Hors de la "bulle" olympique, les urgences sous tension, comme tous les étés

La "bulle" des Jeux olympiques peut masquer les difficultés par endroits mais comme chaque été la situation est tendue dans les services d'urgence des hôpitaux, avec de nombreuses mesures de régulation voire...

La "bulle" des Jeux olympiques peut masquer les difficultés par endroits mais comme chaque été la situation est tendue dans les services d'urgence des hôpitaux © Damien MEYER
La "bulle" des Jeux olympiques peut masquer les difficultés par endroits mais comme chaque été la situation est tendue dans les services d'urgence des hôpitaux © Damien MEYER

La "bulle" des Jeux olympiques peut masquer les difficultés par endroits mais comme chaque été la situation est tendue dans les services d'urgence des hôpitaux, avec de nombreuses mesures de régulation voire de fermeture annoncées à travers la France.

Un peu partout, la presse régionale relate les difficultés des hôpitaux à assurer un fonctionnement fluide de leurs services d'urgence, du fait notamment d'un manque d'effectifs endémique mais qui devient criant en période de vacances.

"Décès, jusqu'à soixante-dix heures d'attente... Un été tendu aux urgences du CHU de Nantes", écrivait cette semaine le quotidien Ouest-France.

"Au moins 340 lits sont fermés administrativement faute de personnel", dénonce le syndicat FO de cet établissement, s'inquiétant de "nombreux signes d'épuisement" parmi les hospitaliers.

Le Dauphiné Libéré évoque de son côté un "combat quotidien" dans les hôpitaux en Isère pour l'ouverture des urgences l'été.

Temps d'attente interminables, mesures de régulation (pas d'accès aux urgences sans appel préalable du 15) voire fermetures pures et simples du service: les problèmes touchent tout le territoire.

"On a cette bulle des Jeux olympiques qui surplombe tout et efface les difficultés", mais "si on regarde la situation des hôpitaux on se rend compte que la situation est au moins égale, voire pire que celle de 2023", a dit à l'AFP le docteur Marc Noizet, président du syndicat de médecins urgentistes Samu Urgences de France.

En Ile-de-France et dans les autres endroits accueillant des épreuves olympiques, admet-il, "le travail a été fait pour qu'il y ait des ressources suffisantes". 

"Mais dans tout le reste du territoire, les services sont encore et toujours en grande souffrance", avec des "fermetures perlées", décrit le médecin.

"Partout on identifie de vraies zones de grande fragilité", déplore-t-il. Et cela touche "de gros établissements, comme le CHU de Metz, aux prises avec des difficultés encore pires que l'année dernière".  

Dans l'ouest, le CHU de Caen a connu de gros problèmes d'engorgement de ses urgences à la mi-juillet, avec dépôt d'un préavis de grève - inopérant car suivi de réquisitions immédiates - par les médecins du service.

Pas entendable

"Actuellement, le service fonctionne avec 30 % de l'effectif théorique", expliquait Florian Michel, un des médecins des urgences du CHU, sur France 3 Normandie.

Le CHU de Rennes a pour sa part prévenu que ses urgences, comme celles de deux cliniques privées de l'agglomération, ne seraient plus accessibles qu'après avis du 15, entre le 9 et le 18 août. Une première pour ce grand hôpital régional. 

Le cas de Rennes illustre un phénomène dénoncé par le Dr Noizet, avec des services d'urgences d'hôpitaux privés "qui se donnent la possibilité de fermer" faute de soignants, en reportant la charge sur l'hôpital public. "C'est nouveau et ça n'est pas entendable".

Pour le président de Samu Urgences de France, les Agences régionales de santé (ARS) doivent prendre le taureau par les cornes et imposer "une gestion plus efficace des ressources" au niveau de chaque territoire.

Selon une enquête publiée en juillet par la Drees, le service statistique des ministères sociaux, la France comptait mi-2023 719 services d'urgence, qui avaient reçu le jour de l'enquête entre 10 et 290 patients. 

"Dans un contexte récurrent de manque de personnel", 54 de ces services d'urgence (8%) "ont dû fermer complètement au moins une fois entre mi-mars et mi-juin 2023", dont 23 contraints de fermer en journée et non pas seulement la nuit.

Les régions Pays de la Loire, Occitanie et Auvergne-Rhône-Alpes "sont les plus concernées" par ces épisodes de fermeture complète, qui ont touché, pour la moitié d'entre eux, les plus petits services (moins de 40 patients par jour en moyenne), notait l'étude.  

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