Immigration: Darmanin épingle le "canyon" entre le "monde médiatico-parisien" et le "pays réel"

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a dénoncé jeudi le "canyon" existant selon lui entre le "monde médiatico-parisien" et le "pays réel" au sujet de l'immigration, après l'adoption du controversé...

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin le 20 décembre 2023 à Paris © Ludovic MARIN
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin le 20 décembre 2023 à Paris © Ludovic MARIN

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a dénoncé jeudi le "canyon" existant selon lui entre le "monde médiatico-parisien" et le "pays réel" au sujet de l'immigration, après l'adoption du controversé projet de loi porté par le gouvernement.

"Dans le Nord, je suis dans le pays réel", a déclaré le ministre, en marge d'une réception à Beauvau d'agents du nouvel Office de lutte contre les violences faites aux mineurs.

"Je ne suis pas issu des beaux quartiers de Paris où on regarde les choses de loin", a développé M. Darmanin. "Entre ce que les gens disent à Tourcoing (ville dont il a été maire et où il est toujours élu) et les commentaires que l'on entend dans certains milieux, ce n'est pas un fossé avec le peuple, c'est un canyon", a-t-il ajouté, en pointant le "décalage énorme" du "monde médiatico-parisien".

"Le populisme d'extrême droite a de beaux jours devant lui", a commenté sur X (ex-Twitter) Olivier Faure, première secrétaire du PS, voyant dans l'allusion au "pays réel" une référence aux thèses de l'écrivain nationaliste et antisémite Charles Maurras, qui opposait le pays "réel" au pays "légal", à ses yeux illégitime.

"La gauche, ça ne peut pas être la gauche sans le peuple", a ajouté M. Darmanin. "La gauche elle est à Tourcoing, ville socialiste pendant 50 ans et qui votait, avant que j'en sois élu, pour le RN".

"Sur le régalien, les gens de gauche, du peuple, sont pour la fermeté parce qu'ils n'ont que l'Etat pour les protéger", a-t-il estimé.

Le "PS fait aujourd'hui 2% à l'élection présidentielle", a-t-il moqué, alors que l'ancien président socialiste François Hollande a jugé mercredi que son successeur Emmanuel Macron avait pris les "idées" de l'extrême droite avec ce texte. 

Avec l'adoption de ce projet de loi, "j'ai le sentiment du devoir accompli", a ajouté M. Darmanin.

"Nous avons obtenu un texte avant la fin de l'année, sans 49.3, dans une assemblée à majorité relative et sans les voix du RN", a-t-il poursuivi, soutenant que le projet de loi aurait été adopté même sans les voix du parti de Marine Le Pen (RN), qui a voté pour. "C'était très dur, très risqué, mais c'est fait. La politique, c'est l'endurance et l'opiniâtreté".

Il a annoncé qu'il réunirait dès le 4 janvier les préfets à Beauvau "pour commencer à appliquer le texte", notamment en ce qui concerne les "mesures de régularisation". Le gouvernement insiste depuis mardi sur les "10.000 régularisations" annuelles que permettrait la nouvelle loi, une manière de mettre en avant une disposition "de gauche" dans un texte droitisé.

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