Inauguration de l’Anneau de mémoire
La région Nord-Pas-de-Calais vient de s'offrir un nouvel outil de développement de tourisme. L'Anneau de la mémoire, le plus grand monument du monde sur la Grande Guerre, est un mémorial sur lequel sont inscrits les noms des 580 000 soldats tombés en Nord-Pas-de-Calais. Il a été inauguré par François Hollande ce 11 novembre.
La région Nord-Pas-de-Calais et plus particulièrement les collines de l’Artois ont été le théâtre d’affrontements violents et meurtriers pendant le premier conflit mondial. Entre 1914 et 1915, ce sont les Français et les Allemands qui s’y sont affrontés, rejoints en 1916 par les Britanniques. Ce front de 90 kilomètres de large a cependant longtemps été éclipsé par les champs de bataille particulièrement meurtriers de Verdun et d’Ypres.
C’était sans compter sur la volonté de la Région Nord-Pas-de-Calais de poursuivre sur la voie du tourisme de mémoire. «A Lorette, sur la colline qui domine le bassin minier, près de 30 000 hommes ont péri», rappelle Yves Le Maner, historien chercheur, spécialiste de la Grande Guerre.
La colline de Notre-Dame-de-Lorette est, après la guerre, devenu un sanctuaire concentrant l’ensemble des cimetières provisoires du front. «C’est le plus grand cimetière militaire en France», poursuit Yves Le Maner.
Il faut rappeler qu’en 1918, la France était complètement détruite. Le Nord est le département le plus ravagé avec un montant de réparation estimé à 30 milliards de francs. Le Pas-de-Calais est le troisième département le plus touché, juste après l’Aisne, avec un montant estimé de 13 milliards de francs.
Huit millions d’euros. En 2011, lorsque l’Etat et la Région signent un partenariat prioritaire par rapport à l’organisation du centenaire de la Première Guerre mondiale, il a été décidé de créer sur la nécropole de Notre-Dame-de-Lorette le plus grand mémorial du monde.
Pour mener à bien ce projet, l’Etat a cédé 2,2 hectares de terrain pour l’installation de ce monument. Celui-ci rend hommage aux 580 000 hommes morts sur les champs de bataille du Nord-Pas-de-Calais (294 000 Britanniques, 174 000 Allemands, 106 000 Français, mais aussi des Portugais, des Belges, des Russes…), rassemblés par ordre alphabétique, sans distinction de nationalité, d’ethnie ou de religion. L’Etat, la Région, le département du Nord et la communauté d’agglomération de Lens-Liévin (CALL) ont investi 8 millions d’euros sur ce projet imaginé par l’architecte Philippe Prost.
380 mètres de périmètre, création d’une police spécifique pour la gravure des noms des soldats : l’Anneau de la mémoire est impressionnant. «C’est une chose rare pour un architecte de travailler sur un monument. Je l’ai traité comme un projet de la paix qui rassemble», souligne-t-il.
Contrairement à ce qui se fait habituellement dans le domaine, Philippe Prost a imaginé ce monument dans l’horizontalité. Il s’intègre parfaitement sur le plateau de Lorette : «J’ai fait le choix de matériaux différents à l’intérieur et l’extérieur de l’anneau. De l’inox teinté à l’intérieur, avec des plaques de 3 mètres de haut sur 90 centimètres de large sur lesquelles sont gravés les noms. Du béton noir à l’extérieur, qui contraste avec les pierres blanches de l’ossuaire .»
Philippe Prost a relevé un défi tant architectural que technique en réalisant un monument qui semble être en lévitation sur la pente de la colline. L’ouvrage, qui est une première mondiale, a été réalisé par Eiffage TP.
Tourisme de mémoire. Neuf mois auront été nécessaires pour réaliser l’Anneau qui est la première pièce de ce qui deviendra un haut lieu de mémoire en région. D’ici quelques mois, le Centre d’interprétation de la Grande Guerre viendra en effet compléter le dispositif. D’ailleurs, «les fiches utilisées pour identifier les noms des soldats morts en Artois y seront consultables», souligne Yves Le Maner.
Notre-Dame-de-Lorette et le Centre d’interprétation seront les pierres angulaires d’un dispositif touristique en cours de développement par le CRT. «Depuis cinq ans, il travaille sur le tourisme de mémoire et sur le projet des chemins de mémoire, afin de proposer plusieurs itinéraires aux visiteurs qui viendront fouler l’Artois», conclut l’historien chercheur.
Avec le monument canadien de Vimy, les carrières Wellington et la nécropole de Notre-Dame-de-Lorette, petit à petit le tourisme de mémoire devient le nouvel atout économique du territoire.