Inauguration du réseau de chaleur biomasse
Ségolène Royal, ministre de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer, en charge des Relations internationales sur le climat, n’a pas caché son plaisir d’inaugurer le réseau de chaleur biomasse de la communauté urbaine d’Arras (CUA) à Arras. Également occasion unique de procéder à une visite rapide du quartier de la Citadelle avant d’y signer deux conventions "Villes respirables en 5 ans" et un avenant opérationnel «Territoires à énergie positive pour la croissance verte», qui honorent l’implication de la CUA dans la transition énergétique.
La CUA disposait de deux réseaux de chaleur : le réseau Saint-Pol (Arras-Ouest) et le réseau Atria (Centre européen des affaires), atout qu’elle a souhaité faire évoluer pour mettre à la disposition du plus grand nombre une chaleur à la fois compétitive et écologique, d’où le projet d’extension du réseau de chaleur et la construction d’une chaufferie biomasse, un programme ambitieux à la mesure de l’engagement de la CUA dans la transition énergétique.
Un peu d’histoire. En juillet 1990, la Ville d’Arras confiait l’exploitation et l’entretien du réseau de chaleur d’Arras-Ouest à la Compagnie générale de chauffe (devenue Dalkia en 1998) à travers un contrat de délégation de service public (DSP) concessif pour une durée de 24 ans. Le réseau de chauffage urbain, d’abord centré sur les quartiers et regroupant principalement des logements collectifs du patrimoine social du bailleur Pas-de-Calais Habitat, a été étendu ensuite pour desservir le Centre hospitalier, la ZAC des Bonnettes et le secteur de l’Hippodrome (limitrophe de Dainville). En 2011, par arrêté préfectoral, la CUA obtient la compétence du soutien aux actions de maîtrise de la demande d’énergie, y compris pour la création, la gestion et l’aménagement des réseaux de chaleur nouveaux avec reprise des installations gérées jusqu’alors par les communes. Dans ce cadre, une procédure d’appel d’offres ayant pour objet la passation d’une nouvelle convention DSP concessif a été lancée par la CUA au printemps 2013. Par délibération du 19 décembre 2013, la CUA retenait le projet de Dalkia.
Le projet Dalkia. La CUA souhaitait reconduire le contrat de concession des réseaux Arras-Ouest et Atria en inscrivant le projet dans une démarche respectueuse de l’environnement intégrant une énergie renouvelable à plus de 50%, ainsi que raccorder le site de la citadelle d’Arras (classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2008) et le réseau Atria.
Le projet retenu dans le cadre de l’appel d’offres s’articule autour de la création d’une chaufferie biomasse de 15,5 MW composée de trois chaudières à haut rendement (3,5 MW, 2 x 6 MW) implantée sur un terrain de la CUA situé près de la zone commerciale de Dainville.
Le développement du réseau vers la citadelle, le centre-ville et vers l’Atria, pour ne faire qu’un seul réseau communautaire, représente une extension de 10 km de réseau enterré qui porte à 20,690 km le linéaire total et permet de desservir 77 abonnés parmi lesquels la Ville d’Arras (écoles, crèches, piscine Daullé, etc.), le Centre hospitalier d’Arras, la clinique des Bonnettes, les logements de Pas-de-Calais Habitat, différents bâtiments du Conseil départemental tels que les collèges (soit 7 200 équivalents logements) et, à terme, 105 abonnés. La création de 42 nouvelles sous-stations viennent s’ajouter aux 57 existantes et la puissance souscrite totale à terme est de 50 MW pour 85 376 MWh.
Cette nouvelle installation utilise le bois (plaquettes forestières provenant d’un rayon de 150 km) à hauteur de 55%, et à terme de 70%. Elle s’appuie sur les meilleures techniques disponibles de façon à neutraliser au maximum son impact environnemental. Le projet technique s’est accompagné d’un programme important de travaux qui, démarré en juillet 2015, s’est achevé en octobre. Ce chantier a représenté un investissement total de 15 M€ et a bénéficié d’une subvention de l’ADEME via le Fonds chaleur pour un montant de 4,9 M€.
Les principaux atouts du projet. Le bois est une énergie renouvelable qui permet donc de diminuer les émissions de gaz à effet de serre (CO2) et de contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique. En termes de rejets de dioxyde de carbone (CO2), la combustion du bois est considérée comme neutre. Pour le réseau de chaleur de la CUA, ce seront 10 000 tonnes de CO2 évitées par an.
Un autre bénéfice environnemental est l’entretien du patrimoine forestier. En effet, la production de plaquettes forestières destinées aux chaufferies permet de mettre en place une sylviculture plus systématique grâce à un débouché régulier des coupes d’éclaircies précoces, nettoyages, coupes d’amélioration et des cloisonnements sylvicoles. Par ailleurs, l’utilisation de bois énergie se traduit par une sollicitation renforcée de la filière bois locale.
L’installation va contribuer à la création et à la pérennisation d’emplois locaux et non délocalisables, notamment grâce au développement de nouveaux débouchés pour la filière. Tous les acteurs de cette filière sont concernés : exploitation forestière, logistique, plate-forme de préparation, etc. Le bois énergie crée deux à quatre fois plus d’emplois que le fioul ou le gaz pour la même quantité d’énergie consommée. L’ADEME estime que 1 000 tonnes de bois consommées correspondent à un emploi à temps plein. Cette installation va ainsi permettre de créer 13 emplois directs ou indirects locaux pour cette filière bois énergie.
L’utilisation du bois permet une réduction relative de la facture énergétique et une certaine stabilité économique : application d’une TVA à 5,5% sur la partie combustible du fait de l’utilisation de plus de 50% d’énergie renouvelable, affranchissement des cours mondiaux du pétrole et des tensions géopolitiques, stabilité des prix du combustible, augmentation de l’indépendance énergétique en recourant à une énergie disponible localement et affranchie des contraintes d’approvisionnement des combustibles fossiles. Le côté vertueux de l’installation n’a pas échappé à la ministre, ni aux différents acteurs présents à cette mise en chauffe.
Signature de deux conventions avec la CUA. L’implication forte de la CUA dans la transition énergétique personnalisée par son président, Philippe Rapeneau, par ailleurs vice-président du Conseil régional en charge du développement durable, de la troisième révolution industrielle et de la transition énergétique, s’est traduit par la signature officielle de deux conventions.
La CUA fait partie des 25 collectivités lauréates de l’appel à projets «Villes respirables en 5 ans» qui vise à faire émerger des «villes laboratoires» volontaires pour mettre en œuvre des mesures exemplaires pour la reconquête de la qualité de l’air afin de garantir un air sain dans un délai de 5 ans. Une aide d’1 M€ est prévue pour neuf actions. Sont déjà réalisées une Citadine convertie à l’électrique (1,4 M€, dont aide de 441 000€) et mise en location longue durée de vélos électriques : 100 déjà en location, 100 nouveaux et 50 vélos pour flottes d’entreprises (110 000€ pour les premiers achats, dont aide de 33 075€).
Sont à l’étude ou en cours les actions suivantes : modéliser la qualité de l’air à une échelle urbaine fine, étudier la faisabilité de la mise en œuvre d’une ou plusieurs zones de circulation restreinte (ZCR), étudier la mise en place d’unités de distribution d’énergie renouvelable mutualisées pour les bus et bennes à ordures ménagères, assurer une continuité des pistes et bandes cyclables, promouvoir des comportements vertueux des agents et élus de la CUA pendant les épisodes de pollution, encourager l’utilisation des modes de déplacements alternatifs à l’usage de la voiture individuelle, informer au quotidien les habitants sur la qualité de l’air, notamment pendant les épisodes de pollution.
Par ailleurs, un avenant opérationnel «Territoires à énergie positive pour la croissance verte» (TEPCV) avec 2 M€ pour dix actions. Il est déjà possible de citer trois actions concrètes pour 1,5 M€ : la poursuite de la réalisation de pistes cyclables (75 km d’ici 2030, soit 5 km par an) pour 788 000€ (aide 600 000€), une centrale de production photovoltaïque au marché aux bestiaux d’Arras (développer les énergies nouvelles et renouvelables pour aller vers un territoire autonome en énergie à l’horizon 2050) pour 1,25 M€ (aide 500 000€), rénovation énergétique de la salle Sainte-Claire à Arras (remplacer des menuiseries extérieures, les portes d’entrée et de sortie, raccorder la salle au réseau de chaleur de la CUA, installer sur la toiture des panneaux photovoltaïques, éclairer la salle de sport avec un éclairage led) pour 827 000€ (aide 387 000€). La ministre était en terrain conquis et n’a pas manqué d’exprimer sa satisfaction.