Horizon dégagé pour la moule de bouchot des deux Caps
L'avenir de la moule de bouchot en baie de Wissant était menacé depuis l'annulation par le tribunal administratif de Lille, le 29 décembre 2011, du précédent arrêté de renouvellement de la concession. Heureusement, après une enquête publique, le préfet du Pas-de-Calais a donné son feu vert.
La mytiliculture est installée à Audinghen et Tardinghen, entre Blanc-Nez et Gris-Nez, depuis le 22 septembre 1983. Le concessionnaire, depuis avril 2002, est la SCEA La Bouchot des deux Caps, une société civile d’exploitation agricole rachetée en 2012 par la SARL Mytilimer de Cancale, actuel leader national de la commercialisation des moules de bouchots (10 000 tonnes par an, soit 15 à 20 millions de portions). Elle fait partie intégrante du paysage touristique du site des Caps. Pourtant, le renouvellement de la concession avait été annulé par le tribunal administratif de Lille, car aucune enquête publique n’avait été réalisée alors que la loi Bouchardeau l’exigeait. Le plaignant − le maire de Tardinghen − estimait que cette cette concession (10 000 pieux en partie immergés) était dangereuse pour les baigneurs et les adeptes de sports nautiques. Faute de balisage, les pieux n’étaient pas visibles lorsqu’ils étaient immergés.
Une nouvelle demande d’autorisation d’exploitation a donc été suivie d’une enquête publique. Le commissaire-enquêteur, Peggy Carton, qui a recueilli 187 observations du 24 juin au 24 juillet 2013, a émis un avis favorable le 12 août. La zone est effectivement sensible, puisqu’elle est située au cœur ou en lisière du site classé des deux Caps, de deux sites Natura 2000, d’une Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) et de propriétés du Conservatoire du Littoral.
Une moule labellisée. L’entreprise produit une seule espèce de moule, la mytilus edulis, qui bénéficie d’une marque collective contrôlée. “Seule une moule élevée sur des pieux verticaux plantés de manière ordonnée et découvrant tout ou partie dans la limite de plus basses mers, sur des concessions autorisées à cet usage et durant une période minimale de six mois, précisent les textes, bénéficient lu label ‘moule de bouchot’.” Engagée dans la démarche qualité “Saveur en’or”, la société est fière d’arborer depuis 2010 la certification en agriculture biologique : la bouchot des deux Caps est la première moule de bouchot bio de France.
Les bouchots s’étalent sur 5 000 m linéaires, sur une concession de dix hectares (10 carrés de 100 m sur 100) sur l’estran de la baie de Wissant (dont 70% sur le seul territoire d’Audinghen). Le concessionnaire envisage de porter son outil de production au maximum autorisé (12 500 pieux) et passer ainsi de 350 à 400 tonnes par an. La diversité des opérations à réaliser étant diverses, l’activité sur le site est quasiment constante toute l’année, et les salariés interviennent chaque jour, parfois même sur les deux basses mers de la journée. L’entreprise emploie trois salariés permanents, plus deux saisonniers lors des marées à vives eaux et compte jusqu’à dix salariés en période d’ensemencement (de juin à septembre).