Il trace sa route
Charles Valence vient tout juste de souffler ses vingt-six bougies et pourtant, il a déjà vécu plusieurs vies. Sportif de haut niveau, ses espoirs de gloire et de podiums s’envolent alors qu’il n’a que quinze ans. Ce coup du sort va lui faire changer de voie et surtout prendre la route. Routier dans un premier temps, exploitant transport aujourd’hui chez Martin Brower à Custines, il a décidé de reprendre le volant, le temps d’un concours.
Comme dit le proverbe, il ne faut pas se fier aux apparences ! Charles Valence en est l’exemple. Son physique est loin d’être aussi impressionnant que celui de Teddy Riner, pourtant d’un coup d’épaule il peut nous mettre au tapis. À quinze ans, il se voyait, non pas tout en haut de l’affiche comme chante un autre Charles, mais sur la plus haute marche du podium. Le destin en a décidé autrement. Élève de troisième en sport-études à Metz, section judo, il s’imagine champion ou entraîneur, lorsque son dos cède brutalement. «Les médecins ont été clairs : soit je me faisais opérer soit je risquais de finir en fauteuil roulant» raconte-t-il. La décision est vite prise mais le réveil est brutal. «Je savais que le haut niveau pour moi, c’était déjà terminé», ajoute-t-il sans regret dans la voix.
Les sages conseils d’une mère
Ses ambitions réduites à néant, Charles Valence erre comme une âme en peine une fois revenu dans le cocon familial dans les Vosges. C’est sa mère qui sans le vouloir va redonner du sens à sa vie. «Elle m’a envoyé chez mon parrain, grumier, pour m’occuper l’esprit» se souvient Charles. L’adolescent de 16 ans découvre un univers qui le fascine. À la rentrée, il abandonne la filière générale et décide de passer un BEP conduite et services dans le transport routier à Gérardmer. Il passe tous ses permis et décroche son diplôme haut la main tout en travaillant le samedi et les vacances chez son oncle. Il ne s’arrête pas en si bon chemin et enchaîne les diplômes jusqu’à la licence responsable de production transports logistiques à l’ISTELI à Nancy.
Fier d’être routier
À l’évidence, à cette époque, et aujourd’hui encore, Charles Valence est habité par la même soif de réussite que lorsqu’il était champion de judo. «Quoi que je fasse, et cela a été le cas pendant mes études, je veux être le premier, le meilleur» explique-t-il. Un vieux reste de sport-études sans doute… Le sport le rattrape d’ailleurs très vite. Il reprend le judo pour passer sa ceinture noire. «Il me la fallait. Je ne pouvais pas rester sur un échec» affirme-t-il. Charles le paie cash, ses broches se brisent. Il décide alors de se consacrer à la route et à ses études. En juin 2016, alors qu’il participe à un job-dating à l’ISTELI, il est choisi par plusieurs transporteurs. Il opte pour Martin Brower car «le feeling est bien passé». Depuis Charles Valence, ex-routier, aujourd’hui exploitant transport, gère une quinzaine de conducteurs, les plannings et… les imprévus. Il a malgré tout choisi de reprendre la route pour représenter son entreprise au concours du Meilleur Routier de France. D’ici le 21 juin, jour de la finale grande région, il n’est pas sûr d’avoir le temps de s’entraîner. Mais Charles Valence pourra compter sur son amour de la compétition et son passé de champion pour défendre ses chances jusqu’au bout avec, comme toujours, l’amour de la gagne.