalisée avec des partenaires de proximité dans la région ou en Picardie, comme par exemple le fournisseur. Près de la moitié des entreprises déclare avoir mis en œuvre une coopération avec l’un d’entre eux. Enfin, le monde de la recherche peut être un associé, puisque plus de 30% des entreprises innovantes déclarent collaborer avec des centres universitaires.
Néanmoins, l’étude de l’Insee souligne que des capacités d’innovations dans les PME régionales sont inexploitées et, pour les mobiliser, qu’elles pourraient solliciter davantage d’aides publiques.
1. “Innovation en Nord-Pas-de-Calais : des capacités à exploiter” − Insee analyses Nord-Pas-de-Calais n° 8 − octobre 2014.
2. Etude menée à l’occasion du 41eObservatoire Banque palatine des PME-ETI OpinionWay & Challenges − décembre 2014.
3. L’enquête européenne sur l’innovation CIS est organisée par Eurostat simultanément dans toute l’Europe tous les deux ans. Elle porte sur la période 2008-2010 et couvre le champ des sociétés actives de 10 salariés ou plus implantées en France (métropole et DOM). Tous les Etats membres de l’Union européenne ont l’obligation de fournir des données à la Commission européenne sur les activités d’innovation (réglementation EC 995/2012). Le questionnaire de l’enquête CIS 2012 a été envoyé par voie électronique ou postale à un échantillon d’environ 22 300 sociétés.