Ils cultivent en solidaire…
Maraîchers bio installés depuis un an et demi à Croismare dans le Lunévillois, Marie et Lionel Berthou incarnent, avec leurs Jardins de l’Arbre Vert, les véritables valeurs de l’économie solidaire où le profit ultime n’est pas une fin ensoi. Une nouvelle façon d’aborder l’économie mise en avant, notamment, à l’occasion des futurs Trophées de l’économie solidaire du Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle fin novembre, et sans aucun doute une des solutions pour redonner réellement du sens à notre société ultra consommatrice en perdition.
Une centaine de variétés de légumes sur près d’1,2 hectare d’exploitation. Sous les quelque 500 m² de serre, des tomates d’un goût exceptionnel attendent leur pleine maturité. Bienvenue aux Jardins de l’Arbre Vert, une exploitation maraîchère bio, juste à l’entrée de Croismare dans un ancien corps de ferme du Lunévillois. À leur tête, Marie et Lionel Berthou, deux anciens professionnels des espaces verts, qui ont décidé de donner un sens à leur vie professionnelle et personnelle en refusant le diktat de la course à laproductivité au profit de l’excellence. «Il fallait que l’on sorte de ce système productiviste ! Dans le dernier grand groupe qui m’employait, je ne faisais plus réellement mon métier», assure Lionel aujourd’hui visiblement serein et heureux de s’épanouir au milieu de ses cultures bio. Dans la région parisienne puis en Alsace pendant près de dix ans, «nos expériences et carrières professionnelles nous ont permis de réfléchir sur notre mode de vie et surtout sur celui que nous souhaitons donner à nos enfants.» Donner un sens et non plus subir un système aux antipodes de leurs convictions.
Création d’une Amap
Comme bon nombre aujourd’hui, le couple se lance et trouve dans la culture maraichère l’occasion de concilier les deux et de donner un sens à leur existence professionnelle. En 2015, ils reprennent la ferme familiale des parents de Marie et la transforment totalement. Terminé l’élevage de vaches et de moutons, place aux légumes et demain aux fruits, une cinquantaine d’arbres fruitiers ont été plantés. De la vente directe au consommateur sous forme de paniers à la demande et selon le rendement des parcelles s’affichent comme leur fil rouge en matière de commercialisation de leurs produits. «Le consommateur cherche aujourd’hui du local. Il veut réellement savoir ce qu’il mange.» Particuliers, mais également quelques restaurants locaux et pourquoi pas demain la restauration collective, demeurent les cibles principales du couple Berthou. «Il faut trois ans pour commencer à réellement vivre de notre activité», assure Lionel qui est bien conscient qu’il faudra du temps. Avec Marie, il compte créer rapidement une Amap (Association de maintien de l’agriculture paysanne) afin d’ancrer le principe de circuits courts tout en sensibilisant les esprits avec laparticipation d’autres producteurs et éleveurs. Une aventure humaine sociale et solidaire qui n’attend qu’à réellement porter ses fruits.
emmanuel.varrier